De l’écriture du passé et du présent.

Au CCAS, avec les personnes âgées, ont été mis en place des « Ateliers de la Mémoire ». Ce sont des ateliers d’écriture, une manière détournée de travailler sa mémoire grâce aux souvenirs, d’aller fouiller dans les recoins mal rangés de son cerveau. Et ça marche, on nous rapporte des noms, des traces de Loon-Plage d’avant, pendant et après la Seconde Guerre Mondiale.
Le point de départ sont des photos, une manière de convoquer les souvenirs par l’image. Des photos anciennes ou récentes. Et il y a l’objectif de rencontrer des jeunes qui écrivent sur le présent, toujours à partir de ces photos.
Il semble que cette recherche fait sens dans son ensemble, on est parfois effrayé par l’absence de conscience du passé par la jeunesse, ou l’indifférence du présent par les personnes âgées. Par ces rencontres intergénérationnelles, on créé du lien entre les vivants, et on laisse des traces pour ceux qui nous suivront.
Ecrire sur le présent ou le passé, c’est à chaque fois une manière de préparer le futur.

Mourad nous raconte une Histoire d’Arbres. Et tout cela s’éclaire en un instant.

Marie…

Marie a 73 ans, elle en fait 20 de moins.

Marie habite Loon-plage depuis des années, elle y a suivi son mari.
Elle vient de Bruay-en-artois, elle y a passé son enfance et elle est fière, extrêmement fière d’être fille de mineur. Elle a passé une enfance idéale nous dit-elle. Une enfance chiche, ils n’avaient pas grand chose, mais une enfance de solidarité, d’entraide. Personne ne connaissait la solitude…Quand elle est arrivée dans le dunkerquois, elle a eu du mal à s’y faire. Tout cela n’existait pas ici. C’est propre à la mine.

Elle a eu un manque.

Elle s’est mariée à 17 ans, a élevé ses 3 enfants puis a aidé ses enfants à élever ses petits-enfants. Elle a arrêté l’école à 14 ans.

Et là, encore, elle a eu un manque.

Elle a toujours un manque Marie, alors elle s’est plongée dans le théâtre. Maintenant, c’est pratiquement toute sa vie. Son mari est décédé en 2007, ses enfants sont grands, elle s’y consacre à fond.

Marie, elle adore lire aussi.

Elle lit le théâtre, elle lit pour elle mais elle lit aussi pour les personnes mal-voyantes. Elle est personne-relai à Loon-plage pour ces personnes.
Moi, c’est la lecture, tout autour de la lecture et le théâtre nous dit-elle. Ses enfants ont fait de la musique, à Loon-plage. Apparemment, ce serait une ville où le niveau de l’enseignement musical est excellent. Mais elle n’est pas musicienne Marie, c’est une comédienne.

Moi, c’est le théâtre…

Du bois tendre…

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Ils travaillent tous les styles de bois à l’atelier bois de Loon-plage: Le tilleul, le chêne, le merisier, etc.
Ils ont tous les styles à l’atelier bois de Loon-plage: animalier, abstrait, paysager, etc
Ils ont tous les âges à l’atelier bois de Loon-plage: 15, 52, 65 ans
Ils ont tous le sourire à l’atelier bois de Loon-plage.
Ils ont tous la passion du bois à l’atelier bois de Loon-plage.

Le Tour du Monde des cloches de Madame Henriette Valence

La première cloche lui venue de sa grand-mère qui tenait un bistrot au Clipon. La deuxième cloche de son fils, parti vivre en Suède. Et voilà, 2 cloches, c’est le début d’une collection. Et hop, c’est parti. De chacun de ses voyages, Henriette rapporte une cloche. Sa famille et ses amis s’associent à sa passion de campanaphiliste, et lui rapportent des cloches des 4 coins du monde. Aujourd’hui, elle nous montre plus de 300 cloches, qui viennent donc de Loon-Plage, de Suède, d’Inde, de Chine, du Vietnam, du Japon… Chez Henriette, on peut faire le tour du monde, sans bouger de Loon-Plage.les-cloches-loon

Nouvelles et Histoire

Elisa Dalmasso écrit des nouvelles. Elle a fait des concours d’écriture de nouvelles, ses textes ont circulé.
Un éditeur l’appelle, et lui propose de la publier.
Elle a écrit un livre sur Naples, son mari était d’origine italienne. C’est l’amour pour le pays et son mari qui l’a fait écrire, et la chaleur napolitaine, le patrimoine historique.
Elle écrit beaucoup de nouvelles sur la place des Femmes dans la société. Elle travaille actuellement sur les femmes migrantes et réfugiées, notamment grâce à l’association La Cimade, à Lille. Le livre devrait sortir à l’automne.

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C’est la médiathèque de Loon-Plage qui l’a contacté pour travailler sur la Mémoire de la ville. En ateliers d’écriture ils sont d’abord passés par la parole, et puis ils ont posé tout ça sur le papier. Pour Elisa, tout le monde a le talent nécessaire pour écrire son histoire. Une exposition photo, de Loon-Plage d’hier et d’aujourd’hui, à laquelle seront associés les textes de l’atelier est en cours de préparation.

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L’Histoire de Loon-Plage n’est pas laissé de côté. Des historien.ne.s se penchent sur la question, et peut être incluront-ils dans leur livre des extraits de l’atelier d’écriture.

