Portrait de l’EPS Barthélémy Durand
Le dernier matin. Répétitions. À 17h, ce sera le spectacle. BD3 !
Demain // 17H // Tou-te-s à B.D.
Le temps file à toute vitesse et demain, c’est déjà le film-spectacle.
A 17h, à la salle de conférence de B.D. On espère qu’il y aura du monde. Ce dernier instantané clôturera notre aventure avec nos veilleurs-éphémères, le théâtre de l’Agora et l’EPSM Barthélemy Durand.
Trois instantanés, des tonnes de rencontres, des nouveaux amis, ce fut une très belle expérience qui laissera des traces chez chacun d’entre nous.
Mais l’heure est aux répétitions…C’est demain à 19H que nous aurons, je pense, le coeur un peu serré.
Monsieur, un cappuccino s’il vous plait. Merci. Monsieur, un cappuccino s’il vous plait. Merci.
Cet après-midi, on est allés offrir des chansons aux gens dans Étampes. On a commencé par entrer dans un café. Pour certains veilleurs éphémères, c’est une occasion à ne pas rater. Entrer dans un café. Ça n’a l’air de rien, mais la mise en place du plan vigipirate, ça change beaucoup de chose. Pour Michel : les sorties dans les cafés, qui avaient lieu tous les jeudis, c’est fini depuis vigipirate, c’est fini depuis plus de 2 ans. Alors, quand on va chanter nos premières chansons de l’après-midi dans un café, Michel en profite pour commander un cappuccino. Café, chantilly, sucre. Et Michel aime chanter, alors, même avec le cappuccino à main, il continue à chanter et à sauter pour marquer le rythme dans « Yellow submarine ». Il le boit vite son capuccino, parce qu’on ne reste pas assez longtemps pour qu’il refroidisse. Il boit vite même si c’est trop chaud. Pour le deuxième « lieu-chansons », on est à nouveau dans un café. Michel commande rapidement un nouveau cappuccino. Café, chantilly, sucre. Encore une fois, il est obligé de la boire vite, mais il n’a l’air pas contrarié pour autant. En sortant du café, on lui demande s’il ne s’est pas brûlé. Michel nous explique que c’est chaud dans la gorge, mais ça lui manque tellement les cafés qu’il en profite et que ça lui fait plaisir. Il aurait sûrement pu boire encore quelques cappuccinos, mais on varie les commerces, et là on entre dans une petite épicerie. On repart avec des jus de fruits de fruit en cadeaux, mais on a bien l’impression que Michel s’y intéresse moins et qu’il garde en tête ses deux cappuccinos.
On a offert des chansons aux gens dans Etampes cet après-midi
On a offert des chansons aux des gens dans BD ce matin
Illustration sonore // journée 3 // By François
En suivant les noms, les mots – Poème de Serge
Les couleurs de ce ciel orangé,
Nous offre, nous invite à le remercier,
Au delà de la normalité,
En invitant les belles à tourner, se lover, danser,
Et goûter à la saveur de leurs doux baisers,
Qui nous fait nous surpasser en inventant des chorégraphies,
Pour les rendre plus splendides et jolies,
Et cette image charmante de cette journée,
Il restera une immense et ensoleillé photographie,
Que nous admirerons, ayant évité le jour du chaos,
Et autour d’une bonne choucroute,
Nous célébrerons le chemin qui nous a réunis sur cette route.
….
Martine – saveur
Marie – choucroute
Jérémie – photographie
Isabelle – danser
Guy – chaos
Christophe-Bifu – Normalité
Normalité – Folie
Quand on m’a dit : « on va bosser à l’HP d’Etampes » j’ai dit : euhhhhh, vous êtes sur ?
car quand j’étais petit, ma mère me répétait souvent « arrête de faire des bêtises ou tu vas finir chez les fous ! » et à l’époque, les seules images que j’avais, c’était ces vieux reportages en noir et blanc sur des médecins en longue blouse blanche qui passaient des électrodes sur les tempes des patients pour y balancer du courant électrique.
du coup, j’ai préféré visualiser un passage du film de Milos Forman, Vol au-dessus d’un nid de coucou avec Jack NIkolson, où une poignée de patients réunis dans la même pièce, déambulent en peignoir à longueur de journée.
et je me suis demandé ce qu’était la folie pour qu’à ce point on l’enferme, l’étudie, la corrige !
ou plutôt quelle était la normalité, et ses cadres à ne pas dépasser !
quand on me dit : « j’adore le petit grain de folie que tu as dans le regard »
dois-je me sentir différent ?
dois-je me sentir inquiété d’avoir franchie les barrières de la normalité ?
quand ma fille qui se teind les cheveux en bleue me dit : « on m’a pris pour une folle aujourd’hui» !
dois-je lui demander : oui, mais sur une échelle de 1 à 10 à quel niveau jugerais tu cette folie ?
j’ai connu moi-même le besoin d’être suivis, accompagné, analyser
quand dans mon parcours de vie j’ai vu s’envoler une partie de mon passé.
