Josie Gay, sans le senti, le mental ment

Bouillon de mots. Je suis habitante de St Julien, depuis 1975. J’ai été conseillère municipale pendant 14 ans. J’ai fait mes études à Grenoble, j’ai bossé à Annemasse et Genève. A Genève, je faisais partie d’une association qui travaille avec les prostitué-e-s sur leurs conditions d’existence et de travail pour qu’elles-ils puissent vivre leur activité normalement, comme tout-e- citoyen-ne-. Ensuite, je suis devenue professeur en école sociale.

Il y a plusieurs strates de populations à Saint Julien en Genevois. Il y a des différences de richesse entre ceux qui travaillent en Suisse et les autres. On ne sait jamais ce qui va se passer quand on organise un évènement comme un spectacle ou autre. On ne sait jamais si on aura dix ou cent personnes.
Il y a aussi beaucoup de précarité car la vie est chère à Saint Julien.

J’ai toujours écrit. On a lancé l’atelier d’écriture dans les années 85. J’ai fait une formation d’animatrice d’atelier d’écriture et ensuite on s’est lancé. En 2003, l’année de la célébration des accords de Genève, on a écrit une pièce de théâtre. C’était une histoire d’amour entre entre un Genevois et une jeune femme de Saint Julien. On a eu un succès fou et toutes les associations de la ville se sont regroupées pour faire de ce moment, un évènement très populaire. Cette année-là s’est créée la troupe de théâtre 1603. Cette fête a engendré des énergies multiples.

On a aussi organisé un concert, avec l’orchestre national de Bulgarie. Plus de 300 personnes ont assisté au concert. L’orchestre a interprété des airs d’opéra, Carmen, la Traviatta…(vies de femmes héroïques), et nous nous sommes glissé-e-s dans les interstices musicaux pour lire nos textes. Nous avons été félicité-e-s par M. l’Ambassadeur de Bulgarie…
Aujourd’hui nous travaillons sur le projet « Demain » qui concerne l’écologie et le développement durable. On voudrait aller dans les parcs et dans l’espace public, mettre des affiches et prendre la parole (comme à Times Square, à Londres). Faire de happenings, des spectacles…

 

D, comme Direction G’nève

On rencontre aussi des Saint-Juliennois de longue date qui ont choisi de ne jamais travailler « de l’autre côté ». Mais quand même, ici, beaucoup rejoignent leur travail avec le bus D. Le bus D pour aller à G’nève le matin, le bus D pour revenir à Saint-Ju le soir. Une ville frontalière, c’est une réalité forte, une réalité particulière. Ici, il y a beaucoup de gens qui passent, qui partent, qui arrivent, qui repartent. Beaucoup qui habitent à Saint-Julien-en-Genevois parce qu’ils travaillent en Suisse ou souhaitent travailler en Suisse. Alors, quand on fait du porte-à-porte, on nous raconte souvent que « Saint-Julien, j’y habite depuis des années, mais je ne connais pas tellement » ou « Saint-Julien, y a rien à y faire, enfin, je ne crois pas qu’il y ait grand chose, je ne sais pas… ». Et la ville grossit selon des règles qui semblent être dictées par la frontière.

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Le comité des festivités a acheté une vieille caravane que les ami-e-s du comité ont transformé en buvette, qu’ils-elles changent de lieu à chaque nouvelle manifestation.
Le comité reçoit une subvention de la mairie qui couvre environ 40 à 60% des besoins de l’association. Le vide-grenier et la fête de la musique permettent de gagner un peu d’argent. Le comité demande une petite participation aux groupes qui utilisent le matériel de l’association.
Faut vivre poétiquement sa ville, alors on s’est mis dans l’associatif..

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Le comité des festivités aide les associations de la ville, comme Art Scénic ou la Musiquerie… Le comité prête du matériel de scène ou de la vaisselle. Il peut aussi aider des compagnies suisses. Tous les trois ans, le comité travaille avec le groupe Pantomime qui monte un spectacle de théâtre dans une grange de cultivateurs. Tous les gens qui travaillent à l’association sont bénévoles. Le comité avait créé une chorale dans les années 2000 qui s’appelaient les Coeurs de Loup. La chorale est allée en Louisianne et au Québec. M. Stalder était architecte et il a toujours fait partie d’associations. La technique, ça m’a plu, dit-il. Le comité a participé à l’organisation de la célébration des 200 ans de L’Escalade, traité de paix entre le Duc de Savoie et Genève. Notre groupe s’est crée à ce moment-là et on a dit, on reste ensemble. On a fait un énorme spectacle. La banque a frappé des pièces pour l’occasion. Une plaque fut posée derrière la mairie et on a donné une messe oecuménique.

Le comité des festivités dispose d’une salle de réunion et de trois salles de stockage. Un petit théâtre de plein air de 80 places a été créé dans la cour arrière.

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Rencontre en milieu d’après midi avec Jean Jacques Stalder qui est président du comité des festivités et organise, avec son équipe les Musicales de St Julien qui ont lieu chaque année dans tous les quartiers de la ville. Et aussi la fête de la pomme et du partage, le huit octobre. Beaucoup de bénévoles viennent ramasser les pommes. Cela représente une grosse activité pour le comité car pour la fête de la pomme, on récolte sept tonnes de pommes que l’on presse à l’ancienne. On vend, à cette occasion 3000 litres de jus de pomme aux habitants et aux gens qui viennent participer à la fête. De nombreux groupes animent la fête de la pomme et du partage, l’harmonie municipale, les scouts, les groupes folkloriques. Les bénéfices vont à l’association Alpha, qui lutte contre la faim dans le monde et au secours catholique. Lors de la fête, on mange des diots (saucisses locales).