Avec les gens, avec les gens, va! Tout s’en va…

Même le mauvais temps…

Ce matin, en nous réveillant de bonne heure et en ouvrant les volets de notre résidence d’artistes toute neuve, nous avons eu cette réaction, bien humaine ma foi, de nous dire:
« Argh, bof, il pleut et il fait froid…Vite une couette, le chauffage et un café chaud ».

Mais nous avons mis nos polaires, chaussettes, chaussures et capuches pour partir dehors proposer aux gens nos protocoles artistiques pour construire le film-spectacle…

Et là, tout ça était parti: cette envie folle de rêvasser sous la couette, envolée!
On a rigolé, échangé, dansé, partagé avec tous les loonois-es croisé-e-s qui, eux, aussi avaient eu cette idée folle d’affronter le froid et la bruine pour acheter qui un poulet rôti, qui un chou-fleur bio, qui un morceau de fromage…

Il y a…

A Loon-plage, il y a le bienvenu des poilus
Il y a la petite chapelle restaurée
Il y a la chapelle de la mairie le vendredi soir
Il y a la gueule de bois du carnaval
Il y a un marché le dimanche matin
Il y a une église
Il y a le regretté clipon
Il y a un méthanier à trois cuves
Il y a le quartier des Kempes où il y avait une très grande kermesse
Il y a beaucoup d’équipements pour les jeunes, les personnes âgées
Il y a un skate parc
Il y a un espace jeune où le chauffage est au sol
Il y a un atelier bois
Il y a un canal qui limite la ville
Il y a des agriculteurs qui oeuvrent pour le circuit-court
Il y a La tente verte
Il y a énormément d’associations
Il y a le vent, la pluie, les marées
Il y a une ancienne brasserie très belle
Il y a des maisons en brique des anciens salariés d’Usinor
Il y a du yoga, du javelot: du javelot-yoga peut-être?
Il y a Dominique qui connait le nom de toutes les rues par coeur
Il y a encore plein de choses à découvrir…

Plus près de toi…

Ce matin, chaîne-hifi portative et musique de valses à côté de la sortie de l’église, juste devant une reconstitution de la Grotte de Lourdes. Chassé-croisé entre la fin de la messe et le début des baptêmes dominicaux.

Nous invitons les Loonois et Loonoises à danser. Beaucoup acceptent. Des enfants s’inquiètent : « Maman, tu vas être jalouse ». Mais Maman n’est pas jalouse, elle trouve aussi un partenaire de danse, cela la rend heureuse : « Déjà que j’ai pas l’habitude de danser, mais là, en plus, devant l’église ! ».

Nous distribuons aussi des flyers pour Samedi prochain. A Loon-Plage on ne s’étonne pas que l’on vienne faire un spectacle sur le village. Souvent, plus que les flyers, il semble que c’est le rendez-vous qui est pris.

Mais que deviennent les valses de Vienne?

Ce matin, sous la pluie, toute l’équipe a valsé devant l’église de Loon-plage. C’est le dimanche des baptêmes. C’était aussi le bizutage de valse de notre ami Lucien. Il a passé l’épreuve avec succès avec au moins deux valses à son actif.
On est très étonné de l’accueil simple et chaleureux que nous rencontrons à Loon-plage. Les personnes que l’on croise s’arrêtent très facilement pour discuter avec nous, les portes s’ouvrent vite et les gens participent joyeusement à nos propositions.
Cet après-midi, sous le vent, nous allons repartir en plusieurs équipes faire du porte-à-porte et demander aux gens ce que l’art et la culture représente pour eux.

encore une nuit sans georges

Deuxième jour de Portrait à Loon Plage. Les camarades sont allés à Malo les Bains pour le carnaval, ils sont allés de cafés en cafés, déguisés pour participer pleinement à la fête. Les garçons étaient habillés avec des robes, des jupes et des perruques, et Marie en reine de la nuit. Ce matin, on danse la valse dans le centre-ville. Sous la pluie, sous un ciel si bas qu’on peut toucher les nuages. En avant les valses de Vienne.

La Petite Mère des Champs-Élysées

la-route-Mardyck

Les Champs-Élysées, c’était le café de la route de Mardyck. Sur cette photo de la route de Mardyck, on ne le voit pas, mais presque, c’est juste un tout petit peu plus haut, au coin de la rue. Aux Champs-Élysées, Georgette faisait crédit : dans son café, les ouvriers venaient tous les jours, prendre « une goutte » à 6h du matin, avant d’aller travailler, et ils réglaient leur ardoise seulement une fois par mois, au moment de la paie. Les Champs-Élysées faisait banque aussi : Georgette prêtait de l’argent à ceux qui en avaient besoin. Elle nous raconte qu’en 21 années, il n’y a jamais eu de souci de remboursement, jamais, alors elle prêtait à chaque fois qu’on le lui demandait. Les clients l’appelaient la Petite Mère.

La Plage

Dans Loon, il y a deux « o » collés, mais on ne dit pas « ou », on dit « o ». Ça, c’est clair. Mais la plage ? Où est la plage ? Est-ce qu’on peut se baigner à Loon-Plage ?
Alors, on nous explique que, oui, on peut toujours se baigner. Mais, voilà, ce n’est plus la grande plage, le Clipon, où il y avait même une colonie de vacances, un café, une église. Ça a été un peu envahi par les usines. Il y a toujours une plage, mais petite et avec les usines dans le paysage. Alors, oui, on peut se baigner, mais on n’y va plus vraiment, on va un peu plus loin maintenant.
Mais, au fil des rencontres, nous remarquons vite que, même dans les conversations courantes, les habitants d’ici ne disent pas tellement « Loon », ils ne l’abrègent pas le nom de leur ville, ils s’appliquent souvent à le prononcer en entier : « Loon-Plage ». Peut-être que c’est pour être sûr ne pas l’oublier, la plage de Loon.

Loon-Plage for ever

Lui est de Gravelines. Elle, de Loon-Plage. Il passait en vélo à Loon-Plage, le jour où il l’a vue pour la première fois, il avait 16 ans, elle, 17. Quelques années plus tard, ils se mariaient, à Loon-Plage. C’était il y a cinquante ans. Ils se sont installés à Loon-Plage, ils n’ont jamais quitté Loon-Plage, n’ont jamais eu envie d’aller vivre d’ailleurs.
Pour l’une des séquences du film-spectacle que nous présenterons ce samedi 6 février à la Salle Coluche, nous leur avons posé cette question : « Et si vous aviez une baguette magique, qu’est-ce que vous changeriez à Loon-Plage ? ». Lui comme elle – pourtant interrogés séparément et sans concertation – ont répondu exactement la même chose, sans aucune hésitation : « Rien, je ne changerais rien à Loon-Plage, pas besoin de baguette magique. On a absolument tout ce qu’il nous faut ici. »