Les carbonnades flamandes de la cantine

Monsieur le cuisinier ou madame la cuisinière, est ce qu’il y avait de la gueuse dans vos carbonades de ce midi à la cantine ? Et de la cassonade, il y en avait ? Ou du pain d’épices, c’est bien aussi le pain d’épices : ça casse l’amertume de la bière… Et est-ce que la cuisson a duré longtemps, genre 16 heures au four à 140° ? Et les frites, ont-elles bénéficié de deux bains d’huile ? C’est mieux pour le croustillant et avec un filet de vinaigre, c’est encore meilleur… et servi dans un cornet de papier, c’est l’extase !

Du coup, j’ai mangé de la tarte au fromage.

Chanter/danser/bonheur

Chanter, ça rend heureux

On a chanté sur les terrasses et ça nous a rendu heureux et les gens autour de nous avaient l’air heureux aussi.

On n’a pas chanté comme des choristes parce que ce n’est pas notre métier, on a chanté avec notre cœur et avec nos tripes. On y est allé de bon cœur et on ne pouvait plus s’arrêter alors on a continué et les gens se sont mis à chanter avec nous.

On ne s’était presque pas entraîné, on n’a pas eu beaucoup de temps alors on a demandé aux gens d’être indulgents et les gens ont été gentils avec nous : ils ont fait semblant de ne pas entendre nos couacs et nos contretemps alors on a continué et on ne pouvait plus s’arrêter et les gens se sont mis à chanter avec nous et on a continué et on ne pouvait plus s’arrêter et les gens se sont mis à chanter avec nous alors on a continué et on ne pouvait plus s’arrêter… Chanter, ça rend plus qu’heureux !

 

Danser aussi, ça rend heureux

L’adage était rangé dans nos mémoires depuis décembre, on l’avait emballé avec mille précautions dans du papier de soie pour ne pas l’abimer comme un objet précieux auquel on tient et puis on l’avait préservé de la lumière, des courants d’air et des intrusions.

L’adage est intact et la lenteur aussi.

On a refait les gestes pour être sûr et répété les mouvements un par un et à la fin, on se sent bien. La peur a laissé place au plaisir d’être ensemble pour danser sans brusquerie ni brutalité et ça change la vie et ça rend heureux.

Et Michel et Jean Michel ont dansé avec nous, tout doucement et si joliment qu’on ne pouvait pas s’empêcher de les regarder et de se dire que Michel et Jean Michel sont des poètes libres et silencieux.

Danser, ça rend plus qu’heureux !

 

 

 

Au son du clavier…

François enregistre Marie qui tape à l’ordinateur. Il n’a pas voulu que Lucien s’en charge parce que Lucien n’a qu’un PC, et le son des touches d’un PC ne l’intéresse pas. Marie ne doit pas faire semblant, elle doit écrire vraiment, quelque chose qu’elle a envie d’écrire.

Tout nos accompagnateurs de cet Instantané sont partis, il faut qu’ils se reposent, demain il faudra assurer pendant deux répétitions et une représentation.

Après notre folle chorale nous sommes allé tracter pour certain.e.s d’entre nous tandis que Christophe, Bouchra et Sylvie ont préparé l' »adage » (ce n’est pas l’adage d’origine mais c’est notre façon de parler de la lente danse qui sera interprété vers la fin du film, sur un fond blanc). Et puis l’équipe des tracteurs est venue assister au rendu de ce travail. Et là, dans un élan de grâce, Michel et Jean-Michel ont effectués les mouvements en miroir, dans un silence saturé par les émotions des spectateurs passifs.

Pendant cet instant-là, nous voulions être nulle part ailleurs.

Au Q, au Q, au Q.G!

C’est la pause mais tout le monde est au Q.G. parce que tout le monde a envie d’écrire. Les veilleurs éphémères se vannent mutuellement sur leurs textes. On sent que le groupe est plus à l’aise qu’en décembre lors du premier portrait, ça blague, ça bash à donf, ça se moque, ça rigole…

Christophe qui n’aime pas écrire prend Sylvie pour sa secrétaire, Sylvie écrit en rigolant en douce, Bouchra en forme olympique les déconcentre, les charrie. Lucien les écoute caché derrière ses lunettes noires (c’est la journée des poches et des cernes), Jérémie fait semblant de travailler, ainsi que Didier. Michel nous raconte ses problèmes de télévision, Martine s’est fait virer d’en bas,

Moi, j’écris de manière vraiment exacte tout ce qui se passe.

Joyeux et doux bashing…

Promenons-nous dans les bois

Avec Jérémie, nous avons décidé d’aller nous promener pour danser un peu partout. Et là, sur le chemin, je me suis retrouvé dans un champ d’herbes séchées entourées de marécages, c’était d’un goût !, celui d’un morveux qui se mouche. Soudain, nous avons vu ces « arbres effrayants », comme disait Jérémie. On s’imaginait un jour d’automne, pluvieux, avec toutes ces branches entrelacées et entremêlées. Ça nous a été difficile de les démêler.

Sache donc cette triste et rassurante chose que nul, Coq du matin ou Rossignol du soir, n’a tout à fait le chant qu’il rêverait d’avoir !

Jeudi matin, dans l’herbe sous un soleil caressant, les veilleurs répètent les 4 chansons à offrir aux gens cette après-midi. On sent que cela fait du bien pour trois raisons principales: on est tous ensemble, on chante et ça nous plait.

Après avoir plus ou moins accordés nos violons, nous sommes allés offrir nos quatre chants à la cuisine thérapeutique. Des femmes souriantes nous ont écouté en cuisinant un risotto de crevettes au lait de coco.

Plaisir des papilles, plaisir des oreilles, plaisir des yeux.

Finalement, tout ce qu’on fait, ce n’est qu’être ensemble: cuisiner ensemble, chanter ensemble, écrire ensemble, manger ensemble, galérer ensemble, réfléchir ensemble, parler ensemble, faire un film ensemble.