Séverine et Cyril

De l’Auvergne à Münich, de la Mayenne à Münich, de Münich à Chalamazel, Séverine et Cyril ont beaucoup voyagé. Il et elle ont aussi beaucoup marché, bougé avant de se poser à Nermo, dans ce hameau de Chalmazel où toute la famille est aujourd’hui installée tandis que jour après jour il et elle rénovent l’ancienne école de Jeansagnière pour y faire un lieu d’habitation et d’accueil, un gîte en capacité de loger des personnes en situation de handicap. Séverine et Cyril ont parcouru le chemin de Compostelle au départ du Puy en Velay. Ici, nous dit Cyril, on est tout de suite connecté à soi. On prend du temps pour soi. Nietzsche disait que « celui qui ne disposait pas des trois quarts de la journée pour lui, n’était pas libre ».

« Si on devait changer quelque chose à Chalmazel, je ne crois pas à quelque chose de grandiose. Pas un club méditerranée. Il faut cibler une population de randonneurs, d’amoureux de la nature. De gens qui aiment se promener à cheval dans la montagne. Qui pourraient passer quelques nuits ici. On y dort et on y mange tellement bien. Avez vous vu le ciel, la nuit, sans les nuages ? On y voit la voie lactée comme si on y était. »

C’est l’époque des mûres, des champignons, des myrtilles, des noix, des châtaignes. On a appris de l’Allemagne qu’on pouvait sortir par tous les temps, nous dit Séverine. En toute saison. Nous sommes très intéressés par les pédagogies alternatives, Steiner, Freinet, l’école de la forêt. Cyril ajoute, c’est un bonheur de marcher seul au milieu des arbres, connaître l’ennui, se faire peur en se perdant. Tous les soirs avec des amis allemands nous sommes allés nous promener après le dîner. Avec nos chiens et les tous les chiens du hameau se joignent à nous. On a retrouvé la liberté d’errer et de penser. Ça apaise. Savourer les heures merveilleuses d’entre chien et loup.

« On cultive notre jardin. Ici, c’est simple et concret. On travaille tous les deux à proximité. Localement. »

« Chalmazel Jeansagnière est un lieu de bien être. Il faut ouvrir nos bras aux autres pour qu’ils puissent profiter des magnifiques atouts de nos villages. On devrait permettre aux gens en convalescence ou qui souffrent de maladies longues de venir s’y ressourcer, souffler. Stimulés par l’environnement. »

Beaucoup d’habitants de Jeansagnière ont fréquenté l’école que Séverine et Cyril sont en train de transformer. Parfois des gens du village viennent leur donner un coup de main ou visiter le chantier. Quand les élèves ont définitivement quitté l’école, l’établissement a été aménagé en bains douches et en bibliothèque. Les gens ne veulent pas qu’on dénature ce lieu qui pour certains fut leur école. Séverine et Cyril veulent en faire un chantier participatif.

Peut-être, nous dit Séverine, pourrait-on repeindre tous les portails en bois de la rue principale de Chalmazel « en bois ».

on est au taquet

La journée se termine, première journée sur le terrain de toute l’équipe d’Hvdz et d’ Amélie et de Fanny de Superstrat. On n’a pas chômé. On a vu plein de gens, une formidable artiste-ébéniste, Marie Patchem, Marine Taillandier qui est à l’origine du retour de la fête patronale et M.Pierre Rizand, ancien instituteur de Chalmazel et de ce pas nous allons rencontré Florence qui est la nièce de Thérèse et fut notre second guide ce matin pendant le road trip dans le mini bus de l’asso Familles Rurales. Et Séverine.

La Traviata

Les Hvdz sont à Chalmazel. On est arrivé hier. Tous au gîte à côté de l’église. Isabelle et Didier sont partis en interview très tôt dans la matinée. Dès leur retour, on a embarqué dans un minibus pour faire le tour de la commune, aimablement guidés par l’association des familles rurales. La commune est très étendue et regroupe un nombre considérable de hameaux.

La Roche, La Vialle… M. Roche habite à la Roche et fait du lait. Tous les hameaux ont un nom particulier souvent en raison des familles qui y habitent

A La Vialle, beaucoup de résidences secondaires ont été construites. La commune a un charme fou et des gens d’un peu partout de la région et d’ailleurs viennent construire à Chalmazel pour y vivre une partie de l’année.

Beaucoup de projets ont été pensés pour transformer le bourg et ses environs. Plusieurs plans d’eau devaient être aménagés, des espaces de jeux devaient être installés dans les arbres, près des pistes de ski. Tout est resté dans les cartons et les rêves. Des tyroliennes ont commencé à fonctionner mais elles ont été vandalisées.

Dans le hameau du Supt, il y avait une école où Thérèse a passé de belles années. Thérèse est une de nos deux guides, en cette fin de matinée. Elle fait partie tout comme sa nièce, qui conduit le mini bus, de l’association des familles rurales. L’asso a organisé récemment un atelier de photos au pont du Lachais. Les gens avaient apporté des costumes et des accessoires et créé des images insolites. .

Des randonnées ont lieu toute l’année à Chalmazel dont la marche des bons pieds (1000 marcheurs). Un trail (longue course à pied à travers la montagne) a lieu tous les premiers dimanches du mois de juillet. On s’est dit qu’au pont de Lachais, on pourrait construire une petite guinguette, toute simple où on viendrait danser la valse, le rock and roll et le tango tous les après midis. Ludique, artistique, sportif.

On est passé bien sûr par la piste des granges, grande et célèbre station de ski de Chalmazel. L’ouverture des lieux a eu lieu en 1964, à une époque où il y avait beaucoup de neige en hiver. Il paraît que cette année, malgré l’été caniculaire, l’hiver sera rude. On n’aura pas besoin des canons à eau. L’eau devient rare et si précieuse.

