des montagnes de questions (écho du pas de calais)

Par où commencer? La cité 3 de Ferfay? Cet instituteur fou qui nous brisait des ardoises sur la tête? Le club de football de la cité? Les voyages à la mer en autobus? A Dunkerque? A Merlimont? A Berck? A Cucq? A Stella? A Bray Dunes? A Calais? Ou la piscine découverte de Lillers, tous les après midi pendant toutes les longues vacances d’été? Les moissons dans les champs de blé au pied du terril de n°3 ? Les pommes de terre qu’on allait ramasser pour le fermier à Ames en septembre? Les énormes tas de betteraves (d’octobre à janvier) dins l’ cour d’el fosse sur lesquels on allait jouer à la guerre (on faisait des trous  dans les tas de betteraves pour s’y cacher et on se balançaient des queues de betteraves d’un trou à l’autre)? Mon entrée en sixième au lycée d’Auchel? Mon père qui vient au conseil de classe et qui me dit, je ne dis rien j’acoute? La ducasse de Ferfay? Le bal de la ducasse autour du 15 août? La cité qu’il était question de détruire pour nous reloger à Noeux les Mines? La ligne de chemin de fer abandonnée entre Auchel et Lillers? Le terril du numéro 2 de Ferfay? Le lycée d’Auchel (mes frères et soeurs étaient tous allés au lycée de Lillers) de la sixième à la terminale? Le café théâtre de l’Abattoir à Lillers? Ma mobylette orange avec des clignotants et un feu stop? Georgette Boulet? Janine Lesur? Miriane et Abel? Céline et Aristide? Pascale Lecocq? Janick Merlin? Daniel Maréchal? Joseph Libessart et son frère José? Michel Atzori? Katy Roussel? Le bruit des crampons des chaussures de football sur la route en béton (construite par les allemands pendant la guerre) qui menait du café, chez Paulette qui nous servait de vestiaire jusqu’au terrain? Le bus tous les matins pour aller au lycée? Nos bulletins scolaires qu’on allait montrer à l’instituteur tandis qu’on était déjà au lycée et qui nous insultait? Monsieur Lejeune, le surveillant général du lycée d’Auchel? Madame Loubet, la professeur de mathématique en quatrième? Le lycée Carnot à Bruay où je voulais faire une formation technique, en seconde T (Mais ma mère ne voulait pas. Je me souviens, elle disait, moi je veux que tu continues l’école. Je ne comprenais pas)? Mes études d’allemand, jamais terminées? Göttingen? Les pigeons de mon père? Lucien Suel? La patience de Mauricette de Lucien Suel? la Mort d’un Jardinier de Lucien Suel? Indignation de Philippe Roth? Les Années d’Annie Ernaux ?

résister c'est créer

C’est les vacances. On le dit sur le répondeur de la compagnie. On dit qu’on n’est pas là pendant toute la semaine mais qu’en cas d’urgence on peut appeler Maggie qui laisse son numéro de téléphone personnel sur le répondeur. On a enregistré cette annonce sur le répondeur vendredi dernier. Mais dans la manipulation du téléphone on s’est trompé de fonction. On s’en est aperçu très vite. On était en réunion et quelqu’un a appelé. Le téléphone s’est mis en mode conférence. Et la personne entendait tout ce qu’on se disait. Sans qu’on le sache. C’était Stéphane de Culture Commune qui est venu nous prévenir tout de suite. Heureusement qu’on était en train de travailler sur le planning et qu’on ne parlait pas des gens. On se sent un peu ridicule dans ce genre de situation. Après coup.

Ricardo Montserrat est venu spécialement de Bretagne pour voir les Atomics qu’il a beaucoup aimé. On a parlé du livre de Stéphane Hessel, Indignez vous qu’on venait d’acheter. Ce livre raconte comment on est en train de perdre petit à petit tout ce que le conseil national de la résistance avait réussi à mettre en place après la guerre pour plus de justice et d’égalité entre les hommes et qui disparaît jour après jour quand on voit comment on traite les étrangers, les sans papiers, les exilés, comment le marché impose sa loi aux dépens des peuples pour le profit de quelques uns, comment partout des régimes oligarchiques  gouvernent aux destinées du plus grand nombre. Résister c’est créer, dit Stéphane Hessel. Quand on pense à ce député qui la semaine dernière s’en prenait à la terre, au terroir, au sang, à la tradition pour définir l’identité française comme le faisait ce qu’on appelait la droite révolutionnaire qui a permis à la collaboration nazie de s’installer en France, ça fait froid dans le dos. Et ça légitime toujours un peu plus le Front National dans la tête des gens.

