Blog

Pignon

On est allé voir la directrice du centre de loisir Pignon, Béatrice Gras. Elle nous a parlé des activités du centre, du quartier. Elle prend un plaisir incroyable à faire ce travail. Elle dit « c’est presque pas un travail tellement j’aime ça ». Au centre Pignon, il y des activités pour les petits mais aussi pour les adultes et les personnes âgées. On y retournera jeudi : il y aura le club des primevères, mais aussi du karaoké et d’autres activités. On se dit qu’un lieu comme ça, il faudra y retourner souvent pour rencontrer les gens qui le fréquentent.

100 ans

Aujourd’hui, on est allé jusqu’à Armentières. C’est pas vraiment dans notre secteur mais on voulait rencontrer la grand-mère de Sabine, qui est en maison de retraite là-bas. Elle a 100 ans.
100 ans et une sacrée énergie, et des histoire à la pelle et surtout, surtout, c’est une conteuse hors pair. Elle fait des récits de son passé comme on ferait un film. Il y a des séquences, du rythme, des images. Faut dire que dans le temps, elle allait au cinéma tous les dimanches. Un jour, sa patronne lui a interdit le cinéma, parce qu’elle aimait trop ça, elle riait trop – punie – alors elle est allée au bal, bien qu’elle ne sache pas danser, et c’est là qu’elle a rencontré son mari, un danseur, qui n’aimait pas le cinéma.
Quelle vie ! Elle a été bonne à tout faire, elle a travaillé aux mines – aux lampes et au triage – elle a élevé sept enfants, quasiment toute seule, puisqu’elle est veuve depuis plus de cinquante ans maintenant.
Dans sa maison de retraite, elle écoute la radio. Daniel Mermet, là bas si j’y suis. Elle aime bien parce que ça ne gesticule pas comme à la télé. Hier, elle a entendu une émission sur les harkis. Elle dit qu’elle comprend la colère des jeunes de banlieue, vu ce qu’on a fait à leurs parents.

A la Base,

A la Base 11/19 la première semaine d’ouverture ils ont invité les gens à venir voir ce qu’étaient devenus leurs bains douches et ils ont invité plein d’artistes à faire des performances, danse, théâtre, art visuel, musique. C’était gratuit. Il y a eu de nombreuses visites du lieu, beaucoup d’anciens mineurs sont venus parfois seuls ou en famille. Il y avait pendant longtemps un vieil homme au coin de la première rue qui venait tous les jours ,un ancien porion. Difficile de garder une relation intense avec tous les gens du quartier. Il y a un monsieur dont le jardin est très fleuri. La dame a réussi à faire pousser des oeillets d’inde dans le bitume et le béton qui ont servi de serre aux racines des fleurs.

Les travaux sur le site viennent de démarrer et vont durer neuf mois pour réaliser la place du 11/19. Enfouir et créer les réseaux. Traiter la place et mettre un revêtement sur l’ensemble de la place. Il y aura un éclairage intégré spécifique pour mettre en valeur des bâtiments. L’entrée va changer de place, elle va se trouver vers la place Lorraine. Toutes les voitures vont devoir aller se garer ailleurs. Les  immeubles du 11/19 vont totalement changer de visage. Pour l’instant les ouvriers font des tranchées pour les canalisations.  La première fois que le site fut investi à l’état de friches, c’était en 90. Beaucoup de gens récupéraient les métaux. La ville de Loos faisait ce qu’elle pouvait. Elle faisait des actions comme les sons et lumière avec les populations. Dès les années 90 Culture Commune a fait du théâtre, d’abord à partir d’un texte de Kateb Yacine. De juillet à novembre le lieu avait été investi, à l’état sauvage. C’était un premier gros coup de projecteur sur le site. Marcel Caron l’ancien maire de Loos en Gohelle a sauvé le site. Il a ensuite permis qu’on fasse des manifestations avec des artistes polonais contemporains. Ont eu lieu alors les rencontres transnationales sur la polonité. Tout ça a eu lieu dans les bâtiments qui étaient des friches.

Aujourd’hui et avec l’arrivée prochaine du Louvre Lens le 11/19 est en transformation.On va inaugurer un nouvel immeuble réhabilité, une pépinière d’éco-entreprises dans quelques jours. En face des bureaux de la compagnie HVDZ. Dès lundi on part à la rencontre des animateurs et des travailleurs des multiples activités qui ont lieu sur le 11/19.

