Blog

Un chef d’oeuvre d’éco-shop

Lycée de la Peupleraie, bâtiment C. Entre deux salles de classes dans le coin des profs de littérature & histoire, une porte avec un écriteau « Eco-Shop ». J’ouvre la porte : une fripe ! Une boutique de seconde main soigneusement rangée et organisée par taille et par article. Incroyable. Mon coeur d’afficionados de la seconde main palpite fort.

Depuis septembre 2019 et la réforme de la voie professionnelle les élèves de CAP et de baccalauréat professionnel doivent réaliser un « chef d’oeuvre ». Ces projets, collectifs ou individuels, ont pour but de mettre en valeur les compétences acquises au cours des formations. Les élèves de terminale des métiers du commerce et de la vente de la Peupleraie promotion 2022 ont proposé la création de cet « éco-shop », qui propose à la fois des vêtements, chaussures et accessoires, ainsi que la vente de produit responsable (shampoing et savons solides réalisés par les élèves), croisant ainsi enseignements généraux et enseignements professionnels. Les élèves tiennent la boutique une fois par semaine, un article 3€, 5 articles 10€ ! L’argent récolté permettra aux terminales de faire un voyage à la fin de l’année.

Forcément ça nous donne des idées, RDV demain !

Acronymes à Sallaumines

C’est parti pour un séjour au lycée professionnel de Sallaumines, La Peupleraie, juste à côté du collège Paul Langevin.  Ici, environ 400 élèves, répartie en différentes sections. Pas de classe A, B, ou C ni de 1, 2, 3. Place aux TNE, aux LOG A ou B, aux MRC1 ou 2, aux OPL et aux MCV !

Un joli méli-mélo de bacs professionnels et CAP, demandant une petite gymnastique intellectuelle : un.e 2TNE est un.e élève qui vient d’arriver mais le 2OPL1 est déjà là depuis deux ans. Parce que les 2TNE sont en bac pro est donc en seconde, tandis que les 2OPL sont en seconde année de CAP. M’voyez ?

Pour vous en dire un peu plus, si vous souhaitez étudier l’électricité, vous serez en TNE. Si vous souhaitez étudier la logistique et tout ce qui est lié à la gestion de commande, ça sera en LOG. Vous pouvez devenir Equipier Polyvalent de Commerce avec un CAP EPC. Pour les Metiers de la Relation Client lié au Commerce, ça sera 2MRC en entrant au lycée. Mais l’année suivante ça sera 1MCV pour les Métiers du Commerce et de la Vente. Puis TMCA en Terminale. Et encore je vous épargne les groupes A et B parce que c’est pas simplement une division de la classe par ordre alphabétique : les A sont en option « Animation et Gestion de l’Espace Commercial « , les B en « Prospection Clientèle et Valorisation de l’Offre Commerciale ». Vous suivez ? Moi pas trop, mais il me reste quelques jours pour être un peu plus au point.

D’où l’on vient et où on va

Ce matin, on a pu rencontrer plusieurs élèves, de toutes formations confondues. On leur a demandé de raconter leurs parcours : comment iels sont arrivé.e.s à la Peupleraie, comment iels ont fait ce choix, d’où est-ce qu’iels arrivaient, qu’est ce qui leur plait dans cette formation, comment est-ce qu’iels se projettent, comment est-ce qu’iels imaginent leur avenir ? On parle du côté professionnel bien sûr, parfois un peu de personnel se glisse entre deux réponses.

Et plusieurs fois on entend « je m’attendais à quelque chose de pire » ou « j’avais entendu des rumeurs ». On creuse un peu et on comprend que ces rumeurs naissent de l’image dévalorisante qu’ont les formations professionnelles du secondaire. Des préjugés qui véhiculent l’idée selon laquelle on fait un parcours professionnel par défaut, par dépit, parce qu’il n’y a pas les capacités pour faire « mieux ». C’est dur et triste de voir comme ces a priori perdurent et surtout comme on considère peu la singularité de chaque personnalité, comme on juge sur la capacité à se conformer à un système, qu’il soit scolaire ou non.

Et après ça, on nous raconte aussi des histoires qui réchauffent un peu le cœur, quand un élève explique face caméra qu’il était isolé à son arrivée dans l’établissement, qu’il a subi des moqueries mais qu’il a réussi à faire face en restant lui même et qu’aujourd’hui il s’est fait une bande d’amis. Des histoires de tolérance et d’acceptation, ça fait toujours du bien à entendre.

Mouvement national de grève contre la réforme des retraites, en majuscules.

Même si le lycée n’est pas rempli, on a tout de même pas mal de chose à faire. A commencer par récupérer caméra, trépied et micro. C’est mourad et alex qui partent les premiers. Rarement l’un sans l’autre. On fait deux teams : une pour les interviews, l’autre pour les images. Nous laissons le cdi pour retrouver les classes. Dix heures vingt, rendez-vous avec les 1opl1.  En première année, iels étudient la logistique. Mourad fait des traversées dans la cours. Il les entraine.  Suivent les élèves pour danser avec lui. S’iels ne sont pas dans la cour, iels sont avec Isabelle et zelda, qui leur posent des questions sur la manière dont iels sont arrivé.e.s dans ce lycée, sur ce qu’iels souhaitent pour l’avenir. On sait que la grève rend la journée un peu particulière et on pense bien à celleux qui marchent dans la rue pour défendre nos droits et montrer notre mécontentement. Nous, on est là, on est là avec nos portraits, nos questions et nos caméras.

 

Jour 1 – ça commence !

Salut la Peupleraie !

Nous c’est la compagnie Hendrick Van Der Zee, ou plutôt HVDZ. Vous allez nous croiser dans les couloirs, dans la cour, dans les classes, à la cantine, à l’atelier au CDI.

Alexandre, Isabelle et Mourad sont arrivé.e.s aujourd’hui, le mercredi 22 mars, Zelda les rejoindra demain. Première journée de la première session au lycée professionnel de Sallaumines dans le Pas-de-Calais. On est presque à la maison, du moins à la maison d’HVDZ puisque la compagnie est basée à Loos-en-Gohelle. On voit même les terrils jumeaux par la fenêtre, ceux de la base 11/19. Si on zoomait un peu on pourrait voir le carreau de fosse, peut-être même la fenêtre des bureaux de la compagnie.

La Peupleraie c’est environ 400 élèves réparti.e.s entre CAP et baccalauréat professionnel en électricité, logistique ou commerce et vente. Des élèves qui viennent de Sallaumines, parfois de beaucoup plus loin pour la formation qu’iels ont choisi.

Ce projet à la Peupleraie n’est pas tout à fait comme les autres. Quand on fait un Instantané – c’est comme ça qu’on appelle les portraits que l’on fait des établissements scolaires – on reste cinq jours : trois jours d’immersion et de rencontres, un jour de répétition puis un de représentation. Ici, nous aurons plusieurs temps au lycée : d’aujourd’hui à lundi, puis trois jours en mai, et deux jours en juin pour les répétitions et le spectacle. Et on est bien content.es que ça commence !