nos horizons

Repartis chacun vers nos horizons respectifs après avoir joué encore dimanche soir. Les habitants du quartier étaient là en nombre, ceux qui ont participé et puis d’autres. On a eu de très bon retours. Les gens nous ont dit être contents de voir que leurs doutes et leurs inquiétudes (concernant les transformations du quartier et du carreau) avaient une place dans le film. Qu’on s’était fait l’écho du positif comme du négatif. Un portrait, un instant dans la vie du quartier, une semaine. On repassera, les uns les autres, au fil de nos visites parisiennes, voir ce que devient le carreau. On ne regardera plus le quartier comme avant, c’est sûr, et on aura toujours une pensée pour ce qu’on a reçu ici, des belles histoires, les momies égyptiennes, les sabres coréens, les plumes et le foot, les caramels au lait de chèvre, l’architecture, le collier corail de madame Modiano, la douce voix de monsieur Kolinka et le gâteau au fromage, la cantine de la rue des vertus et l’accueil si généreux des agents de service, les discussions de fond avec l’OMS3, la salade au stick de mozzarella au café du coin, l’humour des agents de sécurité, et tout..

pti poisson

Hier soir, on a joué dans l’immense lieu du carreau, la grande halle. La soirée était un peu labyrinthique, pour nous comme pour le public, et cet immense lieu tout découpé a perdu un peu tout le monde.
On a essayé de passer entre les gouttes, essayé de jouer malgré tout, essayé de recréer des conditions correctes pour le public, que les gens puissent voir, et entendre, mais ça n’a pas été facile et tout ne dépend pas de nous. Difficile de lutter contre le courant quand on est un tout pti poisson.

Plusieurs d’entre nous se sont glissé, ensuite dans la soirée Voguing. On y a découvert un monde fait d’humour, de talents, d’autodérision on ne peut plus sérieuse, un monde de paillettes en papier mâché où la mode, le corps, le genre, la danse, le carnaval y sont revus et corrigés. On a ri et savouré. Malheureusement, ce moment là aussi était payant (et cher) et cela a sans doute laissé bien du monde à la porte. On y a vu, dans le public, bien peu de gens du quartier, mais quand même, quelques uns étaient là et sont restés jusqu’au bout, avec le sourire…

Corps de porcs, corps aux yeux de jersey, corps aux coutures structures, etc

Pendant ce temps, le temps où l’on s’agite pour trouver des solutions techniques, il y a déjà du public dans le lieu, au bar, à l’auditorium, et puis en bas, dans les sous sol où il y a les expos de l’école Duperré et des designer Smarin. Des matières et des formes. Des corps.
Corps de porcs, corps aux yeux de jersey, corps aux coutures-structures, corps imprimés de corps, alvéoles, lycra, or, poils, feutres, bois, etc.

ça va aller

On joue dans quatre heures et le montage de la scène n’est pas encore terminé. On n’a pas encore eu l’occasion de faire un filage en conditions réelles. Les bonnes nouvelles, c’est qu’on a des vidéo-projecteurs puissants pour compenser la lumière du jour de cette grande nef ouverte, et puis qu’on a trouvé une solution pour les écrans, surélevés dans les hauteurs du carreau, pour être bien sûr que le public y voit quelque chose.
C’est pas les conditions habituelles, et même si on avait bien vu venir, ça n’a pas suffit, on doit régler mille problèmes techniques à la dernière minute. Mais ça va aller. On sera prêts.

évaluations

Au QG on a une longue discussion sur les outils de mesure socio-économiques. Sur comment on prend en compte comment on compte, comment on quantifie une richesse culturelle. Ce qu’apportent les pratiques culturelles au monde dans lequel on vit, comment en faire le bilan ?
Avec les outils de mesure de l’économie ? (on entend dire depuis quelques temps, que la culture, en France, arrive devant le secteur de l’automobile en terme de production de richesses)
Ou bien avec des outils sensibles ?
A une autre échelle, on parle des grilles structurelles qui font qu’il est impossible aux gens, même très cultivés, de changer leurs critères d’évaluations… Conversation qui part de ce constat très concret : les gens qui rendent compte de notre travail n’arrivent que très rarement à intégrer le fait qu’il s’agit d’un travail collectif et que, concrètement, dans notre fonctionnement, les hiérarchies ont peu de poids. Les statuts sont brouillés. Qui ici est comédien, artiste, technicien ? Le véritable enjeu pour nous : faire ce que l’on a à faire avec les outils que l’on a, c’est à dire aller à la rencontre des populations et leur laisser la parole, le plus possible.