ça ne s'achève pas, ça s'interrompt

La représentation a eu lieu, le film dans la Veillée, la Veillée dans le film. Pour la première fois on a fait un entr’acte. Après le film de la première partie. On a vu du monde, plein de monde. Tous ces gens qu’on a  rencontrés au cours de nos aventures dans le quartier. Au cours de toutes nos actions artistiques, au cours du tournage. Et des gens qui venaient de plus loin. Pour d’autres de beaucoup plus loin. On a fait ce qu’on a dit. Enfin du moins on a tout fait pour. Hier c’était, j’allais dire comme un soir de Veillée. Des gens des quartiers du 11/19 et au delà. Plus de deux heures de spectacle. Comme le disait Nathalie dans la Veillée, rien ne s’achève, juste une interruption. Comme un écho à la Veillée précédente. On a fait ce qu’on a dit. Un moment important pour tout le monde. Après le spectacle, les acteurs qui avaient travaillé d’arrache pied toutes ces dernières journées et depuis trois semaines sont allés à la rencontre des gens des cités et d’amis qui nous attendaient autour du bar pour une conversation, une discussion, un échange. Trouver une suite parce que ça ne s’achève pas, ça s’interrompt…

rue de la liberté

Filage dans son entier cet après midi. Martine et Daniel n’ont pas dormi cette nuit, pour finir le montage du film à temps. Et le film est fini. On vient de le voir et on est tous très très émus. Et puis on a vu aussi la première du slam de Guillaume, avec Christelle au violoncelle. C’est beau tout ce que ces rencontres ont amené. Et puis de voir le résultat de tout ce travail, tous ensemble. On est nombreux sur cette veillée, vingt personnes. Mais une équipe si travailleuse et joyeuse que ça a été du plaisir tout le temps. Maintenant, on va bouillir d’impatience jusqu’à 19h. Jusqu’à ce que le public arrive.

Sur une musique de Radiohead

On a passé une bonne partie de la journée au plateau. Il nous a fallu raccourcir un peu la durée de la représentation. Nous avions plus de deux heures de spectacle que nous avons réduit à une heure cinquante. Nous avons fait beaucoup d’essais techniques. Monter et démonter les écrans. Et les transporter pour passer du cinéma à la Veillée. L’écran de cinéma nous a tous impressionné. A cause de la taille. La première partie du spectacle aura lieu devant l’écran. Le slam et le choeur des acteurs ainsi que la séquence du marché. Puis il y aura le film. Et on démarre la suite par une série de pas de porte sur une musique de Radiohead.

répétitions

Tous au plateau encore aujourd’hui. Sauf Martine et Daniel qui montent le film nuit et jour pour qu’il soit fin prêt demain. On pense sans arrêt à tous ces gens qu’on a rencontrés, qui nous ont confié leurs histoires. On espère que le spectacle leur ressemblera. Qu’ils s’y retrouveront. Si on pouvait rendre autant d’émotions qu’on a ressenti dans ces rencontres. Si on pouvait être aussi généreux.

Emilie écrit

Emilie écrit :
Premier jour de la dernière semaine.
Ce qui est le plus important, le plus bouleversant pour moi je crois, c’est ce regard enfin, exclusif et honnête qu’on nous fait porter sur le monde.
Le comédien est souvent tourné vers lui-même, vers son propre instrument, pour améliorer ses qualités, sa capacité à exprimer, retranscrire, reproduire, transmettre, articuler des choses, des textes, des personnages. Un stage est souvent l’occasion d’une nouvelle introspection : un bilan personnel et l’acquisition de nouvelles « compétences ». C’est une démarche indispensable mais qui porte toujours en soi ce risque d’enfermement.
Ici, on interroge, on écoute, on observe, on absorbe. On regarde. Le monde. Les gens. Le réel.
Regarder. Avec la plus grande attention, la plus grande générosité possible.
Tâcher d’entendre ce qui est dit. Derrière des mots quotidiens, parfois anodins. Toute une vie racontée dans le détail d’une heure, celle où on ne dort plus la nuit, ou celle où on a cru l’autre mort, ou celle encore où on prend la parole devant le cercueil de ses camarades.
Mettre sa propre émotion de côté. Ne pas se laisser entraîner dans ce tourbillon dangereux, sinon on risque d’être avalée toute crue !
Tâcher de voir. Comment chacun se raconte. Dans la parole, pudeur, audace, émotions qui s’échappent. Les petites respirations, les regards furtifs vers une photo, un objet, au moment de l’évocation d’un être, d’un événement. Toutes ces choses qui sont. Simplement.
Apprendre à ne plus se préoccuper de soi pour mieux comprendre ce qu’on fait là, comment le faire, pour qui.

techniciens-magiciens

Cet après midi, à la base, on a investit le plateau. Les techniciens de Culture Commune et d’ailleurs ont transformé en un rien de temps la salle d’expo de COAL, en salle de banquet, puis en salle de spectacle.
Donc on y est, pas de doute. On répète la séquence de texte en chorale. On règle les micros. On cherche, les entrées et sorties, la lumière, et tout. Ça approche à telle vitesse, la représentation de jeudi, qu’on se dit on est en retard. Qu’on se demande est-ce qu’on est en retard ?
Il y a de la matière, tellement de matière. Le film, les textes, les lecture et puis les textes appris, les interviews, les images, les paysages, les portraits, les rencontres et tout. Tellement de belles choses.