Chalmazel, la belle

Chalmazel, la belle, simple et naturelle.
Chalmazel, c’est plutôt calme, il n’y a pas de zèle.
Mais elle peut être, quand il le faut parfois, caractérielle.
Chalmazel roule vite, c’est pas un diesel.
Chalmazel et son toit étoilé,
Son ciel couvert ou dégagé,
Nos yeux ne cessent de répondre à son appel…
Chalmazel n’est pas individuelle, mais plutôt fraternelle.
Elle partage ses paysages exceptionnels,
Ses forêts où les oiseaux peuvent reposer leurs ailes.
Chalmazel selon les saisons, un panel de couleurs surnaturelles.
Chalmazel a des jolies formes, ses montagnes éternelles, immortelles, exceptionnelles, ne cessent de nous plonger dans l’existentiel.
Chalmazel a des vaches et leurs mamelles
Nous apportent des produits sensationnels.
Chalmazel sent le bois, ses cheminées nous embaument bien plus haut que le sommet de la chapelle.
Chalmazel la belle, simple et naturelle, sucrée comme du caramel.
Chalmazel, il n’y en a pas deux comme elle !


Une tarte à la myrtille

Si Chalmazel était un plat cuisiné ou un dessert ?
Un plat de résistance, on vous dira peut-être le patia, mais si c’était un dessert, on est convaincus que c’est une tarte à la myrtille.
Nous avons goûté celle de Joëlle.
Cette année a été une année à myrtilles. Ça ne dure pas longtemps la période des myrtilles, mais il y en a eu vraiment beaucoup, alors Joëlle et Serge ont réussi à en mettre au congélateur pour pourvoir faire des tartes, encore aujourd’hui, alors qu’on est déjà fin-septembre début-octobre, et que le mois d’août est déjà loin.
Merci encore à Joëlle et à Serge, pour l’accueil (pour la conversation filmée qui sera dans le Portrait de Chalmazel) et bravo pour cette très belle et très très bonne tarte à la myrtille. (On en a repris.)

 

Jardinier de la forêt

En faisant du porte-à-porte à Jeansagnière dans l’idée de faire des portraits chinois pour le film-spectacle de vendredi, on rencontre un bûcheron qui ne veut pas être filmé. D’accord, il répond, hors caméra, à nos questions : si Jeansagnière était un plat, le patia (prononcer patchia), et c’était une chanson, que la montagne est belle de Jean Ferrat.
On est dans le bourg de Jeansagnière, devant un atelier de Paul, le père de Michel, qui était aussi bûcheron, et qui répare les outils de son fils quand il y a de la casse. Paul non plus ne veut pas être filmé pour la séquence du portrait chinois.
On ne sort pas la caméra, mais on discute et on apprend plein de choses, on apprend que la forêt de Jeansagnière n’est pas la même que celle de Chalmazel, puisqu’on est déjà bien plus haut, ici on est à 1100 mètres. La forêt, c’est du sapin naturel, du sapin pectiné, c’est trop haut pour le douglas (prononcer dougla) et les épicéas ne tiennent pas non plus, les racines sont trop en surface et ils meurent de soif. Et des hêtres, il n’y en a pas, c’est trop haut. Peut-être dans quelques années, avec le réchauffement ?
Michel, bûcheron donc, fait du jardinage dans la forêt, les coupes rases, ça lui donne la chair de poule. Mais malheureusement, dans bien des cas, les éclaircies on ne veut plus en entendre parler, il faut faire du chiffre. Et aussi, maintenant, on coupe à n’importe quelle saison de l’année, même quand il y a de la sève, puisqu’on enlève plus l’écorce sur le terrain. Avant, comme on laissait les écorces et des branches sur le terrain, les gens pouvaient venir les ramasser pour en faire du bois de chauffe.
Aujourd’hui, on fait appel aux bûcherons-jardiniers pour aller dans les endroits où les machines ne vont pas. Mais la tendance est à la coupe blanche et le sentiment est fort que ça ne reviendra plus vers autre chose.
« Quand on travaille dans le bois, il  y a des bonnes et des mauvaises années : comme ont dit, le bois, c’est en dents de scie. » / « Tu fais une charpente avec du bois d’un arbre coupé à 40 ans, ta charpente elle dure 40 ans. Tu fais une charpente avec du bois d’un arbre coupé à 100 ans, ta charpente elle dure 100 ans. »
On rigole, mais il y a du sérieux et de l’inquiétude dans tout ça. La nouvelle mode, c’est d’essayer avec le mélèze ici. Celui de Sibérie ou celui d’Europe ? Un hybride. Parce que l’un pousse vite mais tordu et l’autre droit mais lentement. Un hybride qui devrait pousser vite et droit. Espérons que ce ne sera pas lentement et tordu.

