La chasse

Sur le parking du tram rue du quatre septembre un groupe d’hommes et leurs chiens attendent neuf heures. Ils partent, à la queue leu leu et s’alignent dans le champ de betteraves, soleil bas, doré, dans le dos. Les chiens courent et sautent dans le champ mouillé, on dirait qu’ils nagent. Les hommes avancent en ligne, il faut marcher entre les plants pour ne pas détruire. Un homme siffle dans son appeau. Un autre guide son chien, Félix! Viens ici gamin! Viens ici! Félix! Là, il y en a un qui est à l’arrêt! On sent une certaine suspension, suspension des gestes, des souffles. Les chiens cherchent, les hommes crient et guident. D’un coup, un faisan s’envole et part droit dans le soleil. Vous savez le gibier il est plus malin qu’nous, la plupart du temps.
Les faisans, là, on les a lâchés un quart d’heure avant le début de la chasse. On leur met la tête sous l’aile, on tourne cinq fois puis ils s’endorment. Ils se réveillent dans le champ, les chiens les débusquent. À la fin, on partage le gibier.
Michel est garde-chasse. Il fait ça bénévolement, avant ou après le travail. Il est aussi soudeur aluminium, il fabrique le nouveau métro de Lille, le TER. Alors comme il aime la nature, il a trouvé ce moyen-là, la chasse. Il surveille les espèces, il prélève les nuisibles, bague les animaux tués quand les quantités sont limitées – c’est le préfet qui donne les chiffres. Ici, on chasse les faisans, les perdrix, les pigeons ramiers, les lapins, les lièvres, les tourterelles. On entretient le territoire, aussi. Quand y’a un renard, les particuliers appellent Michel. Et puis l’arbre qui est tombé dans le champ, là-bas, ce soir ou demain, Michel ira le débiter, pour nettoyer.

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