Une journée à Bruxelles avec un mois d’avance et un petit peu de retard. L’ Ecole supérieure des Arts du Cirque de Bruxelles a changé d’adresse et dispose aujourd’hui d’un magnifique bâtiment, une ancienne chaufferie industrielle aménagée en vastes salles de danse, de jeu et de cirque sur un campus universitaire. Avec la possibilité d’installer un gradin et des espaces de représentation. C’est idéal. Nous avions rendez vous le 20. Le 20, c’est pour nous, forcément le 20 novembre. Pourquoi fixer un rendez vous le 20 décembre puisque on était disponible le 20 novembre. Mais faut il encore qu’on se soit mis d’accord, les un-e-s et les autres sur le 20 novembre. Ce qui, en l’occurrence, n’était pas le cas, puisque on nous attendait le 20 décembre. Nous avons eu de la chance puisque malgré ce contre-temps, il était tout à fait possible de nous recevoir. On a, en somme, préparé la réunion du 20… décembre. Visité l’école et… raté notre train de retour. Par deux fois puisque quand il s’est agi de prendre à Lille le train pour Arras, on s’est trompé de gare. En tout cas, la réunion ou pré-réunion du 20 a été fructueuse ; nous irons, avec grand plaisir travaillé à Bruxelles.
Carnets de route
V. Mac Caigne
…Se dire toujours que c’est la dernière fois.
Mais surtout rester désinvolte.
En colère aussi bien sûr.
Prêt à mettre des coups, prêt à étreindre.
C’est plus rigolo comme ça, non ?
Ne pas dormir ou dormir pour reprendre des forces.
Faire du Cinéma pour se persuader, se prouver notre amour.
Ou pour se déclarer la guerre.
Parce que c’est plus rigolo comme ça…
Parce qu’il y a en nous ce besoin de fuite et ce besoin de retenir…
Qu’on se donne du crédit.
Et qu’on donne du crédit au public bien sûr.
Qu’on se batte et qu’on ait espoir en se battant qu’on sera entendu.
Et ça c’est sûr on est toujours entendu, toujours, il faut avoir confiance.
On est toujours entendu.
Ne rien faire sans l’espoir que vraiment tous pourront nous comprendre…
C’est ça se donner du crédit.
Ne pas faiblir.
Ne pas croire que les gens bien sont des gens bien, ne pas croire que les salauds sont des salauds.
Aller sans peur se salir.
Parce qu’il faut bien étreindre le Monde.
Être un lion.
Tendre et cruel…
Et surtout se mentir, se mentir, se mentir.
Surtout se répéter nous sommes des lions, nous sommes des lions, nous sommes des lions, même si c’est faux parce que c’est quand même plus rigolo comme ça, non ?
…Et croire au miracle, croire au miracle.
Être poussé par l’espoir du miracle, et de la grâce.
Même si jamais on l’atteindra.
C’est toujours plus chouette d’espérer, non ?
Et faire confiance.
Se rappeler avec force ce truc archaïque: pourquoi on se réunit dans des salles pour regarder au même moment la même chose ? Qu’est-ce qu’on cherche ?
Mordre le système.
Tout demander, et tout vouloir.
Décliner quand on nous offre un bout de viande.
Mais vouloir la vache en entier.
Le monde est grand. Être libre.
Réfléchir à voix haute.
Ne pas tourner sa langue sept fois avant de parler et regretter après avoir parlé.
Y croire.
Y croire.
Y croire.
Y croire…
Rester amoureux.
Se battre contre les tristes.
Ce qui protège leur territoire.
Se battre pour ne pas mourir complètement aigri !
Mais devenir sage et rigolo !
Aimant et furieux.
Sérieux et bordélique.
Quel ennui parfois d’écrire un scénario.
Quelle énergie passée à devoir être rassurant.
Nous avons besoin de démesure.
D’actes de vie démesurés.
Nous avons besoin d’amour.
Nous avons besoin du grand public.
Nous avons besoin d’être fiers de nous.
Nous avons besoin de camarades.
Et encore une fois, accepter de se salir.
La saleté ça se lave, mais la misanthropie pas tant que ça et c’est moche.
Accepter son angoisse.
Accepter de se dégoûter.
Accepter d’être une ordure.
Accepter d’être cet être faible.
Mais se battre toujours pour être entendu.
Ne pas se dire que plus tard nous ferons ce que nous voulons vraiment.
Le faire tout de suite…
Rendez vous au Canal D’aire
Capdenac, Méricourt, les retombées
On a conseillé hier à la journaliste de Radio France d’aller voir Eperlecques. Après son retour de La Réunion, Lucien se produira dans la région. Nous ne manquerons pas de la prévenir. Lucien fait un tabac partout où il se produit. On a appris que Didier avait les droits pour le spectacle qu’il joue depuis quelques temps, en lecture publique, avec la compagnie du Prisme. Une belle aventure en perspective, Marie et toute l’équipe en pense le plus grand bien.
