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quarante minutes

Dernier Filage. Chacun de son côté, on relit, on se concentre, ou pas. On fait ce qu’on a à faire avant de jouer.
Charlotte répète en boucle qu’elle s’appelle Veridiane et qu’elle a quinze ans. On part de l’émotionnel, c’est avec Fernando que j’ai découvert le théâtre au centre culturel.
Et tout.
On va clore ce beau labo. C’est pas sûr que le spectacle soit beau ou quoi, c’est pas certain, parce qu’on peut jamais savoir quand on est dedans et qu’on a encore jamais joué, ce serait abusé, mais le labo, les quinze jours, c’était beaucoup de plaisir avec du doute, des questionnements, des émotions de nostalgie, saudade, revenir sur, s’interroger, revenir aux arts plastiques, re-penser encore aux moments. Gonflés à bloc, pour se retrouver, après les vacances, dans de nouvelles expérimentations, à Lille.
Charlotte, encore, dit je m’appelle Veridiane. Marie s’habille. Et puis Dorothée, Camille, et puis Hervé. Défilé dans la salle deux, qui sert de loges . Et voilà Didier, maintenant. Puis Guy. On joue dans quarante minutes.

Techniciens-magiciens

Techniciens magiciens, Pierrot est arrivé aujourd’hui. Et hier, c’est l’équipe de Culture Commune qui a installé avec nous le plateau. Stéphane, Jean Pierre, Greg.
Le plateau est grand et propre, si on le compare à la salle deux, qu’on investit tellement, qu’on remplit de tout et de rien et de mobilier, agrès, matériel informatique, archives, écrans et tout…
Au plateau.
On va faire un filage, et un autre filage, et on joue ce soir à 19h. déjà.

papagaio de pirata

Mercredi. Enchaîné directement sur jeudi, ce qui fait que demain déjà, on joue. Demain c’est vendredi.
On joue.
C’est pas une veillée, c’est différent, c’est tellement différent qu’on sait pas ce que c’est. Pas encore. En tous cas c’est plein de veillées. Rempli de la matière des veillées. La riche matière des veillées. On pourrait faire des dizaines de spectacles. On est les gardiens d’un trésor. On est des pirates.

la vie te dressera

Annie Ernaux, Les Années, encore…

La langue, un français écorché, mêlé de patois, était indissociable des voix puissantes et vigoureuses, des corps serrés dans les blouses et les bleus de travail, des maisons basses avec jardinet, de l’aboiement des chiens l’après midi et du silence qui précède les disputes, de même que les règles de grammaire et le français correct étaient liés aux intonations neutres et aux mains blanches de la maîtresse d’école.
(…)
Comme toute langue, elle hiérarchisait, stigmatisait, les feignants, les femmes sans conduite, les « satyres » et vilains bonshommes, les enfants « en dessous », louait les gens « capables », les filles sérieuses, reconnaissait les hauts placés et grosses légumes, admonestait, la vie te dressera.
Elle disait les désirs et les espérances raisonnables, un travail propre, à l’abri des intempéries, manger à sa faim et mourir dans son lit.
Les limites, ne pas réclamer la lune, des choses par dessus les maisons, être heureux de ce que l’on a
l’appréhension des départs de l’inconnu parce que, quand on ne part jamais de chez soi, n’importe quelle ville est le bout du monde
l’orgueil et la blessure, c’est pas parce qu’on est de la campagne qu’on est plus bête que d’autres.