Il y a eu

Il y a eu Nadia dont la  voisine réussissait à lui faire laver les cages d’escaliers contre un bonbon. Il y a eu Maria et son accent qui roucoule.  Il y a eu Nordine, cinq ans, qui fait danser ses couleurs. Il y a eu les larmes de Jeanine. Il y a eu Bouchra qui est venue chercher la liberté. Il y a eu une lycéenne qui rêvait que son frère voulait la vendre en Tunisie, mais qui trouvait ça chelou parce que ce n’est pas dans les habitudes de son frère. Il y a eu cette autre lycéenne qui voudrait qu’on réadapte Antigone parce que l’histoire ne lui paraît plus crédible en 2012. Il y a eu Danièle qui ne fait pas du bénévolat par charité chrétienne. Il y a eu Hélène qui trouve qu’emmener ses élèves au théâtre c’est une sorte de militantisme. Il y a eu une première et une dernière. Il y a eu du bon thé à la menthe. Il y a eu tous les enfants repartis avec leur affiche de la veillée. Il y a eu Michelle, Michel, Ali, Ludivine, Jean-luc, Slimane, Laurent, Aurore, et toute l’équipe du théâtre. Il y a eu Anaïs. Il y a eu Almamy. Il y a eu certains d’entre nous qui n’arrivaient pas à partir. Il y a tout ça en nous maintenant.

Anaïs

C’est notre dernier soir, et ça sent la fin, on a très envie de jouer ce soir, de retrouver des visages connus, de sentir les réactions, de boire un coup après, mais il nous faut déjà dire au revoir à certains. On a dit au revoir à Anaïs. Anaïs nous a suivis depuis le début, elle venait d’arriver elle aussi, elle n’est au théâtre que pour quatre mois. Anaïs a découvert le quartier en même temps que nous, et, tout de suite, elle a adhéré à notre démarche, elle s’y est plongée et on la sentait heureuse d’être là, heureuse de rencontrer toutes ces personnes. Anaïs est chargée des relations avec le public, c’est un beau métier, mais elle aimerait peut-être faire autre chose. Elle aimerait, elle aussi, rencontrer des gens, les faire danser, les prendre en photo, elle dit qu’elle n’a pas de formation mais il n’y a pas de formation pour ça. Marie L lui dit que peut-être elles pourraient rencontrer des gens ensemble…On fait un portrait chinois avec Anaïs: Et si Sartrouville était un prénom? »Jacques ». Une recette? « Une soupe au potiron ». Et une chanson? « Le petit bal perdu. »

Odyssées

Au théâtre, il y a aussi Dominique qui s’occupe de  la programmation jeune public et du festival Odyssées en Yvelines, biennale de création théâtrale qui rayonne sur tout le département. Dominique est ici depuis 1997, il a rejoint Joël Jouanneau et Claude Sévenier dès le début de l’aventure « Odyssées ». La biennale permet la rencontre entre des auteurs et des metteurs-en-scène en vue de la création d’un spectacle qui pourra tourner en décentralisation dans les établissements scolaires, bibliothèques ou petites salles sur toutes les Yvelines. Dominique aime faire découvrir des textes et les faire vivre, à travers la biennale et à travers « Heyoka Jeunesse » la collection de théâtre jeune public que co-éditent Actes Sud papiers et le CDN. Dans le bureau de Dominique est accrochée une immense carte du département, Dominique est allé partout, de Marcq à Mantes-la-Jolie, de Saint-Arnoult à Chanteloup-les-Vignes. On propose le portrait chinois à Dominique: et si Sartrouville était un prénom? Un prénom composé, nous dit-il, comme Fatima-Marie. Une recette de cuisine? « Un couscous, mais un couscous royal! »Et une chanson? « Ne me quitte pas, interprété par Grand corps malade. »

film spectacle de la veillée de Sartrouville, quartier des Indes à 21h

On fait une deuxième et dernière représentation ce soir à Sartrouville au Centre Dramatique National, aux quartiers des Indes. A 21h. Certains d’entre nous repartent dans la nuit et le gros des troupes rentrent demain matin. Nice, Toulouse, Beaunes, Fresnicourt, Paris, Tourcoing, Tremblay, Taverny, Bruay La Buissière, Lille. On regardera avec plus d’attention ce soir encore le film spectacle de la Veillée de Sartrouville. Pour essayer de rien oublier. Pour faire carton plein d’émotions, de souvenirs, de visages, d’ images. Cet après midi on a fait une réunion dans la cafétéria du théâtre pour organiser notre intervention au Centre National des Arts du Cirque dans deux semaines. Puisqu’on compte bien faire une petite veillée avec eux. Mais le fonctionnement de l’école nous oblige à revoir le déroulement de nos interventions et de nos protocoles. Le théâtre nous a gentiment  mis à disposition un bureau où l’on peut continuer à bloguer et travailler. Ce soir on dîne à 18h30 puisque les danseurs de Sartrouville viennent au théâtre à 19h pour  répéter avec les danseuses et acrobates de la compagnie HVDZ. Pour répéter l’adage.

Always in my mind

Quand on arrive au théâtre de Sartrouville, on est tout d’abord accueilli par Ludivine et Jérôme et on est bien accueilli. Ils ont un rôle important, ils sont le premier contact entre le public et le théâtre. Ils sont ravis par la soirée d’hier, ils nous préviennent qu’il y a encore plus de réservations ce soir, dont 80 pour Jeanine et bib de rue. Jérôme a eu Lucette Bigot du secours catholique au téléphone, elle lui a redit combien elle était émue par la soirée d’hier, et combien  ça allait motiver les participants du café rencontre à revenir au théâtre. Ludivine nous dit qu’il y avait aussi des gens qui n’étaient jamais venus. On les sent vraiment heureux de pouvoir accueillir un nouveau public. Ludivine a grandi à Sartrouville, elle n’est plus très loin maintenant, à, Carrières. On demande à Ludivine: » et si Sartrouville était une recette de cuisine? » un buffet de toutes les saveurs, nous répond-t-elle. Un prénom? « Amélie, le prénom de ma meilleure amie que je connais depuis la maternelle et avec qui j’ai plein de souvenirs à Sartrouville. » Et une chanson? « Always in my mind… »