mardi 20 avril 2010

On est allé sur le quartier du 11/19. On y a passé quelques heures. On a rencontré pas mal de gens. Il y a plein de nouvelles maisons un peu partout sur le quartier en direction de Lens comme en direction de Liévin. On connaît bien toutes ces rues là. On a rencontré des nouveaux habitants. On a donné des nouvelles de la compagnie, ce qu’on a fait depuis la dernière Veillée au 11/19 en sept. 09. On se dit qu’on est souvent parti et qu’on aimerait faire un travail plus en profondeur là où on est implanté depuis plus de dix ans. On y a beaucoup travaillé déjà. Mais chacun sent bien que ça n’est pas suffisant. Sur des bases d’éducation  populaire ou de libération populaire, on pourrait tout de même aller beaucoup plus loin. On se dit que parfois on se pose trop de questions et que si on veut des réponses, il faut aller rencontrer les gens et créer des groupes de paroles. On est sûr que c’est comme ça qu’on arrivera à aller de l’avant. Sur les questions culturelles, artistiques, politiques, humaines, personnelles… Aller sur le terrain. Prendre le temps. Questionner, échanger… Tout dans ce monde incline au repli sur soi, au doute, à la peur… Souvent on se dit sur les Veillées que les gens, les habitants sont beaucoup plus généreux, ouverts, accueillants que l’image du monde qu’on peut avoir à travers ce que colportent les grands médias. Alors hier on est allé sur la cité jardin du 11/19 et on a découvert une cité (qu’on connaît déjà bien). Quel plaisir de parcourir à nouveau ces rues!  Mais pourquoi on ne le fait pas plus souvent. De cette déambulation, de ce parcours, de ces rencontres sur le quartier on a ramené des solutions.  Pour le monde et chacun d’entre nous. De la clarté. Alors pourquoi se priver?

mardi 24 juin 2009

Olivier fait rire les gens, va savoir pourquoi, moi, je dis que c’est parce qu’on dirait un scandinave.
On a descendu la rue de la fosse et tourné dans la rue Saint Pierre.
Il faisait beau et chaud, et on a vu dans son jardin un homme à l’ouvrage, sa femme sur une chaise au soleil le regardait.
Ils nous ont dit qu’ils connaissent Culture Commune, et le site 11/19. En tout, il a fait 34 ans de fond. Il a travaillé en partie au 11/19, au 9 de Lens, et aussi à Avion. Il nous raconte qu’en tant qu’ancien mineur, il a été interviewé par Isabelle Demailly, au temps où elle récoltait la mémoire à Culture Commune. Ils sont tous les 2 en accord pour dire que c’est une fille charmante, et que chaque fois qu’elle est venue avec son équipe, qui filmait et enregistrait, ça s’est toujours bien passé, « 4 cassettes ils ont filmés ! » me dit – il. Il était syndiqué, et s’intéressait beaucoup aux problèmes de la sécurité au fond de la mine. Il est allé en Pologne du côté de Katowice, quand il nous raconte, il sourit, il dit que les Polonais se vantaient beaucoup d’être des pros en matière de sécurité. Et puis un jour, il visite une mine, là bas, ils descendent avec ses collègues dans un wagonnet, par hasard il passe la main au dessus, et il trouve caché des cigarettes et un briquet. « Ça vous fait rire visiblement ? » je lui dis.

« Oui ça me fait rire, si j’avais rien dit, il y aurait peut être eu une catastrophe, et j’aurais pu m’en vouloir, maintenant je peux en rire parce que la catastrophe c’est dans les bureaux qu’elle est arrivée. Les hauts placés, qui s’occupaient normalement de la sécurité, ils ont eu des gros, gros problèmes »

On lui a dit qu’on repasserait, en septembre, il a dit d’accord mais je ne suis pas toujours là.
Olivier lui a dit, on sera là 15 jours, ne vous inquiétez pas, et puis on passe tous les mardis !
Il dit c’est pas vrai, mardi dernier, je vous ai pas vu !

