Les cuisines thérapeutiques

Deux passages à la cuisine thérapeutique ce matin :

  • une première fois pour leur demander de faire dire des citations, c’est l’heure du café, chacune prend le temps de choisir soigneusement sa phrase, de l’apprendre et de la dire en regardant la caméra droit dans les yeux. C’est Michel qui filme, c’est l’occasion de faire un stage express, Michel est réactif et en peu de temps le tour est joué.
  • une deuxième fois pour chanter, à notre arrivée les effluves du risotto au lait de coco et aux crevettes, il est presque midi, nos narines sont ravies et notre estomac nous fait la tête. Il voudrait lui aussi être rassasié mais on ne chante pas la bouche pleine. Et on a une sacrée playlist : Allez, allez de Camille,  Amstrong de Claude Nougaro, La Javanaise de Serge Gainsbourg et Yellow Submarine des Beatles dont les couplets sont interprétés en solo par notre infirmier à l’âme de marin des grands océans : Xavier.

Finalement, juste après un nouveau flashmob, on a mangé sur les tables extérieures de la cantine du bœuf avec de la purée.

Longjumeau 91 : au cœur du secteur

Le Dr Guy Dana nous a reçu au Centre Médico-Psycholoique de Longjumeau et après des références au linguiste Saussure a insisté sur la nécessaire multiplicité des structures composant son service : sept structures, l’unité d’hospitalisation, et six structures alternatives implantées au cœur de la population, du secteur donc, permettent aux patients de mieux trouver leurs marques ainsi que des soins adaptés.

Lors des réunions de service, les soignant.e.s venant d’horizons divers et non pas d’une structure unique seront mieux à même de cerner la personnalité du patient et ses souffrances sous des angles divers, avec des regards complémentaires, chaque membre de l’équipe ayant une approche différente.

Le Dr Dana regrette enfin une tendance actuelle des politiques de santé publique orientée vers une gestion financière efficace au détriment de l’humain. Il met de l’espoir dans les jeunes professionnels de la santé qui sauront adapter leur stratégies de soin à ces nouvelles contraintes.

Peupliers, juste des arbres ?

Peupliers, c’est aussi le nom d’un service à BD et ce matin on va à la rencontre des gens de l’atelier dessin de Peupliers.
Un livre est ouvert sur la table. Un petit livre. Il cohabite avec les pinceaux, les couleurs, les bâtons de pastels et les feuilles blanches.
Ce livre, c’est Antigone qui s’est égaré là et qui inspire les artistes patients et c’est une évidence : Anouilh accompagne le matin coloré de ce lieu, il guide les gestes et les choix artistiques de ce petit groupe. Didier lit à voix haute quelques pages, il y a de la gravité dans l’air et les œuvres ne cessent de grandir en simultané. On se met à dessiner ensemble, on crée un moment collectif, unique et puissant.
Elle est belle, Antigone, le matin à Peupliers.

Et si on fabriquait des fanzines à BD ?

Mais… un fanzine, c’est quoi ? Un fanzine, ça ressemble à une bande dessinée, un petit livre, un magazine artisanal.
L’idée est simple et belle alors on se met à cogiter pour organiser un atelier fanzine à BD.
La curiosité autour de cet objet s’est vite propagée entre Evry et Etampes et encore plus au sud du territoire essonnien. Dans les campagnes, dans les villes, dans les banlieues, dans les écoles, dans les lycées, dans les théâtres, dans les centres culturels, dans les lieux de soins, on s’est mis à créer toutes sortes d’objets que l’on peut feuilleter, plier, déplier, replier. Des objets colorés, avec ou sans texte, avec ou sans dessin, avec ou sans photo, des objets qui racontent ce que les gens veulent bien raconter, ensemble.
On se dit que c’est une forme d’art que l’hôpital psychiatrique peut et doit accueillir et on a bien fait de se dire cela !
On a constitué un groupe à BD Nord avec des personnes hospitalisées et d’autres personnes suivies en CMP et avec l’équipe du théâtre de l’Agora d’Evry, on s’est installé autour d’une table. On a réfléchi, on a suggéré, on a dessiné, on a découpé de belles images, on a collé, on a écrit, on a parlé, on a inventé, on a rigolé, on a assemblé les pages et on a relié le tout avec un élastique.
On a fabriqué un fanzine !

On range les caméras et on sort nos plus belles voix…

Nous sommes donc jeudi. A partir d’aujourd’hui il faut cesser de filmer et se consacrer au montage des séquences filmées. Il nous manque simplement quelques citations pour la dernière scène du film mais pas de problème puisque nous sommes attendus à 10h30 à la cuisine thérapeutique pour rencontrer encore des nouveaux patients, encore des nouveaux soignants, et sûrement quelques têtes déjà connus.

Jérémie, Didier et Martine sont plongés dans leurs écrans, il va bientôt être temps de revisionner toutes les interviews coupées pour en choisir l’ordre, pour construire une narration au film, à partir de ce que l’on nous a dit, montré, expliqué, etc…

Sylvie est arrivée la première, pile à l’heure comme depuis le début de la semaine. Elle est suivie de près par Christophe en tenue dynamique.

Thierry est dans la salle Pablo Néruda où nous allons projeter notre film. Lui aussi monte, à l’échelle et les projecteurs.

On va chanter, danser, déclamer, monter, monter, monter. Vivement aujourd’hui.

 

Today is all about…

Dernier jour à Sainte-Geneviève-des-bois, demain, ce sera le jour du spectacle à Morsang-sur-Orge. Les montages doivent se faire aujourd’hui. Le groupe va continuer son travail de rencontres par le biais de propositions artistiques toute la journée: lectures à haute voix, danse, chants…

C’est parti pour la journée…la der des der…the last but not the least…