C’est pas parce que…

C’est pas parce qu’ on habite Fives qu’on a envie d’aller manger à Fives cail
C’est pas parce qu’ on habite à Fives qu’on est ouvrier
C’est pas parce qu’on habite a Fives qu’on fait des fêtes
C’est pas parce qu’on fait des fêtes qu’on habite à Fives
C’est pas parce qu’on est une camanette qu’on a envie de parler aux caméras
C’est pas parce qu’on habite rue Pierre Legrand qu’on est obligé d’ouvrir un kebab
C’est pas parce qu’on fait du foot qu’on s’intéresse pas à la culture
C’est pas parce qu’on s’intéresse à la culture qu’on fait du footing
C’est pas parce qu’on est bio que ce qu’on mange est bon
C’est pas parce qu’on connaît Fives qu’on connaît Les Peupliers
C’est pas parce qu’on joue Godot qu’on connaît le Vaucluse
C’est pas parce qu’on connait la rue Pierre Legrand qu’on connait la rue de Lannoy
C’est pas parce qu’on s’appelle Delplace qu’on habite dans le centre
C’est pas parce que l’on fait du foot qu’on n’a pas envie d’aller voir du théâtre
C’est pas parce qu’on a traversé des étapes difficiles dans sa vie qu’on n’est plus joyeux
C’est pas parce qu’on aime les bêtes qu’on aime les gens
C’est pas parce qu’on aime les gens qu’on aime les bêtes
C’est pas parce qu’on est à côté de la route qu’on ne peut pas développer une forêt-jardin

 

 

 

Le saviez-vous?

  • Fives Cail s’appelait à l’origine l’usine de Fives
  • C’est un ancien général belge accompagné d’un français qui a acheté le terrain pour construire l’usine
  • Il y avait des fortifications à Fives avant son développement industriel
  • le nom « Mont de Terre » est lié à la construction de ligne de train Lille-Paris et surtout de la gare de Fives. Les travaux ont fait qu’il y avait un mont de terre à cet endroit…
  • banlieue, ça veut dire « soumise au banc »
  • En 1800, Fives comptait 800 habitants, 100 ans après 19000…
  • Il y a une carte du monde sous le pied de la statue de la demoiselle de Fives place Degeyter.

Monsieur Duhermel

 

Duhermel, en breton ça veut dire « fils d’Armel ». Mais le Monsieur Duhermel que nous avons rencontré n’est pas breton pour un sou. Il est descendant de flamand, à l’époque où des bretons se sont installés aux Pays-Bas pour l’expansion de leur commerce. Monsieur Duhermel est né dans le Vieux-Lille, a habité à Villeneuve d’Ascq avant de finalement arriver à Fives à la mort de sa femme. Et il a beaucoup de choses à nous raconter.

Il nous reçoit dans un appartement de la rue de la Gaité. Le couloir de l’entrée est recouvert d’assiettes décoratives en porcelaine, souvenir de divers évènements et villes françaises. Des tableaux d’Alexandre Desrousseaux (« Le p’tit quinquin », « L’canchon Dormoire »), des vieux gramophones et autres phonographes, des tableaux. Et surtout, il est « amoureux de sa ville ». Alors, quand il est arrivé à Fives, il est allé à la mairie pour demander ce qu’il pouvait faire, lui qui savait seulement lire et écrire (les activités manuelles, c’est pas trop son truc). On lui a dit que s’il le souhaitait, il pouvait s’intéresser à l’histoire de Fives. C’est comme ça qu’il a commencé sa longue immersion dans les entrailles de la mémoire fivoise. Aujourd’hui, 21 classeurs trônent dans une armoire vitrée. 21 classeurs qui retracent l’histoire de Fives de 1100 à aujourd’hui. 1104, c’est le moment de la construction du prieuré, autour duquel va se construire les premières habitations. Fives a la réputation d’avoir « une eau qui combattait les fièvres ». Pour ce qui est de l’origine du nom du quartier, apparemment les avis divergent. « Fives ça vient de l’anglais… Non mais… ça c’est une idée de maboule ». Pour Monsieur Duhermel, Fives ça vient de « fief », la donation qui appartient au seigneur.

(ça c’est une gravure de Fives y’a bien longtemps, dans les années 1100 et quelques)

Parmi les grands évènements qui ont marqué le quartier, il nous cite le grand développement industriel. Une catastrophe selon lui, « je maintiens ». En 1803, il y avait 956 habitants à Fives. 100 ans plus tard, il y en avait 35 000. Fives n’était plus l’endroit de verdure où il faisait bon venir se promener le dimanche après-midi 2/3 siècles auparavant. Beaucoup d’entreprises textiles avant que l’usine de Fives n’ouvre ses portes. A ce moment, Fives est redevenu un quartier annexé  à Lille, alors que quelques années plus tôt, après la révolution française, c’était devenu une ville à part entière. Et puis la première guerre mondiale, qui touche beaucoup d’usines et encore plus d’ouvriers. L’industrie fivoise a du mal à s’en remettre, elle se relève dans l’entre deux guerres et avant de prendre la seconde guerre mondiale de plein fouet.

Monsieur Duhermel nous dit que tout le monde n’est pas d’accord sur l’histoire de Fives, lui a sa propre version. Tout est recensé dans des classeurs qui condensent ces écrits, des archives, des photos d’époques et autres gravures. Il a même prévu de tout donner à la mairie de quartier à sa mort.

Il y a…

Il y a un chemin de fer
Il y a des hommes sensibles dans les jardins partagés
Il y a des choux de Bruxelles squatteurs
Il y a Joackim qui fait un jogging à 22H dans les rues de Fives
Il y a des chiens en platre
Il y a une mémoire ouvrière forte
Il y a des initiatives locales
Il y a des transitions, des nécessaires, des plus commerciales
Il y a des chats en nombre
Il y a le quartier des peupliers et le petit Maroc
Il y a une dame de 89 ans qui ne sait pas défaire toute seule son frein à main
Il y a des jeunes, des vieux, des familles, des étudiants, des chiens qui s’appellent Clochette
Il y a peu d’espaces verts
Il y a des immeubles jaunes où des artistes vivent dedans
Il y a des lieux réservés aux hommes et un lieu réservé aux femmes
Il y a Julien qui joue de la guitare mais qui est timide devant la caméra, c’est pour ça qu’il joue de la guitare
Il y a les repas participatifs d’EPHATA
Il y a plusieurs bornes V-Lille
Il y a les papillons blancs qui écrivent de la poésie à la médiathèque
Il y a le club de foot Marcel Duhoo : Fivois un jour, Fivois toujours!
Il y a des gens qui achètent encore des ponchos
Il y a de la musique, de la joie et des chants à KORZEAM
Il y a le marché de Fives le mercredi après-midi
Il y a des vieux monsieurs avec des histoires incroyables à l’EPHAD Les Camanettes
Il y a Vishnou qui veille sur nous
Il y a des voisins qui se prêtent des objets, des voisins qui réparent des objets
Il y a Richard qui a une bebar de Guedin
Il y a une forêt jardin, des artichauts, des chou-fleurs, des brocolis, des framboises, des groseilles…et des scoubidousbidous
Il y a plein de Kebabs rue Pierre Legrand
Il y a des cuivres, des tambours, des serpents et un oud le dimanche matin à l’Harmonie
Il y a de la poésie locale et des problèmes de stationnement
Il y a un couple de voisins du théâtre Massenet qui a 62 ans de mariage
Il y a Fives Cail
Il n’y a pas de cailles ou alors on ne les a pas vus
Il y a plusieurs écoles
Il y a de la vie