On a bien avancé. Rien à dire. Pour les saisons à venir. Toutes nos actions artistiques et culturelles se préparent une saison ou deux à l’avance. Quand il faut trouver du soutien financier et artistique, c’est vraiment le minimum. C’est le cas cette année comme les autres. Sauf que cette année quelques interventions sont tombées à l’eau et qu’il va nous falloir improviser. On ne manque pas de ressources, on va retourner sur le terrain, comme au bon temps des Veillées permanentes. On avait fait un travail avec la compagnie de Nathalie Cornille, au cours d’un hiver très froid. On était allé voir les gens dans les cités et on avait crée des danses. Il avait fait si froid que peu de gens avait pu faire le déplacement jusqu’à la Fabrique, à cause du verglas.
Hormis Mme et M. Cerjak qui furent parmi les plus fidèles de nos fidèles depuis notre installation au 11/19. Longtemps M.Cerjak avait été président du club des aînés de la salle Louis Albert. Cet endroit était à l’époque pour nous un deuxième repère sur la cité des Provinces, après la Fabrique. M.Cerjak avait été mineur de fond et il est décédé de la silicose. Il a connu le catastrophe minière de Liévin qui a fait 42 morts en 1973 au puits de St Amé.
Carnets de route
du passé récent
On va au bureau et on s’acharne sur les téléphones. On doit passer par le garage pour faire réparer le voiture. On se souvient de l’inauguration du 11/19 comme si c’était hier. Il y avait Serge Noyelles avec qui Pedro Garcia travaillait. Serge était un grand ami de Ph. Lherbier qui travaillait encore à l’époque au Centre dramatique national de Caen. On n’a par la suite jamais revu Serge à Culture Commune. Serge, dans ses années-là parlait avec l’accent belge, au détour de certaines phrases, comme son mentor, Jo Dempkine, directeur du célèbre 104 à Bruxelles, disparu récemment. On s’est croisé au pot de départ à la retraite de M. Latarjet qui quittait ses fonctions de Président de la Villette, à Paris. On travaillait avec Hamid Ben Mahi à l’époque et on était très ami avec PH. Mourat, qui dirige aujourd’hui la salle des Métallos, à Paris, où l’on n’a jamais eu la chance de présenter quoique ce soit. Sans mauvaise pensée, je pense que Philippe, himself, n’a jamais réellement apprécié les spectacles et la démarche de la compagnie.Le 11/19 est devenu par la suite scène nationale et compte maintenant beaucoup dans le paysage culturel local et national. Chantal Lamarre avait l’intention de transformer la grande friche qui se trouve en face de nos bureaux en fabrique des arts de la rue, qui n’a jamais vu le jour. On a préféré y bâtir un immeuble de bureaux. Cet édifice est vide depuis des années. Il a abrité quelques micro-entreprises, au fil des ans, qui, toutes, se sont faites la malle.
Rendez vous à loos en gohelle à 10h
On n’a de cesse de se raconter ce qui s’est passé la semaine dernière. Aujourd’hui on s’est dit qu’une bonne claque ne peut pas faire de mal si on sait en tirer profit. Un coup sur la cafetière, ça remet les idées en place. Surtout que, dès demain, on passe la journée au téléphone, pour parler aux décideur-e-s, si on arrive à les joindre, de nos envies futures. De No Border. Et de Wish You Were Here. Il s’agit d’être convaincant. Le bureau se transforme demain en plateforme téléphonique. Hélène Cancel, que nous avons rencontrée la semaine dernière au Bateau Feu, avant qu’elle ne quitte le théâtre fin décembre, nous a fait remarquer, avec beaucoup de bienveillance, combien Guy A. communiquait peu. Sans doute trop peu. On va remédier dès demain à la chose. Une journée, voire bien plus, de phoning plein tube. Maintenant qu’on en sait davantage sur les spectacles et leur coût, on est en mesure d’envisager sérieusement des collaborations, avec des gens qui nous sont fidèles depuis toujours et beaucoup d’autres. Passer une bonne nuit pour être prêt et au mieux de nous-mêmes dans nos échanges avec nos camarades d’ici et d’ailleurs.
passer sous les Pont D’avelette, D’ Hingettes, d’hinges…
Sur le bord du canal d’Aire, il fait un froid hivernal. La baisse des températures, le vent et l’humidité conjugués rendent l’air glacial ; il vous pénètre jusqu’aux os. Ça rafraichit même les neurones ou ça les glace. On a qu’une seule idée, accélérer la marche pour ne pas mourir de froid. Et puis vous vient l’idée (sans bien comprendre pourquoi) qu’il serait temps de se mettre à jeûner. Et aussi de s’isoler. Ou de partir jusqu’au bout du bout du canal (en NL) avec un bon vieux (ou neuf) sac de couchage, histoire de faire le malin. On prévoira aussi une petite tente, rien de trop lourd. De toute manière, au bord du canal, il y aura toujours une petite place pour planter la tente. Alors ? On n’attend pas Patrick ? Tel Frank Dubosc dans Camping 1,2 ou 3, à la manière sauvage et solitaire. Pas sûr, avec le temps qu’on a, que je marche en maillot de bain, ni que je me baigne dans le canal. Ce serait pure folie. Si j’en ai ma claque de la marche, je peux tenter le stop péniche. À bien y penser, ce serait blasphématoire, marcher implique qu’on marche tout le temps sans pratiquer l’évitement, d’une quelconque manière. Quant à mêler le jeûne à la marche, ça coule de source. On attendra d’être bien lancé, le troisième ou quatrième jour pour ne plus manger. On sait bien qu’il est impossible de ne pas boire sinon les crampes auront raison de nous, à brève échéance.