Un village de vacances avec plus de 300 lits tombe en ruine. On dit que tout cela n’est plus dans l’air du temps. Les familles ont des conceptions différentes de leur vacances, il faut qu’on prenne en charge les enfants pendant que les parents font des activités. C’est comme ça que le camping trois étoiles a disparu et sert aujourd’hui d’entrepôt à la station de ski.

On a fini notre road trip par le rocher de l’Olme. Tout ce qui est beau se mérite. Un chemin très pentu et caillouteux et bourré d’ornières nous a conduits tout en haut de la montagne jusqu’à la vierge de l’Olme. Ça valait rudement le coup. Merci à Thérèse et à sa nièce. C’était sublime.

Le jour des ‘Reine’ (le 7 septembre).

On n’est pas bien là ? Tout juste arrivés hier, on repart demain…
Mais on revient dès la fin du mois pour réaliser Le Portrait de Chalmazel-Jeansagière. En deux jours, on n’a pas chômé. On a rencontré beaucoup de monde. On est ravi de participer à ce vaste projet de réflexion avec les habitants du village sur la transformation possible du centre-bourg. L’idée au principe du projet est de faire en sorte que le centre-bourg et ses alentours connaissent un regain d’activités qui donnent envie aux jeunes d’ici et d’ailleurs, ainsi qu’aux gens de passage, de passer du temps au village et inciter les commerces à s’établir dans ce magnifique bourg.
Hier soir a eu lieu une réunion, imaginée comme un forum où chacun a pu prendre la parole et dire quelques mots sur la vie à Chalmazel-Jeansagière. Nous étions nombreux et l’ambiance était chaleureuse, comme une Veillée-Portrait qui déjà a trouvé son rythme de croisière. Il faut dire qu’Isabelle est constamment au travail. Guy claudique, il a un orteil dans le pâté.
De la réunion, on peut retenir mille choses, beaucoup de possibilités de rencontres et de construction. « La richesse du village, c’est ce qu’il y a dans la tête des gens » nous a dit un participant à cette discussion collective. C’est ça, c’est tout à fait ça !
On est ravi d’être associé au cœur de ce projet aux architectes, paysagistes, développeurs, photographes, médiateurs et urbanistes des collectifs Virage, ETNO, Fabriques, Pourquoi pas !? et NSandt.
Aujourd’hui est un jour de fête, celle du Patronage (qui renaît de ses cendres). Ce soir, il y a bal à la salle des fêtes. Demain des chars fleuris vont descendre la montagne. Le soir et la fraîcheur du soir tombent sur Chalmazel-Jeansagière. Isabelle continue à prendre des rendez vous pour le Portrait. Cet après-midi on a réalisé que le film-spectacle qu’on va faire avec et pour les habitants, est un poisson volant, une manière de sortir de chez soi, de prendre de la hauteur pour mieux se rendre compte de là où on vit. Et imaginer des conversions.

Chalmazel-Jeansagnière, veillée d’automne.

Nous arrivons dans le bourg de la station de sport d’hiver, en plein été, sous un très beau soleil et tout est vert. Pour la veillée, c’est à l’automne qu’on reviendra. On nous explique justement que Chalmazel-Jeansagnière est très marquée par la saisonnalité. Les temps forts pour le bourg ? Le printemps, l’été forcément, et, bien sûr, le mois de février pour le ski. L’automne, c’est la saison creuse, « mais, cette saison creuse, il faut la vivre aussi ». Et c’est justement dans cette belle saison creuse (on imagine déjà les couleurs de l’automne sur ces montages), que nous y serons pour rencontrer les gens qui vivent là.
Nous arrivons dans le bourg à 9h et nous sommes nombreux parce qu’en réalité on n’est pas là seulement pour préparer la veillée. À Chalmazel-Jeansagnière, la veillée fera partie d’un grand programme et l’affaire est de taille : « l’étude du centre-bourg » qui précédera des grandes transformations pour la commune. Ce 2 juillet, dans la grande salle de réunion, le maire, des élus et des collègues municipaux, accueillent des urbanistes, des architectes-vidéastes, des architectes-constructeurs, des architectes-enquêteurs (Virage), des gens du parc naturel régional Livradois-Forez, des accompagnateurs de pratiques artistiques (Superstrat), des coordinateurs d’actions culturelles (Loire-Forez) et aussi donc, des veilleurs (HVDZ). Chacun raconte comment il travaille. On imagine la suite. On cherche un langage commun. Assez vite, une date s’impose, le week-end du 6-7 septembre, pendant la fête patronale, pour proposer une réunion publique aux habitants et préparer avec eux nos résidences, les rencontres, les interviews.
Puis, c’est la visite guidée du bourg, l’occasion d’entendre des débuts d’histoires : la rivière qu’on va faire ressortir de terre, les restaurateurs qui déménageraient pour venir près de l’eau, les gens qui habitaient le château avant et ceux qui y habitent aujourd’hui, les gîtes, les écoliers des deux classes de l’élémentaire qui vont dans l’ancien collège puisque c’est leur centre de loisirs et leur cantine, le marché du mercredi, des grumiers qui doivent passer dans des petites rues, les maisons à vendre et celles qui sont à nouveau habitées, la maison où la cheminée fume (même si on est en plein été) puisque que c’est l’heure du repas et que le monsieur qui habite là a une cuisinière au bois.
À très bientôt. D’abord vendredi 6 septembre pour la réunion publique, puis pendant la résidence de la compagnie HVDZ (à partir du 26 septembre) et le vendredi 4 octobre pour les présentations du film-spectacle, dans la grande salle, tout en bas du bourg.