C’est pas parce que – Lycée La Peupleraie à Sallaumines

C’est pas parce que tu prends le bus que tu marches pas droit
C’est pas parce que tu fais le cancre que t’es pas intelligent
C’est pas parce que y’a grève qu’on peut pas sécher
C’est pas parce que je suis nul en dessin que je peux pas dessiner
C’est pas parce qu’on est personne qu’on doit respecter ceux qui se prennent pour quelqu’un
C’est pas parce que je suis là que j’ai envie d’être là
C’est pas parce que je suis mineur que je peux pas voter
C’est pas parce que tu joues plus que le jeu s’arrête
C’est pas parce que les élèves ont des sacs qu’ils ont des cahiers
C’est pas parce que c’est pas toujours bon à la cantine qu’on peut pas y aller
C’est pas parce qu’on est en perm qu’on doit aller à la MDL
C’est pas parce que je snap ma journée que je suis Nasdas
C’est pas parce que je fais des virgules que je suis un joueur de foot
C’est pas parce qu’on va dans le coin fumeur qu’on fume
C’est pas parce que je suis en commerce que c’est l’orientation que je voulais
C’est pas parce qu’on est à Sallaumines qu’il y a des mauvaises personnes
C’est pas parce qu’on est à Sallaumines qu’on ne peut pas voyager
C’est pas parce qu’on est à Sallaumines qu’on n’a pas de projet
C’est pas parce que Sallaumines à une réputation qu’il faut l’écouter
C’est pas parce qu’on est à Sallaumines qu’on a pas choisi ce qu’on fait
C’est pas parce qu’on est à La Peupleraie qu’on ne choisit pas qui on est

Mots entendus après le film-spectacle

Maxime, un spectateur, qui est aussi dans le film-spectacle parce que nous l’avions rencontré à La Musette à Guesnain, et qu’il avait répondu devant la caméra à la question « si le Douaisis était une chanson, ce serait quoi »… Maxime, en sortant de la salle après le « Portrait », a dit :
« quand je vois tous ces gens qui s’impliquent pour aider les autres, je me sens égoïste. Je ne suis pas dans des associations mais à voir ces personnes qui s’engagent avec l’énergie et le sourire… je me dis que ça va changer ! »

répétitions dans l’après-midi

Le film-spectacle, le Portrait du Douaisis, c’est à 19h, dans la très belle salle du château de Bernicourt. Là, c’est l’après-midi, on répète, on passe les vidéos, on répète les danses, la chorégraphie des mains de Cathy, l’adage devant les interviews à l’Episol. On sait que le château de Bernicourt, à Roost-Warendin, c’est loin et pas facilement accessible. Mais on espère beaucoup voir du monde ce soir, et retrouver aussi, parmi les spectateurs, les personnes que nous avons rencontrées pendant toute la semaine.

 

Tomber !

La rencontre avec les personnes qui travaillent sur la précarité, qu’il s’agisse des épiceries solidaires, du secours populaire ou encore du secours catholique, nous plonge dans les réalités des parcours de vie. Les personnes précaires leur témoignent souvent « Ça fait du bien d’être écouté ! ». Cette écoute sans jugement est un premier besoin.
Ces humains qui accueillent les personnes en grande difficulté sont toujours étonnés par la fragilité des parcours de vie. « Ces personnes en précarité ont parfois un emploi, c’est absurde ! ». Et pourtant ! le reste à vivre est de moins de 10 euros par jour, par personne et par foyer. Ils nous expliquent leur surprise de la banalité d’une dégringolade : un divorce, la perte de leur emploi… Et parfois, il suffit de pas grand-chose, la perte d’un permis de conduire, un passage à la retraite pas raccord et des agios qui s’accroissent inexorablement.
Ces personnes qui accueillent, témoignent « Ces accidents de la vie sont rarement liés aux personnes, mais sont bien souvent causés par des dysfonctionnements de l’organisation de la société ».
La période du covid et l’inflation ont aggravé la situation.
Ces humains qui accueillent et nous accueillent sont souriants, rayonnants, chaleureux. Ils sont là où ils veulent être et font ce qu’ils ont à faire. Faire que des gens ne tombent pas, pour que notre société ne s’écroule pas !

La grève des mineurs de 1963

Cette grève des mineurs de 1963 n’a rien à voir avec l’alimentation ! Pourtant, au gré de nos rencontres, cette grande histoire nous est contée. Le courage, l’abnégation de ces mineurs qui ont souhaité conquérir leurs droits. Ces travailleurs qui ont milité pour une vie digne fait écho à cette société actuelle qui ne permet plus à des personnes avec un emploi de vivre dignement.

L’Histoire, ils nous la racontent pour nous dire la régression et la dégringolade du système social d’aujourd’hui. Les personnes en difficulté ne sont pas un chiffre, un simple constat, ce sont des Humains, des familles, des enfants, des réalités quotidiennes qui sont inacceptables dans un pays comme la France.