Deuxième journée de Veillée à la Base

Allier l’engagement artistique et le monde associatif. Proposer des créations qui soient partagées au delà du simple statut de spectateur.On a arpenté le quartier dans tous les sens. Le quartier qu’on s’est inventé puisqu’on intervient sur un territoire qui regroupe plusieurs cités. On retrouve des gens qu’on avait rencontrés lors de notre précédente Veillée autour de la Base 11/19. On a fait du porte à porte pour faire les Pas de Porte, une action artistique qui consiste à filmer les gens devant chez eux comme si c’était une photo. Jérémie a dit c’est comme une photo mais c’est de la vidéo, l’homme lui a répondu c’est pas grave. Un peu plus loin un gamin a donné un mot à Jérémie où une dame qu’il n’avait pas pu filmer sur son pas de porte avait écrit qu’il fallait qu’il revienne en fin d’après midi pour filmer toute la famille. Aujourd’hui on a parcouru les rues des cités avec Manu et Arnaud qui sont médiateurs à Culture Commune. D’une maison à une autre on a donné le programme de saison de Culture Commune et l’invitation à la Veillée. Un homme est venu nous dire qu’il viendrait à Culture Commune quand on aurait coupé les arbres sur le chemin derrière chez lui parce que leurs extensions anarchiques envahissent son jardin.

On a reçu des nouvelles des collèges avec lesquels on a commencé hier à travailler. On a accumulé les entretiens. Didier et Jérémie ont filmé ce soir le cours de danse au foyer Louis Albert. C’est au foyer Louis Albert que se retrouve l’association des médaillés du travail présidée par M. Cerjack que nous avons rencontré ce matin. M. Cerjak a écrit son autobiographie, un livre qu’il va publier dans les mois à venir. M. Cerjak était mineur et délégué syndical. Il est aujourd’hui passionné de vidéo et anime avec ferveur son association. M. et Mme Cerjack nous ont offert le champagne. Martine et Flora ont interviewé Paulo et Cindy qui tiennent le café le briquet du chevalement, anciennement chez Claude et Colette.

On a demandé au médecin au bout de la rue s’il voulait bien nous recevoir et au pharmacien de Liévin, sur la place, à côté de Shopi.

les travailleurs

Le site du 11/19 est en travaux. Il y a des pelleteuses et des tranchées. Des trous d’où sort une terre noire. Du charbon. Et des briques rouges aussi.
Le site est rénové chaque année un peu plus.

En faisant du porte à porte, on a rencontré une dame qui nous a offert un café. On a discuté de la mine et de la silicose qui a tué son mari. On a parlé aussi de la colère contre le médecin qui avait délivré un certificat de décès avec écrit « mort naturelle » et qui ne voulait pas reconnaître la silicose. Elle nous a dit qu’il fallait se battre dans un moment si noir, et pas seulement pour l’argent mais aussi pour les autres silicosés qui restent, et pour les amiantés. Pour que ça n’arrive plus.
On a aussi parlé de la joie de vivre dans le quartier, de la place Lorraine et de l’amitié qui unit encore les anciens.
On dit que les mineurs avaient une réputation de très bons travailleurs, alors elle nous raconte une anecdote : « mon mari travaillait aussi pendant les vacances : un été on était parti camper dans le sud, il n’y avait rien au camping, juste un terrain, alors mon mari a construit le camping, les sanitaires et tout. »

Le Bruit du Frigo

On est allé sur le site internet d’un lieu, Le Bruit Du Frigo dont la démarche est semblable à celle de la Fabrique théâtrale et d’ailleurs Culture Commune et Le Bruit Du Frigo font partie de la même association Artfactoties/AutrespArts.  En exergue de son site  Le Bruit Du Frigo a écrit une phrase que nous pouvons reprendre à notre compte: « Si le développement des projets démocratiques reste un enjeu de nos sociétés alors de nouvelles formes d’urbanités restent à inventer. Un nombre croissant d’individus devrait trouver les possibilités d’avoir prise sur la fabrique permanente du monde où l’on vit. »