T'as oublié ta veste!

On a l’impression comme dit Flora dans les Atomics, qu’elle aurait pu s’arrêter à chaque Veillée. On aurait pu rester à Haubourdin au Centre social Le Parc, j’aurais pu travailler avec Nathalie, rire aux blagues de Renélien Vaut de l’Or, danser avec Audrey aux jeux pour enfants, compter les pièces avec Christelle. On aurait pu rester là toujours, mais déjà il faut partir, préparer Dunkerque qui commence lundi.

La présentation de l’extrait  film s’est bien passé, les gens sont contents et ça a donné plein d’idées pour continuer. Une dame dans le film parlant du développement durable explique qu’elle fabrique elle même ses produits d’entretien, tout de suite naît l’idée de faire un atelier avec elle, d’inviter les adhérents du centre social à participer, et puis ils vont monter un dossier pour affréter un bus afin que tous ceux qui le désirent puissent venir le 1er février à la Condition Publique à Roubaix assister à la représentation du film spectacle, où il y aura un montage des images faites à Pochéco et au centre. Et il y aura Camille, et Hassan et Mourad qui danseront pour le film spectacle.  Ce sera une veillée développement durable. Ce sera un mélange de toutes nos rencontres.

Merci Haubourdin, ça finit toujours d’une drôle de façon, on est sur le départ et on sait pas partir, on se dit au revoir (au plaisir de se revoir) plusieurs fois, les blagues fusent, on s’embrasse, et on se dit à bientôt au 1er février…

c'est l'heure du spectacle

On vient de voir arriver J. Dufresnes. Les jeunes du centre social l’appelle papy rap. Alors il a décidé de créer un groupe de rap. Il est venu pour voir le film. Le film spectacle de 16H30. Il nous dit, je vous préviens je viens pour rigoler. Le Cerrd travaille sur les modes de gestion des projets d’aménagement. Genre Eco Quartier. HQE n’a pas marché. Aujourd’hui, c’est basse consommation ou énergie positive ou passiv house. Maison qui produit plus d’énergie qu’elle n’en consomme. Ou maison excédentaire en énergie excédentaire. On jette un œil sur le prospectus du spectacle de Thomas Piasecki à Auchel. Julie dit je ne peux pas aller au spectacle à Auchel. Je n’ai pas de voiture. En bus, c’est inaccessible. Allez! pour l’instant, on va au spectacle du centre social! A Haubourdin!

on fait un petit spectacle dans deux heures au centre social

On se prépare pour la représentation. Et après on ramène le matériel à Loos en Gohelle avec la camionnette. Faut pas qu’on oublie une caméra au passage. Trois jours de travail dare dare s’achèvent. C’est bien de faire une petite présentation avant de partir. Avec une petite introduction de Julie du Cerdd et de nous. Histoire de dire qu’on a passé trois journées très agréables au centre social d’Haubourdin. Que les gens ont bien de la chance de travailler ici. Le centre social est un lieu de vie fantastique. On y rencontre des gens de tous les âges et de tous les pays. On y pratique mille activités, des plus éducatives ou sportives au plus artistiques. Voilà où nous a menés le DD (développement durable): au centre social du Parc à Haubourdin! Après l’usine Pocheco, le centre social d’Haubourdin! C’est que le début du voyage (Tous à Haubourdin!)… Avec Julie, Marie, Pierre du Cerdd (c’est eux qui tracent l’itinéraire), on va continuer l’exploration, continuer la rencontre, se demander encore et encore comment on pourrait faire pour changer de monde. Avec toutes les énergies et les forces créatrices qu’on rencontre ici, on devrait quand même réussir à se faire entendre. Faire entendre l’indignation. Et ce désir d’un monde égalitaire, plus juste, plus humain. Le DD, c’est bien sûr l’affaire de tous, mais faut pas oublier que les principaux responsables s’en mettent plein les poches au mépris de ceux qui crèvent de faim. Qui nous a fabriqué ce monde de consommation à outrance? 

le coeur au bord des lèvres

« Me matje edushumi esht dua pa matje », ça veut dire la mesure de l’amour c’est aimer sans mesure en albanais.