Alors on lui a expliqué, que mardi dernier, on menait un travail à la cité des cheminots, entre Méricourt, Sallaumines et Avion. On s’est quitté en  promettant de passer le bonjour à Isabelle, de leur part à tous les deux. MD

Mardi 02/06/09

Partir du 11/19, rejoindre la Place Lorraine et s’engager rue Toulouse Lautrec.
Rue Toulouse-Lautrec, les maisons font face aux terrils sans que rien n’en altére la vue. Bientôt, il y aura sans doute de nouveaux habitants car un chantier est en cours. Je regrette que les travaux ne soient pas suffisamment avancés pour trouver sur ce chantier des boîtes à lettres et y laisser notre tract « Le temps du 11/19 ». Je me dis que ça aurait pu être une manière de souhaiter la bienvenue aux personnes qui s’installeront là et qui n’arriveront que dans 3 mois, 6 mois, 1 an…
Sur le chemin, une jeune fille dessine au bord de sa maison. Le temps de lui parler de la compagnie, une feuille de dessin s’envole emportée par le vent. Je cours pour la rattraper et la rendre à cette dessinatrice en herbe pendant que j’explique notre démarche à son père qui me rejoint, la démarche de la compagnie HVDZ, celle des « Veillées ».
Plus loin trois jeunes discutent sur leurs vélos et m’écoutent avec une attention inégale mais déjà le rendez-vous est pris pour notre prochaine »Veillée du 11/19″ en septembre prochain.
Et puis il y a Julien qui sort furieux de sa maison après que j’ai déposé « le temps du 11/19 » dans sa boîte à lettres. Il me dit que je me suis trompé de boîte, que ce n’est pas du courrier, qu’il y a même pas de timbre et qu’il commence à en avoir ras-le-bol que sa boîte à lettre soit encombrée. Julien, c’est pas un petit bonhomme, « il a du caractère » comme il me dit. Je blémis mais prends le temps de lui expliquer. Julien, il connaît Culture Commune et Armelle qui y travaille. Il me dit « Ok après tout on s’en fout » en me reprenant des mains le papier et surtout « passe le bonjour à Armelle ».
Sur le retour, je regrette de ne pas avoir assez de tracts car il y a encore tant de boîtes à lettres et de personnes à rencontrer.
O.F.

Mardi 26/05/09

On est allé avec Olivier distribuer des tracts autour du 11/19. On a fait la première rue à gauche en sortant de la fabrique. J’avais froid et j’étais un peu malade, alors j’ai eu du mal à me mettre dedans. Mais on a commencé par mettre des infos dans les boîtes aux lettres et puis on a tapé aux portes. On a rencontré un homme qui connaît Culture Commune. Sa femme y a travaillé avant, il y a longtemps me dit – il, c’était à Aix Noulette.
Donc, cet homme, nous a raconté qu’il était en arrêt maladie, ses os se calcifient. Il nous dit : Comment s’est possible, je ne bois jamais d’eau ? Il conduit un camion de 16mètres. Le plus longtemps que j’ai fait c’est 21 heures d’affilées !
Je dis, c’est fou, comment vous faites ?
Il me dit, vous, vous restez bien dans un bureau ? bin moi ça je pourrais pas !
Je dis bin voui, mais moi j’y reste pas 21 heures de suite !
Son patron, il ne l’a qu’au téléphone et c’est très bien comme ça, tranquille, seul, dans son camion.
J’aime pas les gens dit – il, non c’est pas que j’aime pas les gens, j’aime pas comment ils sont ! Ils parlent toujours de la même chose, des sous… On a parlé longtemps.

On dit aux gens qu’on vient donner de nos nouvelles, et prendre des leurs. Ça  surprend parfois, et parfois le gens se mettent à parler, à raconter. Dans l’ensemble, on s’aperçoit que les gens connaissent ce qu’on fait, ou alors, ils connaissent Culture Commune, ils savent qu’aujourd’hui, sur l’ancien carreau de fosse, on y fait du théâtre. Et parce qu’il faisait froid, ce mardi, tout le monde nous souhaitait bon courage.
Après une heure on est rentré les yeux brillants et les joues rouges et tout échevelés a dit Sandrine. On était content d’être allé flâner dans le quartier  du 11/19. M.D

Mardi 19/05/09

Guy Alloucherie et Maggie Delèglise parcourent le quartier
2 visions d’un itinéraire