S’éloigner à telle point, qu’il m’était difficile de m’en souvenir, voir même de penser que j’avais tout imaginé !
J’avais l’impression que la vision de mon passé ne collé plus à la réalité !
pour en finir avec cette accompagnement, recherche, déballage de sac bien enfoncé dans un fauteuil molletonné et analyse…
car oui ! c’est surtout l’analyse qui fait peur !
« Le problème vient de votre enfance dans les corons du nord de la France »
ben oui, j’habite le Nord, alors c’est foiré d’avance !
On en a conclu après cette unique séance de psychothérapie que :
si le problème me gênait, il fallait que je trouve la solution
et que si le problème ne me gênait pas, ben il n’y en avait pas
Bref, pas d’bras, pas d’chocolat !
Revenons donc à cette question de normalité.
je découvre à l’HP d’Etampes des gens attachants, pleins d’esprit et de connaissances, de gentillesse et de tendresse.
à telle point que les plus fous ne sont pas forcément ceux à qui l’on pense en premier.
A force de rencontres, je découvre que l’esprit peut parfois lâcher l’être qui l’héberge
et que l’esprit, lui, vit sa propre vie de son côté laissant le corps à l’abandon .
je découvre aussi des gens heureux de vivre leur folie, tout en sachant qu’il sont fous !
cela voudrait-il dire que l’on peut être normal à ce point, que l’esprit lui-même se tromperait dans la compréhension de la normalité,
et en exprimerait une folie.
lors d’un rendez-vous dans une structure spécialisée, des résidents me regardent béats faire pendant 10 mn des photos d’un chat.
Aurais-je franchi la barrière de la normalité sans même m’en apercevoir ?
Aurais-je inversé les rôles ?
Bref, je ne sais toujours pas quelle est la normalité de la folie ou la folie dans cette normalité !
En route pour des porte-à-porte
Quand on évoque avec les veilleurs éphémères les porte-à-porte à faire, ils parlent à chaque fois de « l’angoisse » du porte-à-porte. Aller sonner aux portes, au hasard ? Parler de ce qu’on fait ? Parler du film-spectacle et de BD ? Poser des questions et demander si on peut filmer les réponses ?
Mais heureusement, il ne faut pas être nombreux pour les porte-à-porte, donc ça calme les inquiétudes. Et ce matin, pendant que quelques uns se mettent en route pour les porte-à-porte, d’autres vont à la piscine municipale interviewer le maître nageur et faire des images, d’autres restent au QG pour un temps dédié à l’écriture.
En route pour des porte-à-porte.
Sonner aux portes, parler du film-spectacle, parler d’Etampes et de BD, poser trois questions, filmer les réponses.
– Si vous deviez comparer la psychiatrie à une musique ? – Une chanson qui soutien, et donne de l’espoir : le printemps de Vivaldi / Une chanson triste : le plat pays de Jacques Brel / Un mélodie calme au piano : un morceau de Chopin / Du rap.
– Si vous deviez comparer la psychiatrie à un plat ? – Une ratatouille / Un plat amer : des endives au jambon / Un dessert : un mystère / Un yassa très pimenté.
– Si vous aviez 3 mots pour décrire BD ? – Structure indispensable. Stigmatisant. Ouverture. / Enfermement. Ville dans la ville. Refuge. / Enfermement. Isolement. Espoir.
On nous dit que le BD en 1964-1965 était très différent de celui d’aujourd’hui : c’était fermé, maintenant c’est ouvert. Peut-être que c’est mieux pour les résidents de BD, mais ça gêne plus les habitants d’Étampes.
On rencontre une famille qui vient d’emménager à Étampes et qui n’est pas au courant de l’existence d’un hôpital à côté.
On nous dit que BD, ça a été une ouverture pour Étampes, ça a créé beaucoup d’emploi.
On nous dit qu’à Étampes, tout le monde connaît quelqu’un qui a été à BD, soit du côté des soignants, soit du côté des résidents, mais tout le monde connaît quelqu’un qui a été à BD.
On nous dit que la psychiatrie, c’est une maladie qui ne se voit pas, c’est immatérielle, complexe, mystérieux.
On nous raconte beaucoup de choses, avec toujours beaucoup de bienveillance. Cependant, on n’a pas souvent « la permission » de filmer, et l’essentiel de ces rencontres restera hors champ. Et, au final, on n’a pourtant pas du tout l’impression de rentrer bredouille au QG.