R. Montserrat nous a parlé d’un livre de Philippe Roth qu’on est en train de lire avec beaucoup d’intérêt et beaucoup de plaisir, Indignation. Il nous a dit, c’est mieux encore que le livre de Stéphane Hessel. On se dit de toute manière que si c’est Ricardo Montserrat qui nous  l’a conseillé, alors c’est forcément bien. C’est un livre qu’on dévore et qu’on aura fini avant ce soir. « Indignez vous ». « Indignation ». Bourdieu disait, si la réalité sociale m’est supportable c’est parce que je peux m’indigner. 

surtout pas politique

M’est revenu à l’esprit le spectacle que j’ai vu la semaine dernière à Lamballe qui précédait le colloque sur l’adolescence, Chatroom. Le spectacle parle d’un adolescent qui veut se suicider, encouragé à le faire par d’autres adolescents avec qui ils discutent sur internet. J’avais un peu oublié ce spectacle et combien ça m’avait bouleversé au point que je voulais monter sur scène pour dire qu’on pouvait peut être voir les choses autrement… J’avais l’impression de non assistance à personne en danger et je pensais bêtement  à tous ces spectateurs qui entendaient dire des choses pareilles. Pour plus de la moitié, des jeunes gens. Parce que pendant tout le temps du spectacle on est en empathie totale avec le jeune garçon qui raconte sa douleur et son impossibilité de vivre. Quelle vision trash de l’adolescence! Cela ouvrait d’une certaine manière la journée de colloque. J’en ai discuté un peu avec la metteure en scène le lendemain matin. Je lui ai dit combien j’étais bouleversé, que le acteurs jouaient formidablement bien. Je n’arrivais pas cependant à sortir de ma colère.  Pendant le spectacle, je me suis retrouvé dans une situation de complète impuissance. Dans la consommation d’un spectacle qui me touchait au plus profond de ma sensibilité sans pouvoir agir. On utilise souvent cette expression aujourd’hui mais je n’en trouve pas d’autre, j’ai cette impression d’avoir été pris en otage par l’histoire qu’on me racontait. Pendant le colloque on a peu reparlé du spectacle.

Je crois que pendant le spectacle je ne faisais plus la différence entre la vie et la fiction. Comme ce spectateur, un jour, à la fin de la double inconstance de Marivaux qu’on avait monté au Ballatum qui criait au voleur! au voleur! et puis ensuite qui disait il a volé l’amour… Il parlait du spectacle en criant. Très en colère. J’ai vu le spectacle du CNAC dimanche après midi. C’était plus calme et plus joyeux.

Je devrais retourner plus souvent au spectacle puisque maintenant je confonds la réalité et la fiction. Je me suis souvenu aussi d’un spectacle de Castelluci où je m’étais demandé pourquoi des artistes se complaisent dans le mortifère. Dans Chatroom au delà de l’histoire des adolescents, il y a un puissant désir de mettre la mort en scène. Et une attirance.  Comme chez Castelluci. Une certaine vision nihiliste du monde. On pourrait dire surtout pas politique… Parfois atroce et intolérable(chez Castelluci). J’ai pensé au métier de vivre de Pavese. On peut toujours fermer un livre. Au théâtre c’est plus difficile.

réunion

C’est les vacances. Hier on a appelé l’hippodrome de Douai pour voir comment on pourrait faire quelque chose ensemble avec la comédie de Béthune et Culture Commune. Comment ils pourraient ensemble organiser plusieurs représentations des Atomics. On a prévu de tourner les Atomics à partir de janvier ou février l’année prochaine. Et puis on a revu dans le détail l’organisation des journées de l’adolescence au Grand Bleu. Et puis je suis allé avec ma voiture au garage. Faut que je m’en achète une autre. Celle là va me lâcher. Et faut que je m’achète un téléphone portable perso. Je ne peux pas continuer à passer indifféremment tous mes coups de fil sur le téléphone de la compagnie.

