rencontre avec les pigeons

Ce lundi matin, on est allé au club de colombophilie de La Sentinelle. Didier Olain nous attendait. On a appris plein de choses sur les pigeons voyageurs et les concours à courte, moyenne ou longue distance (vitesse, demi-fond et fond). Sur les jeunes pigeons, les pigeons d’un an et les vieux. Au delà d’un an (deux saisons), un pigeon est classé dans la catégorie des Vieux. Didier Olain nous a présentés ses champions, dont un pigeon roux qui a déjà gagné bien des concours. C’est l’époque de la mue des pigeons qui normalement doivent avoir perdu, aujourd’hui (fin septembre-début octobre), leurs couteaux (une plume particulière, proche de l’extrémité des ailes), qui repousseront au début de l’année prochaine. Didier Olain joue au veuf : avant de mettre son pigeon à concours, il rassemble les mâles avec les femelles. Le mâle est stimulé et donc devrait revenir plus rapidement au pigeonnier. Sur les concours de vitesse, mes pigeons sont envoyés à Clermont, Albert, St Quentin, en demi fond, ils sont envoyés à Blois, Tours, Poitiers, et en fond, ils sont emmenés à Perpignan, Montpellier, Barcelone. Barcelone est le concours le plus difficile.

A fond la vie !

On a fait un maximum de portraits chinois aujourd’hui. Dans toute La Sentinelle. Dans le centre et dans les environs. En une journée, on fait une centaine de maisons. Par groupe de deux. Et on a fait aussi du porte à porte pour filmer des pas-de-portes. On a fini la journée par de la danse. Mourad a dansé dans la rue et la campagne. Du step. On a vu plein de gens, passé la journée à discuter de La Sentinelle. A chaque pas, on en apprend un peu plus, à chaque porte. Les maisons sont belles. Les gens sont beaux.

Se voir vieillir à la Sentinelle

La Sentinelle pour Jeanne-Marie, c’est son enfance, ses racines…

Elle a de superbes souvenirs d’enfance ici, des amis, sa famille.

Elle y a aussi des coups durs, sa vie de femme, pas facile: le travail, ses 42h30 par semaine, les enfants qu’on veut amener vers un avenir heureux, se battre pour cela toute sa vie, mettre ses rêves à soi de côté.

Puis on prend de l’âge, les enfants partent et Jeanne-Marie a ressorti ses rêves de son tiroir. Elle a refait une licence à 57 ans, elle re-tapisse toute sa maison avec des couleurs modernes, elle veut partir en Italie pour aller vers ses autres racines car son père était italien.

Alors vieillir à la Sentinelle pour elle, finalement, c’est repartir vers ses rêves et la paix nous dit-elle!

En passant

Ce qui est bien dans le porte à porte par équipe c’est qu’il faut trouver le rythme de l’endurance, pour traverser le temps et les différentes dynamiques. Parfois les portes s’ouvrent les unes après les autres avec des rires et des sourires, Entrez, asseyez-vous, vous voulez un café? On discute, on reste même un peu silencieux ensemble. Quand la porte se referme, on sonne à la porte suivante et l’ambiance change, il faut se réacclimater.
D’autres fois, les portes ne s’ouvrent pas, les façades restent muettes, impassibles. On perçoit un bruissement de rideau, une ombre derrière une porte vitrée. Ou alors si on ouvre, on ne veut pas parler, on ne veut pas être filmé. On pourrait dire que ça n’est rien, que ça nous est égal, mais subtilement l’humeur change, quelque chose de différent nous porte, une mollesse, un courant sombre, des pieds de plomb. Et puis ça revient. Une porte s’ouvre, une dame appelle sa fille, un enfant nous répond, l’humeur change à nouveau. Et comme ça de maison en maison le temps s’est étiré. On a pas marché tant que ça, mais on a beaucoup vécu. Parfois entre deux coups de sonnette on se pose des questions sur le sens de la vie.

Ce qu’on ne verra pas à la caméra

Nous avons beaucoup discuté aujourd’hui lors du porte-à-porte. Mais si les gens se prêtent facilement au jeu, tout le monde ne veut pas passer devant la caméra. Ce serait dommage qu’il ne reste pas de traces de ce qu’il nous ont dit :

Ils nous ont dit que si la Sentinelle était un plat, ce serait des steaks-frites, du cassoulet, du poisson pané…Si la Sentinelle était une musique, ce sera du Depeche Mode, du U2, du rock (mais pour les personnes âgées nous a t-on dit, ce serait plutôt du Yvette Horner…).

On nous a dit aussi que même si la vie actuelle n’est pas facile, rien n’est jamais perdu, qu’il ne faut pas pleurer sur son sort et être battant. Personne n’est bête, tout le monde peut réussir! Faut juste être positif avec les gens, avec les jeunes et leur faire croire en leur avenir. Tout est possible.

Nous avons envie de finir ce dimanche ensoleillé sur cette note d’espoir tout aussi ensoleillée!