autour de La Sentinelle

L’église est une ancienne construction des mines, la machinerie d’un puits de mine qui se trouve aujourd’hui au milieu de l’église, couvert de pavés de verre. L’église est classée ainsi que quelques corons, dont ceux qu’on appelle les corons du Pas de Calais. Le parvis de l’église est en reconstruction. On y installe un escalier en pierres bleues. Il y avait sept puits de mine sur le territoire de La Sentinelle. Le village n’existe que depuis les années 1900. Auparavant ce n’était qu’un hameau de Trith Saint Léger. La population s’est considérablement accrue et La Sentinelle a pris son autonomie. Il y a toujours beaucoup de commerces au village. Au sortir de La Sentinelle, vers Denain, se trouve une énorme zone d’activités commerciales qui crée d’énormes embouteillages en fin de semaine, tout le long de la route qui va de Valenciennes à Denain et vers la sortie de l’autoroute A2, qui coupe La Sentinelle en deux. Le village est fragmentée par deux autoroutes, l’A2 et l’A23, qui créent par ailleurs des nuisances sonores. Les Sentinellois ont du dû attendre très longtemps avant la construction d’un mur anti-bruit.

Choses vues et entendues à La Sentinelle

Didier dit La colère c’est un échange.
Cinq enfants font du roller à toute vitesse dans le soleil, ils passent de La Sentinelle à Valenciennes et de Valenciennes à La Sentinelle.
Madame Delplanque n’aime pas les talus non fauchés, les chardons, là, c’est sale. Mais elle aime le bosquet de saules à l’entrée du lac.
Rollande regrette que sa cuisine et son salon soient situés à l’arrière de sa maison : du coup, elle ne voit plus personne. Alors parfois elle sort en fauteuil roulant et se poste dans la rue.
Cécile a 94 ans. Elle s’approche tout près de nous : J’y vois pas clair! Elle est gaie, Cécile.
Violette a des ennuis de santé. Mais elle trouve que le bonheur, c’est un ensemble de petites choses simples.
Un vieil homme passe dans la rue, en vélo. Il ne veut pas répondre à nos questions : il va dîner, et puis j’ai sorti ma caméra trop vite. Hier, déjà, je l’avais vu passer, avec un potiron sur son porte-bagage. D’ailleurs il nous dit Si vous voyez le voisin, dites-lui que j’ai un potiron pour lui. Il nous a pris pour le fils de la maison.
Certaines personnes ne sont pas coiffées, alors elles ne veulent pas être filmées. D’autres protestent puis acceptent : je crois que ça leur fait plaisir qu’on les regarde un peu.
Une dame est venue nous amener un prospectus sur l’église. Son chien dort 14h par jour : c’est un chien chat, elle dit. Bon, il était en photo à la boulangerie, j’l’ai regardé pendant un mois et puis je l’ai pris.

La chasse

Sur le parking du tram rue du quatre septembre un groupe d’hommes et leurs chiens attendent neuf heures. Ils partent, à la queue leu leu et s’alignent dans le champ de betteraves, soleil bas, doré, dans le dos. Les chiens courent et sautent dans le champ mouillé, on dirait qu’ils nagent. Les hommes avancent en ligne, il faut marcher entre les plants pour ne pas détruire. Un homme siffle dans son appeau. Un autre guide son chien, Félix! Viens ici gamin! Viens ici! Félix! Là, il y en a un qui est à l’arrêt! On sent une certaine suspension, suspension des gestes, des souffles. Les chiens cherchent, les hommes crient et guident. D’un coup, un faisan s’envole et part droit dans le soleil. Vous savez le gibier il est plus malin qu’nous, la plupart du temps.
Les faisans, là, on les a lâchés un quart d’heure avant le début de la chasse. On leur met la tête sous l’aile, on tourne cinq fois puis ils s’endorment. Ils se réveillent dans le champ, les chiens les débusquent. À la fin, on partage le gibier.
Michel est garde-chasse. Il fait ça bénévolement, avant ou après le travail. Il est aussi soudeur aluminium, il fabrique le nouveau métro de Lille, le TER. Alors comme il aime la nature, il a trouvé ce moyen-là, la chasse. Il surveille les espèces, il prélève les nuisibles, bague les animaux tués quand les quantités sont limitées – c’est le préfet qui donne les chiffres. Ici, on chasse les faisans, les perdrix, les pigeons ramiers, les lapins, les lièvres, les tourterelles. On entretient le territoire, aussi. Quand y’a un renard, les particuliers appellent Michel. Et puis l’arbre qui est tombé dans le champ, là-bas, ce soir ou demain, Michel ira le débiter, pour nettoyer.

Les pommes de terre à la lavette

On a rencontré Madame Hurez dans la rue qui nous a dit que son plat préféré était les pommes de terre à la lavette…

Bon, on garde la recette pour nous car nous sommes trop gourmands mais on peut vous raconter l’anecdote que Madame Hurez nous a racontée sur son mari. La première fois où elle a demandé à son mari de préparer ce plat pendant qu’elle partait faire une course, il a fait cuire des pommes de terre, recouvertes par une lavette.

A son retour, elle fut certainement partagée entre le dépit de ne pas manger son plat préféré et de piquer un énorme fou rire!

Le porte à porte c’est difficile mais c’est plaisant

On a sonné aux portes et on nous a ouvert. On nous a même souvent invités à rentrer, à boire un verre. Ici ça sent la bonne soupe avec un navet et un poireau et une pomme de terre et puis surtout, du jarret, parce que Cécile n’aime pas la viande qui s’effiloche. Là, c’est une odeur de champignons. C’est midi. Dans les petites maisons qui donnent sur les jardins, on s’apprête à se mettre à table, mais ça n’empêche pas de parler un peu, des événements du quotidien ou de la santé parfois défaillante.