Je gagne trois mille euros (net) par mois. Je suis permanent de la compagnie. Je n’ai pas le statut d’intermittent. C’est moins précaire. Même si on n’est jamais sûr de ce que va devenir la compagnie. Même si ça bosse fort pour que ça tourne au mieux. Il y a trois salariés permanents à la compagnie et beaucoup d’intermittents qui travaillent régulièrement pour la compagnie. Et une stagiaire (qui fait pour tout dire le travail d’un salarié).

Martine qui travaille avec la compagnie depuis des années, depuis le Ballatum est à la retraite depuis le mois de nov. Elle a été obligée de prendre sa retraite parce qu’elle était intermittente et que les assedic ne payent plus quand on atteint l’âge de la retraite. Quand on a été intermittent, ce sont uniquement les heures travaillées qui sont pris en compte pour le calcul de la retraite. Pas ce qu’on a touché des assedic. Alors le montant de la retraite est très bas, même pour une intermittente qui a travaillé toute sa vie. Martine continue à travailler. Elle est partie faire une mise en scène à la Réunion.

il l'a mal pris

Donc avec les jeunes à Lille au Grand Bleu on va faire des groupes de paroles. Au lieu d’Inventaires. On va reprendre les notes qu’on a prises pendant le premier stage avec le Pavé pour bien organiser tout ça. Comment faire en sorte que tout le monde puisse prendre la parole? Peut être faudrait il aller sur le plateau des Millevaches faire une formation avec l’association Pivoine à l’ entraînement mental! Si c’est possible, dans le calendrier de nos activités multiples et variées? Aller sur entrainementmental.net pour se préparer! Bon, ce serait juste aussi qu’on retourne faire une formation avec le Pavé! (et aussi on a prévu des cours d’économie marxiste avant d’aller faire nos portraits de village). L’entraînement mental est une notion qui vient de la résistance.  Les résistants se demandaient comment on pouvait mener une attaque avec le plus de clairvoyance possible. Ils allaient partout dans le maquis pour expliquer comment il fallait s’y prendre. Avec le Pavé on a abordé plein de sujets concernant l’éducation populaire, qu’il faudrait absolument qu’on creuse. C’est pour ça qu’on s’est dit que pour le Grand Bleu, on allait reprendre l’action qu’on avait menée avec Anthony et Annaig du Pavé dans les rues de Lens, les porteurs de paroles. On rédige une question sur un grand carton qu’on pose par terre. Est ce que l’école est égalitaire? Par exemple! Et puis on écrit sur d’autres cartons tout autour ce que les jeunes en pensent. Des cartons de toutes les couleurs. On va regarder où ça se trouve le plateau des mille vaches! Hier il y avait une grande réunion à la Fabrique pour parler de la culture et du développement durable avec Jean François Caron, le maire de Loos en Gohelle et plein de maires du secteur. Dont le maire d’Hénin Beaumont qui a parlé de la Veillée qu’on fait fin juin à Hénin Beaumont. Hier j’ai vu le médecin, il m’a dit qu’il fallait que je me repose. J’ai dit, faut choisir entre se reposer et être libre. Il l’a très mal pris.

les journées de l'adolescence

Maggie et Anne Charlotte ont assuré hier comme c’est pas permis. De Loos en Gohelle à Wattrelos, puis Lille au lycée Jean Monet puis réunion et repérage au Grand Bleu pour nos interventions fin avril. Pour les journées de l’adolescence au Grand Bleu. Chapeau!

On voulait reprendre Inventaires une lecture spectacle qu’on avait crée au théâtre du Prato pour l’inauguration de la nouvelle salle du Prato à Lille-Moulins mais après discussion hier, il faut qu’on donne plus de place aux adolescents. On va remplacer Inventaires par des groupes de paroles. On va répartir la centaine de lycéens présents chaque jour en petits groupes d’une dizaine de personnes. En fin d’après midi après avoir participé à toutes les activités qu’on aura proposées dans l’après midi, on passera une heure ou plus à parler en petits groupes avant la diffusion du film-spectacle, le retour sur... des quatre lycées, Béhal, Van der Meersch, Zola et Monet. Tout va bien.