Il est temps de préparer ses affaires. Une lampe, surtout pas oublier la lampe, les nuits arrivent vite et on ne saura pas lire sous la tente sans lumière.
Les choses se révèlent parfois plus difficiles à réaliser que ce que l’on avait imaginé.
Pourtant on y allait la fleur au fusil. On savait qu’après tout ce qu’on avait traversé, on était armé pour attaquer une nouvelle phase du projet. Et que tout ça demanderait encore beaucoup de travail mais que ça se ferait sans trop de dommages. Et voilà que le ciel nous tombe sur la tête. On aurait suivi des chemins en impasse. A la fin, dit Dominique, on se retrouve impuissant. On ne sait plus comment t’aider. J’ai rien demandé. On est tous différents et on se démerde comme on peut, pour venir au bout de ses emmerdes, des ses angoisses. » Qu’est ce que j’y peux, si tout le monde débande et moi avec ? On dirait que la vie, c’est fait pour les poteaux. » On lâchera rien, on y reviendra sur No Border. C’est pas une pauvre semaine à l’Avant-Scène de Dunkerque (même si la salle est sublime) qui va nous arrêter parce que, au résultat, on s’est cassé les dents, et rongé les sangs parce qu’on a créé plus de frustrations que trouvé des solutions. On le regrette, c’est sûr, on ira pas dire le contraire. A vrai dire, à la fin, on se sent comme l’idiot (à pleurer) chez Dostoievski.
mais ou et donc or ni car puis
Quand on était gamin, on allait à l’école le samedi matin, jusqu’à 11h30. Un jour, l’instituteur m’avait donné des devoirs supplémentaires, j’étais collé après la classe. J’étais seul dans l’école à recopier des kilomètres de phrases à répétition. Vers 16h30, j’ai vu par la fenêtre que mon père discutait avec le maître qui s’est rendu compte qu’il m’avait oublié. Ce type était fou.
the end of the laboratory
La rencontre a pris fin tout à l’heure. On a quitté Dunkerque en fin d’après-midi sous une pluie d’orage. Christophe est arrivé vers 16 heures avec le camion et on a tout chargé, pour tout ramener à Loos en Gohelle. Une résidence a pris fin. Les gens du Bateau Feu nous ont fait la gentillesse de venir nous voir, cet après-midi. Quand est ce qu’on remettra les pieds à Dunkerque ? – Nobody knows.
On a fini la journée par un tour de table des impressions de chacun. On aurait pu aller boire un verre tous ensemble au bistrot d’à côté plutôt que de formaliser une réunion, comme un bilan de fin de stage. Après tant d’années d’expérience, comment est-ce qu’on peut être si maladroit ?
La semaine a été difficile. On en sort avec plein d’interrogations même si on a traversé des vrais moments de fulgurence artistique. Mais on n’a pas tout réglé en une semaine. Ce serait trop beau. Dans notre manière de faire, on a créé de la frustrations et des manques. On voulait surtout que tout le monde y trouve son compte. Disons les choses comme elles sont, on n’a pas vraiment atteint notre but. Les gens ont eu l’impression d’être traités comme des pions, au gré des idées de mises en scène.
Ça nous servira de leçon. Parions que la prochaine fois, tout se passera bien !
Maxime, cuisinier à la pointe.
Quatrième et avant dernier jour de la rencontre à l’Avant-Scène, salle de répétition du Bateau Feu, scène nationale de Dunkerque. Longue journée de travail marquée par une succession d’enchaînements en partie livrés à l’improvisation. Hormis en fin de journée où l’on a mis en place un répétition de tout le texte de manière très dirigée, en tentant de faire réapparaître dans le jeu des trouvailles antérieures. On a encore une journée devant nous. Il nous faudra ne pas finir trop tard car un grand nombre de gens prennent le train demain soir. Les dernier-e-s quitteront Dunkerque samedi matin dont l’autrice. Dunkerque-gare est en travaux et il faut bien regarder où l’on met les pieds. Les lampadaires ne fonctionnent pas. Dunkerque est par ailleurs une jolie ville, au charme certain. Avec la proximité de la digue de Malo, on se dit qu’il doit faire bon y vivre. La dernière fois qu’on a répété à l’Avant-Scène, c’était lors du spectacle sur les coulisses des Veillées. En 2013. Le temps hémophile coule.