Le courrier par tous les temps.

Nous rencontrons René, qui a été facteur et qui nous raconte qu’à l’époque, le facteur apportait aussi les colis de nourriture aux personnes qui ne pouvaient pas se déplacer, c’était pour rendre service. Aujourd’hui, c’est payant.
Il y a longtemps, René avait passé deux ans au Canada, et de là-bas, il avait rapporté des raquettes à neige. Ça n’a pas été pour rien, parce que certains jours, René a dû continuer à pied et ressortir ses raquettes pour pouvoir à distribuer le courrier pour toutes les maisons de Chalmazel.

c’est pas parce que.

C’est pas parce qu’on habite à la montagne, qu’on ne va pas à la plaine.
C’est pas parce qu’on habite à Chalmazel, qu’on fait du ski.
C’est pas parce qu’on va skier à Chalmazel, qu’on connaît le bourg.
C’est pas parce que l’école est aussi à Saint-Georges-en-Couzan, qu’elle ne s’appelle pas l’école de Chalmazel.
C’est pas parce qu’on va à La Source, qu’on y boit de l’eau.
C’est pas parce que c’est la saison creuse, qu’on n’est pas bien à Chalmazel-Jeansagnière.
C’est pas parce qu’on n’a pas envie d’être filmé, qu’on n’a pas des choses à dire.
C’est pas parce que dans la plaine des gens vous diront « n’y allez pas, les corbeaux volent sur le dos », qu’il faut les croire.
C’est pas parce qu’on a un GPS, qu’on ne se perd pas dans les hameaux de Chalmazel.
C’est pas parce qu’on n’est pas là à l’année, qu’on n’est pas amoureux de Chalmazel à temps plein.
C’est pas parce qu’on habite les hameaux qu’on va au bourg.
C’est pas parce qu’il y a des nuages, que les étoiles ne brillent pas.
C’est pas parce qu’il y a des touristes, qu’ils s’arrêtent au bourg.

Il y a.

Il y a des grumiers tellement gros, qu’on croit que ça ne va pas passer dans les rues du village, mais ça passe quand même.
Il y a des chars fleuris qui sont revenus cette année à la fête patronale.
Il y a des années à neige et de la neige de culture.
Il y a des années à myrtilles et des années à champignons, et parfois c’est les mêmes années.
Il y a un V V F où les pompiers mettent le feu pour faire des manœuvres.
Il y a la montagne en haut et il y a la plaine en bas.
Il y a Chalmazel et il y a Jeansagnière. En fin, plus maintenant.
Il y a le bourg et les hameaux.
Il y a le bourg et la station.
Il y a des brebis qui entretiennent les chemins et des agneaux qui naissent presque tous les jours en ce moment.
Il y a un hameau qui s’appelle Le Coin. Alors on dit j’habite au coin.
Il y a l’Authentique, l’Auberge des Granges, l’Épicerie, la Boulangerie, le café chez Marie-Louise, le Garage, trois Scieries et un Château.
Il y a le marché le mercredi.
Il y a la poste dans la Mairie.
Il y a le centre de loisirs dans les locaux du plus petit collège de France.
Il y a de la limonade dans le vin rosé, ça s’appelle un rosé limé.
Il y a des pompiers qui sortent 155 fois par an.
Il y a des bucherons qui font du jardinage dans la forêt.
Il y a de la gentiane à la Source.
Il y a du Patchia, et ça se prononce Patchia, même si  ça s’écrit patia : T.-I.-A.
Il y a des résidences secondaires qui restent secondaires.
Il y a des résidences secondaires qui deviennent principales.
Il y a des jeunes qui restent au pays, même s’ils n’étaient pas du pays.