Hier j’entendais dire que l’ascenseur social ne fonctionne plus. L’école ne permet pas aux jeunes de grimper dans l’échelle sociale. Parce que c’est trop cher. Parce qu’elle stigmatise les jeunes issus des classes populaires. Rien de nouveau sous le soleil. Rien de surprenant non plus à ce que cela s’aggrave en période de crise économique et de cynisme politique. N’a t on pas dit qu’on régulerait le capitalisme pour éviter les abus, les indécences et qu’on abolirait les paradis fiscaux… F. Lepage disait que vouloir réguler le capitalisme, c’est se retrouver dans la jungle devant un tigre affamé et lui dire, couché le tigre! La seule véritable alternative est de changer de système.

C’est décidé, on va revenir aux grands textes de théâtre. Qui ont fait la fortune du Ballatum théâtre: Tcheckov, Marivaux, Sophocle. On ne se mêle plus de politique. On se remet au théâtre pour les mondains… On en serait bien incapable. On ne peut pas avoir fait tout ce chemin là pour rien. Même si parfois on a l’impression qu’on n’est pas allé bien loin. On a tout juste fait trois pas de côté. Fallait trouver un autre possible. On est pas allé bien loin. Oh! allez! C’est bon! basta! Au boulot! – Mais c’est cette fièvre, là, tout le temps…

beaux draps

Beaux Draps, c’est un spectacle que j’avais oublié. On l’avait joué à Avignon au café théâtre de la Tâche d’ Encre. On avait joué un mois. La comédienne qui jouait dans le spectacle était partie avant la fin des représentations. Je logeais au camping de la Barthelasse. C’était bien avant Liévin et tout le reste. Liévin, c’est des bons souvenirs. On est arrivé à Liévin juste avant Ivanov et On s’aimait trop pour se voir tous les jours. Mais après Help et Si tu me quittes est ce que je peux venir aussi? A Liévin on avait fait venir Le Grand Magasin qui avait présenté un spectacle qui s’appelait Exposition de fer blanc. On les a retrouvés plus tard à l’ouverture de la Fabrique. Au 11/19. A Lamballe, j’ai rencontré quelqu’un qui travaillait avec Yves Brulois et qui aujourd’hui est chargé de mission au conseil général des Côtes d’Armor. Yves Brulois avait fait la mise en scène de Chez Panique, le premier spectacle du Ballatum. Beaux Draps était le troisième spectacle du Ballatum. C’était une histoire d’amour pour deux personnages inspirée de Jean Luc Godard réécrite par D. Lemahieux et mise en scène par J. P Ringaert. La comédienne est partie avant la fin des représentations à Avignon. Je faisais la régie son et lumière dans un coin de la cuisine du restaurant. A Grenoble on avait joué Chez Panique dans un café théâtre qui venait d’ouvrir. On logeait dans une chambre au dessus du café. Je me souviens d’un stock énorme de bandes dessinées. En attendant de jouer le soir (on est resté là une dizaine de jours) on lisait des bandes dessinées. Faut savoir que Chez Panique était une histoire de piliers de bar et que pour faire vrai on buvait pour de vrai tous les soirs. Un jour à Avignon, alors qu’on jouait dans l’après midi en plein soleil j’ai perdu le fil des histoires qu’on racontait dans le spectacle. J’étais ivre. On a joué souvent dans le off à Avignon. La dernière fois c’était j’m’excuse avec Kader. Hassan R. nous a proposé de jouer Les Atomics au Mazouing en juillet de cette année mais on n’a pas suffisamment d’argent. Et faut qu’on pause un peu. La Veillée d’Hénin Beaumont se termine le premier juillet.