On a parfois l’impression qu’habite en nous, un colocataire…

Lundi soir, Mourad, Isabelle et Marie sont partis rencontrer les Ducabo, troupe de théâtre amateur de Loon-plage. On a eu un bel accueil plein de rires, de citations farfelues, de bières fraiches et de chips à la patate violette.

On a fait des micro-interviews sur ce qu’apporte le théâtre dans une vie, puis Mourad a fait deux démonstrations de percussion corporelle qui ont passionné David, le responsable de la troupe.

Puis, tout le joyeux petit groupe nous a fait un extrait de leur prochain spectacle sur Prévert.
Encore des citations mais sous un autre angle.
Cela faisait plaisir à voir car on sentait même, par le filtre de la caméra, tout le bonheur et la joie qu’ils avaient d’être là, de faire cela et surtout, je pense, d’être ensemble.

On a gagné grâce à eux un pari que Guy ne veut pas honorer. Pourtant, Mylène des Ducabo a bien retenu et dit à la caméra la citation suivante et c’est une première en treize ans de portrait :
« Le temps mange la vie / Et l’obscur Ennemi qui nous ronge le coeur / Du sang que nous perdons croît et se fortifie ».

Magnifique, merci Mylène !et merci tous les autres : David, Eric, Orlane, Moon, Laurence, Sylvie, Marie et Karine.

Percussions corporelles à l’atelier peinture

atelier-peinture-LoonNous sommes venus à l’atelier peinture adulte du lundi après-midi. Didier propose des mini-interviews, demande à chacun ce qui l’a amené ici et pourquoi il y est resté. Marie explique la démarche d’HVDZ et veille à l’installation autour du café et à ce que chacun ait une chouquette. Isabelle propose des citations que l’on retrouvera dans le ‘générique de fin’ du film-spectacle. Anne recueille son carnet la parole du dessinateur de manga. Jérémie vient recruter un par un, les artistes-peintres d’accord pour poser pour les « pas-de-porte », une autre séquence du film.
Mais il y a des timides, des hésitations à présenter sa toile, des hésitations à répondre aux questions en étant filmé, des hésitations à choisir une citation et à la dire en regardant dans la caméra.
Et tout à coup, Mourad prend la parole : « Je propose de vous offrir une petite danse. Ça s’appelle de la percussion corporelle. Les pieds, c’est les basses, les mains, les caisses claires, et le reste du corps, c’est les variantes… ». Certaines s’inquiètent : « On ne devrait pas aller dans la pièce d’à côté, il n’y a pas beaucoup de place ici pour danser, vous allez vous cogner dans quelque chose, vous allez vous faire mal. » Mourad les rassurent et danse, devant les tables et les chevalets : les sourires qui grandissent, les yeux qui s’écarquillent, tous les visages sont tournés vers Mourad. Mais tout à coup, Mourad s’arrête : « À vous ! » Eclats de rires chez les peintres. Mais Mourad ne lâche pas : « Quand je dit : est-ce qu’il y a des pieds, il faut taper des pieds. Est-ce qu’il y a des pieds ? » et boum boum, tout le monde frappe le sol avec ses pieds. « Est-ce qu’il y a des mains ? » Là, les peintres lâchent les pinceaux, et ça y est : clap clap, tout le monde frappe deux fois dans ses mains. « Est-ce qu’il y a un torse ? » Tout le monde se frappe le torse. « Est-ce qu’il y a des cuisses ? » Et tout le monde se frappe les cuisses. Mais tout à coup, Mourad en rit d’avance, nouvelles consignes : « Quand je dit, est-ce qu’il y a des pieds, il faut taper des mains. Quand je dit, est-ce qu’il y a un torse, il faut taper sur ses cuisses. » Concentration dans l’atelier, ça bouillonne, ça frappe, ça réussi, ça rate, ça réussi, ça rate.
Fous-rires.
Et voilà, quelque chose a changé. Il y a moins de timides, moins des hésitations à présenter son tableau, à répondre aux questions en étant filmé, à choisir une citation et à la dire en regardant.
Et l’atelier de peinture sera bien là, dans le portrait de Loon-Plage.

10 ans par hasard, et sans la moindre hésitation, ce n’est pas fini

atelier-peinture-Pascale-LoonC’est sa sœur qui venait à l’atelier de peinture, Pascale elle n’avait jamais pensé à peindre, fermement persuadée de ne pas savoir dessiner du tout. Un jour, elle s’est laissée convaincre pour faire un essai, juste pour ne pas avoir à dire encore : « Mais non, ce n’est pas pour moi ». Et voilà. Ça fait 10 ans qu’elle est là. Sa sœur a arrêté depuis longtemps, mais elle, Pascale est une vraie passionnée. Elle enchaine toile sur toile. Et celle sur laquelle est travaille en ce moment, pour la première fois, c’est une toile qu’elle peint pour quelqu’un en particulier. Ce sera un cadeau. Un peu de trac, mais surtout beaucoup de bonheur. On n’a pas pu savoir pour qui elle peignait, parce que c’est une surprise. Et donc on ne dira pas non plus ce qu’on a vu.
Plus tard, quand on propose le jeu des citations, Pascale choisit celle-ci : « En te voyant pour la première fois, c’est sans la moindre hésitation que je t’ai reconnu. »