Alors, la grande histoire, ils nous la racontent comme un rappel, une alerte qui encourage à ne pas baisser les bras. Ils nous racontent la solidarité à l’échelle nationale pour que ces mineurs tiennent le coup d’une grève qui leur coute leur salaire, leur capacité à nourrir leurs enfants. On nous a raconté : « Imagine ! Ces mineurs ont mis leurs enfants dans des cars sans savoir où on les envoyait. Ils savaient seulement qu’ils seraient accueillis, bien nourrit par des familles non mineurs qui les soutenaient pour que eux tiennent le piquet de grève ! »

Une solidarité qui n’avait pas de frontière géographique, pas de frontière culturelle, pas de frontière sociale. Un élan de solidarité, un moment dans l’histoire où nombreux sont ceux qui ont souhaité créer un monde juste.

On lâche rien

Ça y est on a terminé les interviews
des jours intenses, ces jours où on est là – entièrement
Dans nos têtes sont ancrées les paroles les regards
Ce qu’on a vu
Ce qu’on a vécu

Il y a quelque chose là, dans les murs, dans la ville, dans les endroits dans lesquels on entre, les trottoirs qu’on arpente, les portes auxquelles on sonne
quelque chose qui résonne
Ici c’est la merde nous a dit quelqu’un
Mon quartier si c’était une chanson, ça serait les portes du pénitencier a dit un autre
Oui on va pas se mentir c’est pas tout le temps facile
et pourtant ici il y a beaucoup de sourires
Ici on regarde les choses en face
On regarde les gens dans les yeux
Ici on part pas
On s’accroche
Ici on lâche rien
Ici on peut pas lâcher
Ici
ici il y a celle qui a osé pousser la porte du local et c’était difficile la première fois et puis elle est restée
il y a celle qui n’arrivait plus à manger parce que c’était trop dur la solitude, et qui a remonté la pente, lentement
Il y a des gens qui font avec rien et c’est pas normal, en vrai c’est pas normal
Il y a celle qui a arrêté de travailler parce qu’elle préfère aider les autres, et si c’est pas reconnu eh bien tant pis
Il y a celui dont les parents voulaient qu’il fasse autre chose et il a repris l’activité même si c’était difficile
Il y a celle qui te dit que ce soir elle aimerait rentrer tôt mais en fait on parle encore ensemble sur le pas de porte parce que c’est passionnant, et qu’il y a tellement à apprendre
Et elle, qui te dit que bien sûr elle a aussi ses problèmes, que bien sûr elle ne compte pas ses heures mais que le soir elle dort bien, la conscience est tranquille et le corps fatigué
Il y a celles et ceux qui font les permanences, les dossiers, l’accueil, ça leur prend du temps mais ils ne s’imaginent pas ailleurs
et ils te disent faire autre chose pourquoi faire puisque c’est ici qu’il faut être

Il y a celles là, ceux là qui sont d’une justesse pas possible dans leur gestes leur regards leurs mots, qui te donnent des frissons rien qu’à les écouter
Et on aurait envie que tout le monde les connaisse, que tout le monde les entende parce qu’ils disent qu’il faut garder le sourire, et c’est pas une posture, parce qu’ils et elles l’ont, le sourire

Ceux là et celles là – en vrai c’est vous qui la tenez, la société qui se fissure de tout côté
C’est vous qui lâchez rien
c’est pas normal mais c’est comme ça

On lâche rien
On peut pas lâcher

ÉCOLE, seconde partie

Dans les Veillées, on fait des « protocoles ». Un protocole, c’est une action courte qu’on propose aux gens qu’on rencontre et qu’on filme. Pour permettre à tous et toutes de faire partie de notre film spectacle.
Ce matin, on propose aux élèves de Pascaline deux protocoles qu’on adore faire avec les enfants. « Godot » et « Les Bêtises ».

Les bêtises, ce sont celles faîtes en classe par les enfants. D’abord, il faut les écrire au tableau et choisir les meilleurs. Puis, on les rejoue à notre façon, avec les élèves et la maitresse. Bénédicte fait quelques fautes, heureusement que Pascaline a sa craie rouge pour corriger ça.

 

Isabelle à la colère. Dorothée à la caméra.

Godot, c’est un grand même de théâtre… Et de dispute ! Isabelle joue avec les enfants une scène de « En attendant Godot ». Pas facile de se mettre en colère sur commande, devant la maitresse et les copains. Pourtant, Isabelle est un bon modèle !

ÉCOLE, première partie

Le potager de l’école Denis Papin
Pour faire la soupe de potiron

À l’école Denis Papin, les enfants travaillent toute l’année autour de l’alimentation. La recette phare de l’année, c’est la soupe au Potiron ou au « Petit-ron », on ne sait pas toujours très bien. Ils nous disent qu’ils ont refait la recette à la maison, avec leurs familles.
Comme la cuisine, ça se partage, on vous transmet à notre tour la recette !
Pendant l’année, les élèves ont appris à classer les aliments par catégories, réfléchi à leurs aliments préférés, appris d’autres recettes, cuisiné en classe, fait des dégustations. À l’école, il y a même un potager. C’est encore un peu tôt, il faut patienter encore un peu pour récolter les premiers légumes de l’école.