La Chapouilloux

Etienne et Odile Escot sont à la retraite. Ils ont habité à Chalmazel, d’abord en villégiature, au pied des pistes, dont celle qui fut la première piste de tout le domaine skiable : La Chapouilloux. Ils ont tout d’abord acheté le chalet de location de ski (en bas de La Chapouilloux) puis les pistes ont été déplacées. Depuis 1982, ils venaient ici, dans leur résidence secondaire. Ils ont trois enfants et neuf petits enfants. En 2006 leur résidence secondaire est devenue leur demeure principale. A l’origine, ils sont de la banlieue de Lyon. Odile nous dit :  » on aime les gens d’ici, on aime notre cadre de vie, on fait des activités, en particulier tout ce qui est en contact avec la nature. On randonne énormément. On randonne en groupe et puis on prend les chemins hors piste, mon mari a un GPS dans la tête, on ne se perd jamais ». Etienne nous explique qu’il est impossible de se perdre dans le massif des forêts :  » Si on ne sait plus où on est, il suffit de suivre un cours d’eau ; il descend forcément la montagne alors on tombe à un moment donné obligatoirement sur un village ».  Tous les deux entretiennent les chemins de randonnée. Ils sont bénévoles. Ils tracent aussi les itinéraires. Ils se sont occupés du club de rando en rackets à neige pendant huit ans. Tous les ans ils organisaient un grande ballade en rackets. Il y avait plus de 1100 personnes qui se déplaçaient de la France entière. Ils comptaient beaucoup sur les bénévoles pour tout faire et que tout se passe bien. Jamais le département ne leur a filé un coup de main. Pourtant le domaine skiable appartient au département.

Grimper dans la hêtraie

C’est au Pont de Chevelière (partir de bourg de Chalmazel et prendre la route de Sauvain) que nous retrouvons Justin, maître en grimpe d’arbre. Nous marchons le long du Haut-Lignon jusqu’à la clairière où il a construit une ‘cabane en bois’ pour mieux accueillir les gens qui s’intéressent par la grimpe d’arbre.
De là, Justin nous emmène dans la hêtraie, nous montre ses installations faites de cordes (pas de vis, pas de métal, aucune blessure sur les arbres), des installations éphémères, là pour trois mois au maximum (toujours par respect pour les arbres), des installations pour grimper, d’autres pour prendre un goûter en famille tout en haut, et d’autres encore qui permettent d’y passer la nuit (dans des super hamacs à 4 points).
La grimpe d’arbre, c’est grimper, mais, une fois là-haut, le voyage continue. On apprend avec Justin certains secrets des arbres et de la forêt. Reconnaître des écorces les yeux fermés. Repérer un sapin et un frêne qui poussent dans l’aisselle d’un hêtre. Saviez-vous que le charme d’Adam, c’est d’être à poil ? (La feuille du charme a des dents, celle du hêtre a des poils.)
Justin, fait partie de « ces jeunes » dont on nous parle, de « ces jeunes qui reviennent s’installer à Chalmazel ». Lui, il passe la moitié de l’année dans les Alpes, mais, du mois de mai au moins de novembre, il est ‘éducateur-grimpe-d-arbre’, et il développe son activité à Chalmazel. Il aime revenir des Alpes pour retrouver Chalmazel : « La montagne ici c’est plus douce, elle est moins grande, moins abrupte, moins stressante ».
Même s’il raconte qu’il est un ours qui aime la solitude, nous nous avons rencontré un ours doux et accueillant qui réussit à faire partager son amour des arbres et de cette forêt-là. Être en Foret. Hêtre en Forez.