c'est pour toi que je fais ça

Maggie et Anne Charlotte font un énorme travail de préparation pour la suite des actions de la compagnie, au Grand Bleu, dans les villages… Hier midi, réunion au bureau sur l’organisation générale des semaines à venir. En particulier les journées avec les lycéens au Grand Bleu. Deux cents élèves par jour… On doit structurer ça très précisément. Et équilibrer équitablement nos interventions. Proposer la participation des lycéens à certaines interventions et donner à voir le parcours de la compagnie. Et puis faire le retour sur... des quatre instantanés de Lens, Roubaix, Wattrelos, Lille. Le Centre National des Arts d Cirque de Châlons en Champagne fête ses vingt cinq ans. On est allé voir le spectacle de la promotion sortante à la Villette. On avait fait la mise en scène d’un spectacle d’une sortie de promotion en 1997, C’est pour toi que je fais ça!. Cette année là on a fait aussi Quoi? L’éternité. C’est l’année où on s’est séparé d’E.L. Et démissionné du C.D.N de Caen. Une année violente dont on a cru ne jamais se relever. Alors qu’en quittant E.L on avait pensé l’inverse, qu’on connaîtrait la liberté de faire ce qu’on voulait. Qu’on pouvait bien tout quitter puisqu’on avait eu ce qu’on voulait… Sauf que ça ne se passe pas comme ça. Dans la vraie vie. On était rongé par le remords même si on était sûr d’avoir bien fait. Autrement dit, se croire plus fort ou plus malin qu’on ne l’est en vérité. Et on avait appelé le spectacle, C’est pour toi que je fais ça! Par la suite on est retourné très souvent au CNAC. On y a fait des stages, des formations, des spectacles encore.

un jour

Ecrire comme une jalousie du réel A. Ernaux. Un jour Didier avec qui on travaille depuis très longtemps nous disait j’ai ramené un livre d’Annie Ernaux au Ballatum et personne ne s’y est vraiment intéressé. Et maintenant à HVDZ, on découvre Annie Ernaux comme si c’était une révélation. Je pense qu’à l’époque du Ballatum, je ne voulais plus entendre parler du milieu d’où je venais. On faisait du théâtre. On était loin des considérations sociales, politiques et sociologiques. J’ étais parti dans ma tête loin des cités ouvrières. Ou du moins je le croyais. Un jour, j’ai emmené E.L, mon acolyte du Ballatum,  sur le terril de la cité 3 à Ferfay. Je luis disais, d’ici on voit les monts des Flandres, le mont Cassel, le mont Rouge, le mont des Cats, le mont Noir. Il m’avait répondu je ne sais plus quoi mais toujours est il que je me suis dit ce jour là que plus jamais je ne le ramènerai à Ferfay. A la cité 3. Numéro 3, comme on disait. Dire que pendant des années je suis allé passer des vacances dans sa maison de campagne dans les Cévennes. J’avais peur de rien. Je ne me rendais même pas compte que plus j’allais, plus je m’enfonçais, plus j’étais ridicule, plus j’allais en souffrir. Qui aurait pu me dire? Je n’avais qu’à écouter Didier et lire Annie Ernaux. Cette nuit j’ai fait un rêve, on jouait les Atomics dans un lycée et je ne retrouvais personne. Tout était fermé à clé. A la fin du rêve, j’étais dans une pharmacie. A Roubaix.

lamballe

Difficile de parler de l’adolescence avec des spécialistes de l’adolescence. Enfin on nous a  demandé de parler de notre expérience dans les lycées. Des Instantanés. On n’allait pas faire de théorie sur l’adolescence. Heureusement on avait préparé un petit film: un extrait de l’Instantané de Béhal à Lens; ça donne des idées. On pourrait faire le film d’un Instantané. Comme on avait essayé de le faire au cours d’un stage avec les Chantiers Nomades. On voulait faire un film d’une Veillée. On avait réalisé une autre fiction. Là il s’agirait de l’histoire d’un Instantané. Du moment où on arrive dans un lycée jusqu’à la représentation. Et puis on s’est dit aussi qu’on pourrait écrire l’ histoire depuis l’arrivée d’HVDZ au 11/19 jusqu’aux Instantanés. C’est la seule façon qu’on a trouvé de parler du sujet, l’adolescence et la culture; raconter comment on en est arrivé aux Instantanés. Tout dire. Liévin, Tcheckov, le Ballatum, Caen, les terrils, les corons, le cirque, Culture Commune, Lille 2004, les Veillées, Eric de la DRAC, les Instantanés, l’adolescence. Et le plaisir fou de faire les Instantanés. Dans les collèges et les lycées. Dire qu’on en avait marre de l’art pour l’art. On se demandait comment faire ce métier en se disant qu’on pourrait servir à quelque chose. Se mettre au service des autres. Maintenant faut quitter Lamballe.