« On a fait un petit tour dans le quartier pour distribuer un petit tract, un texte où on raconte un peu ce qu’on a fait sur et autour du 11/19
et aussi ailleurs pendant l’année. On a commencé par le bas de l’Avenue de la Fosse. On a fait du porte à porte. On a déposé nos tracts
dans les boîtes aux lettres où il n’y avait personne. Dans la même rue d’un seul coup on a rencontré pleins de gens.
On a parlé longuement avec un homme qui revenait vivre en France après avoir vécu plus de quinze ans en Pologne.
Il a été opérateur au cinéma le Quentin à Lièvin pendant très longtemps après avoir travaillé 25 ans à la mine.
A la mort de sa femme, il y a 15 ou 17 ans, il est parti en Pologne, il avait 63 ans.
Et puis dernièrement il a quitté la Pologne pour revenir vivre en France. Il habite pour l’instant à Lens tout près du 11/19 chez sa nièce.
Il est en attente d’un petit appartement sur Lièvin qu’il compte avoir pour septembre. Il a 80 ans, et rentre en France définitivement.
On a longuement parlé de la Pologne. Quelques maisons plus loin on a croisé une dame à sa barrière qui nous a parlé du temps où elle était trieuse au trois de Lens. Elle dit : « je préférais travailler à la mine qu’a l’usine.
Je ne voulais pas aller travailler dans les filatures à Roubaix. C’était trop loin, et j’étais malade en autobus. »
Elle dit qu’avec son mari qui a travaillé sur le 11/19, qui était mineur souvent ils se rappellent le temps où ils ont commencé… « Tout était si différent ». Aujourd’hui dit elle, c’est « chacun pour soi »
A peine, on l’avait quittée qu’on a croisé une militante du front de gauche qui distribuait des tracts pour les européennes.
On a fait un échange de tracts. On s’est posé la question des différents partis de gauche qui ne font pas front commun.
Elle nous a dit : merci pour ce que vous faites. On a décidé qu’on irait tous les mardis dans le quartier qu’on passerait tous les mardis quelques heures dans le quartier à frapper aux portes à parler d’art, de culture, de politique, de vie. Dire qu’on est là, que la planète tourne et qu’elle est pas sensée tourner sans nous. » G.A

 » Au détour des rues entourant le 11 /19, avec Guy on a rencontré Jean.
Jean va avoir un appartement en septembre à Lièvin. Il dit qu’il vient de l’étranger, de Pologne. Jean revient de 17 ans passé en Pologne au sein de sa famille. Il a 80 ans et aime conduire vite. Il nous raconte des anecdotes de Pologne et qu’il travaillait au cinéma.
C’est extraordinaire ces rencontres, on se dit avec Guy qu’il faut laisser le temps de la rencontre.
Ce « temps de la rencontre » c’est juste les quelques secondes où l’on se regardent quand la personne ouvre la porte.
S’il y a une envie de parler, d’écouter, l’alchimie se fait et les langues se délient, et nous, on se régale.
Au n° 121, on est tombé sur une dame qui nous a dit le 19 je connais, j’y ai perdu mon père, mon frère, et mon mari y a travaillé.
Elle était trieuse, et ne regrette rien, elle dit, si c’était à refaire, je referais tout pareil. Guy lui dit, ce sont de bons souvenirs? Elle sourit, elle se met à rire, et elle dit « oh oui, avec mon mari, on en parle souvent, on était jeune et on faisait n’importe quoi ! »
Elle a l’impression que les jeunes oublient ce qui s’est passé là haut (à la fosse)qu’ils ramènent leur science mais qu’ils ne font plus attention …
« Il faut connaître son passé, pour ne pas être condamné à le revivre » c’est une phrase que j’ai lu à Auschwitz.
C’est vrai madame, et c’est pour ça qu’on fait ça, qu’on fait ce qu’on fait à la compagnie. On fait le travail de collecte de mémoire. On interviewe les gens, on prend tout ce qu’ils veulent bien nous donner et puis Guy et H.V.D.Z  ils en font de la matière à spectacle.
La rencontre est au coin de la rue, dit Guy.
On a passé beaucoup de temps avec Jean qui n’avait pas envie qu’on parte. Il vient de la Westphalie, comme mes grands parents. Mais il est né à Harnes. Jean a un accent polonais et il parle patois,c’est magnifique.
J’aurais pu l’écouter longtemps encore, parler des polonais et des files d’attentes où les français étaient prioritaires.
Il nous a dit qu’il amenait des gauloises, et qu’il les échangeait contre du saucisson. »
M.D