On est allé à l’atelier alphabétisation avec Didier. D’abord avec précaution on a offert une danse, enfin Hassan et Mourad ont offert une danse. Et puis intrigué par ces deux femmes, on a eu envie d’en savoir plus et Didier est parti chercher les citations.
Avec la professeur qui est là, et qui leur explique doucement, on essaye d’expliquer les citations. C’est beau comme elle explique « La neige sur l’eau, le silence sur le silence » : elle fait la neige avec ses mains qui tombe sur l’eau et elle dit : c’est beau la neige sur l’eau et c’est calme, elle dit la neige sur l’eau ça fait pas de bruit.
On a plaisir à la voir expliquer : « La mesure de l’amour c’est aimer sans mesure ». Elle dit : « Tu vois l’amour que tu portes à tes enfants, tu vois c’est énorme, tu vois la quantité d’amour que tu as pour tes enfants, c’est beaucoup, beaucoup, c’est tellement qu’on peut pas la mesurer. »
L’atelier d’alphabétisation regroupe des femmes de toutes nationalités : Joana est portugaise, Lang est vietnamienne, Echaïba est marocaine, Shazia est pakistanaise, et Hava et Suzana viennent du Kosovo. C’est avec Suzana et Hava qu’on échange. On se sent bien , on a envie de rester, de savoir pourquoi, quand elles sont arrivées, et pourquoi en France ? Hava est arrivée il y a 12 ans en France. Elle essaye d’apprendre le français depuis un an seulement. A la maison ils parlent albanais. Ils sont arrivés avec son mari et ses enfants juste à la fin de la guerre. Ses enfants avaient 10, 7, et 6 ans, alors ils sont allés à l’école et ont appris le français facilement. Mais ils ne lui apprennent pas, parce qu’à la maison on regarde la chaîne albanaise et on parle albanais. Elle est arrivée au centre social, à l’atelier alphabétisation pour rencontrer du monde, et sortir un peu de chez elle. Suzana, elle a une petite fille qui va à l’école et un bébé en route. C’est pour ça qu’ elle a envie de parler français. Suzana et Hava comprennent la langue, mais parler est difficile.
Didier demande à traduire la citation en albanais, on sort le dictionnaire, et c’est parti … c’est compliqué… pour l’amour par exemple, parce qu’en albanais, il y a plusieurs mots pour dire l’amour. Comme en polonais, on différencie l’amour aux gens et l’amour aux choses.
On sort de là très ému. Le coeur tendre d’un moment agréable avec elles.

Heurtebise

Ce matin, on continue les actions, avec Hassan, Mourad et Didier on est allé à Heurtebise, une antenne du Centre Social. On est toujours très bien accueilli et la directrice se prête au jeu du portrait chinois. Un prénom pour le Centre Social ? Jean-Claude nous dit elle, parce que c’est l’ancien président du centre qui m’a inculqué toutes les valeurs de solidarité, d’écoute. Ici on forme une équipe, on se sent bien. Nous aussi on se sent bien ici, et déjà ce soir on repart.
C’est toujours troublant, on s’attache, on se sent comme à la maison, et c’est déjà le moment de repartir. On est content, il devrait y avoir beaucoup de monde à la présentation de l’extrait cet après midi. En deux jours, on a rencontré énormément de monde, il faut dire que ça n’arrête pas de passer ici. Y’en a pour tous les âges, de la crèche à l’atelier senior. Hier soir, on est allé à la country, un peu surpris au départ, ils ont très vite accepté qu’ Hassan et Mourad interviennent.
« bonjour, on fait partie de la compagnie Hendrick Van Der Zee, on fait un portrait du centre social, dans le cadre d’un travail avec le CERDD, ce portrait, on le fait à partir de nos rencontres avec les gens. ça vous dérange pas si on intervient dans votre atelier ?  » Parfois au courant, parfois pas, on nous ouvre grands les bras.

haubourdin centre social Le Parc troisième jour

Haubourdin. Troisième jour. Brouillard. Cet après midi, on fait une petite représentation. A 16H30. Pour donner un aperçu aux gens du résultat, du film qui sera  projeté le 1 février 2012 à Roubaix à la Condition Publique dans le cadre du forum du Cerrd. On a un super commentaire sur un de nos précédents articles; ça fait plaisir! La dame dit qu’on devrait inscrire ce qu’on fait à l’agenda 21. Ça fait plaisir. Faut le dire quand ça fait plaisir! On est toujours en train de se poser cent mille questions sur ce qu’on fait, pourquoi on le fait, quel sens on doit donner à ce qu’on fait, et aussi pour qui on le fait. Dans quel but? Jamais oublié comment ça a démarré. On était à Loos en Gohelle, au milieu des cités ouvrières (où on est maintenant installé depuis plus de dix ans) et on s’est demandé à quoi là, au milieu des corons, en tant que compagnie de théâtre, on pourrait bien servir? Qu’est ce qu’on est bien au centre social d’Haubourdin! Ça vaut tous les théâtres.