En juin, on va faire une Veillée à Vezelay. Cette programmation fait suite à la soirée de représentation de la Veillée de Capdenac. La dame qui s’occupe de la programmation culturelle et artistique de Vezelay a assisté au spectacle et a été touchée par ce type d’action artistique, inspirée par la coconstruction d’une oeuvre avec les gens.
Rendez vous au pont D’avelettes
Dans une demie heure le jour est levé. On va se mettre en route pour le canal, histoire de prendre un peu l’air avant d’aller travailler. D’après Nietzsche, on n’est libre que si on dispose des 2/3 de son temps à soi. Pour lire un peu, dit-il, surtout ne pas s’embarrasser, d’après lui, des best sellers, mais ruminer les grands classiques et surtout les écrits grecs antiques. Marcher neuf heures par jour, dit il encore. Contempler, méditer et ne rien faire. Et la diététique. Dis moi ce que tu manges et je te dirai qui tu es. Manger léger pour se sentir sautillant comme un danseur (Nietzsche cependant ne manquait jamais de réclamer à sa mère des salaisons, des saucisses et tout ce qui fait la charcuterie allemande). Et on peut se rappeler aussi que pour lui, on ne doit pas craindre Dieu, puisqu’il est mort, ni la mort, puisque nous reviendrons toujours pour revivre exactement la même chose (l’éternel retour), et ne pas craindre non plus la souffrance puisque si elle ne nous tue pas, elle nous rend plus fort, et savoir aussi que le plaisir est possible ici-bas, puisque le vivant s’associe au plaisir pour créer la force de vie.
Artiste compagnon
Lucien va s’envoler vers la Réunion pour y jouer Eperlecques la semaine prochaine ou dans quinze jours. Et préparer une éventuelle Véillée pour la saison prochaine. Il travaille en ce moment à la préparation d’un nouveau spectacle sur les mémoires de famille, avec sa grand-mère, Josiane. Il enchaîne les résidences, à Armentières (au Vivat), à la Base 11/19 et prochainement dans d’autres scènes nationales de la région.
Le Maroc est qualifié pour la coupe du monde de football
On est allé à Valenciennes hier après-midi. Une réunion de tous ceux et celles qui ont participé au projet Nickel, qui a eu lieu au théâtre le phénix. Tous les jeunes qui ont fait la formation ont trouvé d’une manière ou d’une autre du travail. Presque tout le monde était là . Il manquait Mourad, Marielys, Kevin Leblond, Brandon et Marie K. qui était bloquée à Québec.
Anamnésis III
Il y a deux semaines, nous entamions le laboratoire de Dunkerque. Nous étions tous arrivés la veille dans la soirée. Nous étions logés dans un B and B très confortable. Et Maxime nous faisait à manger tous les midis et c’était royal. Nous avons travaillé à l’avant-scène. La plus belle salle de répétition de la région.
La première fois qu’on a joué à Dunkerque, on y a présenté, l’éveil du printemps de Frank Wedekind que j’avais étudié à Gottingen, quand je faisais encore des études d’allemand, arrêtées subitement pour aller travailler au Prato. Des histoires enfouies dans le sable du temps. Hier on a regardé à la télé le dernier spectacle de Jan Fabre qui, à l’époque de Wedekind, participait au festival de Lille. Son spectacle (lors du festival de Lille) s’appelait les pouvoirs de la folie théâtrale. Et c’était inoubliable. Il a gardé tout au long de ses trente dernières années une même façon de faire. Le temps s’étire à l’infini, tout comme les actions du spectacle, jusqu’à ce qu’on oublie l’endroit où l’on est et qui on est. Il a inspiré beaucoup de metteur-e-s en scène : Castelluci, Platel, Wim Vandekeybus, Angelica Liddell… On se souvient assez bien de Je suis sang dans la Cour d’honneur du Palais des Papes, à Avignon.
Anamnésis II
Un petit tour à Lille et puis s’en vont. Le 11 novembre à Lille, du côté de Loos lez Lille. Quelques heures, c’est court quand on y a vécu des années. Je ne me rappelle plus être allé au si célèbre marché de Wazemmes, qui a lieu, principalement, le dimanche matin. On y allait pour faire des courses et surtout pour acheter un poulet cuit qu’on partageait à la terrasse d’un bistrot avec des amis. En buvant de la bière et des apéritifs de toutes sortes. On quittait le marché quand les commerçants avaient disparu et que les employés de la ville nettoyaient la place. On rentrait à la maison pour le repas du soir ou pas de repas du soir du tout, selon l’état dans lequel on était. Au fur et à mesure des années, on changeait de terrasses en fonction de l’évolution de la place et des cafés. Patrick Sourdeval, un artiste lillois bien connu, qui a travaillé au Ballatum Théâtre (on s’aimait trop pour se voir tous les jours, Quoi ? L’éternité et Chez Panique ) ne manquait jamais de faire un happening devant l’église, à la sortie de la messe, vers 11h00, bien souvent habillé en curé. Le Prato a tenu la place plusieurs dizaines d’années. C’était le rendez vous des artistes undergrund et amateurs de poulet cuit. Ceux qui savaient jouer de la musique ramenaient leur instrument. C’est la grande époque de la bande à Polo et les débuts de Nono.


