Ce matin, on a rencontré Mme et M. Bavière à Richebourg. Ils sont les propriétaires du gîte et des chambres d’hôtes ou vivent Lina, Martine, Marie L et Hervé pour la semaine. L’exploitation agricole a été construite en 1880 par les arrières grands parents de M.Bavière, elle fût en partie détruite en 1914, comme beaucoup de bâtiments dans la région. En 1920, on reconstruisit alors des bâtiments « provisoires » pour pouvoir continuer à travailler la terre et vivre sur l’exploitation. Les bâtiments provisoires sont encore là aujourd’hui et de nouvelles constructions se sont rajoutées. « Ce qui est provisoire devient souvent définitif « a dit Hervé.
En 1990, une grosse tempête emporta une partie du toit de la maison, la seule solution viable était de créer des chambres d’hôtes: « On est dans les premiers à avoir tenté l’expérience, l’idée c’était quand même les gîtes ruraux, donc de venir à la campagne, alors malgré la fin de l’activité agricole, on a gardé des lapins, des moutons, des poneys. On voudrait garder un peu de ce qui existait avant ». Mme Bavière est très attachée au patrimoine et préside l’association « Mémoire et tradition du Bas-Pays ». Il y a beaucoup d’anglais qui viennent à la recherche des lieux historiques liés à la grande guerre. Derrière la ferme des Caperies, c’est le nom de la propriété des Mme et Monsieur Bavière, il y a un cimetière anglais, tous les ans une association anglaise vient pour une célébration. On demande à Mme Bavière si elle parle Anglais: « Non, mais on se débrouille, mes enfants parlent bien. » Ses enfants qui après plusieurs années de travail dans l’est ou à Paris sont revenus habiter ici. Sa fille gère aujourd’hui les chambres d’hôtes.
« C’est une maison de famille ici, tout le monde aime s’y retrouver. Ils savent tous qu’ils peuvent toujours revenir ici et que ça n’aura pas bougé. Tout va tellement vite maintenant, je suis attachée à garder certains repères. C’est une question écologique aussi, je ne dis pas qu’il faut retourner en arrière mais il serait bon de revenir à certaines pratiques. On est bien ici, on a toujours bien vécu, après moi, je suis plutôt du genre à me dire que ça va, c’est une façon de voir la vie. Mais il y a tellement de choses absurde sur terre qu’il vaut mieux essayer d’être heureux. Regardez, quand on y pense, on faisait la guerre avec les Allemands…Les Allemands qui sont là, juste à côté, et regardez maintenant…absurde! »
Lorgies, Richebourg
Pas-de-jardin
De portes en portes
Hier, à Richebourg et Lorgies, sous le soleil, de portes en portes on a croisé:
– Anabelle au panier sympa, la supérette de Lorgies. Elle s’est prêté au jeu du portrait chinois et de la citation et nous a parlé de l’importance d’un commerce de proximité. On est resté un bout de temps dans le magasin, on a filmé plusieurs clients. Avant de partir, Anabelle nous a offert des bonbons.
– Une dame qui avait un jardin décoré avec plusieurs nains et même Blanche-neige. Un journaliste était venu le photographier et l’avait appelé: le jardin des lilliputiens.
– Une dame qui était autrefois photographe et qui tenait le studio Louise-Marie à Béthune. Louise-Marie c’est elle. Aujourd’hui c’est son fils qui a repris l’affaire. Elle a eu quatre garçons et une seule semaine de vacances dans toute sa carrière. Elle a demandé à Jérémie à voir son pas de porte et a parlé photo avec lui.
– Un monsieur de Richebourg qui ne voulait pas poser devant sa porte parce qu’il ne voulait pas qu’on le voit à Lorgies.
– Un monsieur qui vient de Lyon et qui est venu s’installer à Lorgies par amour. Sa femme est Anglaise et ils se sont installés à mi-chemin.
– Plusieurs personnes qui ne voulaient pas poser parce qu’ils étaient en tenue du dimanche, jardin pour les uns, bricolage pour les autres. Certains parce qu’ils nous disaient ne pas être photogéniques, mais il y a eu plein de sourires, de moment partagés, de « c’est bien ce que vous faîtes », « merci d’être venus » et « on viendra Samedi sous la Smob ».
Lorgies bourg et Lorgies centre
Lorgies a été totalement détruit pendant la guerre 14/18. Le village a été reconstruit en deux parties. L’ancien bourg et le nouveau centre où se trouvent la mairie, l’église, l’école et le monument aux morts. Et le nouvel estaminet qui fait salle comble à chaque repas, le Petit Lorginois. Les gens du bourg revendiquent leur antériorité. Mais juste après la guerre des terres ont été cédées à la commune par le conte de Chatelu qui a pu reconstruire rapidement une extension du village. Et cette nouvelle partie de Lorgies est devenue le nouveau centre. Nicole nous raconte qu’il y a quelques années encore des tensions existaient entre ces deux entités. Et les gens ne se mélangeaient pas. Mais aujourd’hui tout cela s’est dissipé. Des champs séparent le village d’en haut du village d’en bas. Des terrains définitivement (jusqu’en 2025) non constructibles. Pour laisser libre accès au lieu de commémoration des 14 fusillés de Lorgies, assassinés par les nazis à la fin de la seconde guerre mondiale, à l’orée d’un bois, qu’on peut voir de la route qui relie les deux sections de Lorgies.
Lorgies – bourg
Hommage à mon ami Augustin, Louis Mortreux (62840 Lorgies)
Depuis mon enfance, je le connaissais/ Un ami de mon père il avait été/ Augustin, il s’appelait. Homme de la terre, il venait/ La tradition il avait respecté/ Jusqu’à ce qu’il se soit retraité/ Une santé de fer, il avait conservé/Le bon air, toujours, il avait respiré/ Le temps qu’il avait travaillé/ Malgré le dur travail qu’il faisait/ Par tous les temps, dans les champs, il allait/ Labourer, semer et récolter/ Un jour, il s’est marié/ Geneviève, sa femme s’appelait/ Une famille ensemble, ils ont fondé/ De cinq garçons, elle était composée/ Au cours des années, les parents avaient/ Un espoir qui ne s’est pas réalisé/ Car aucune ne fille n’est née/ Mais, ils ne se sont jamais démoralisés/ Tous ont été bien élevés/ Car de bons parents, ils avaient/ Un coup de main, les enfants donnaient/ Après l’école, quand ils rentraient/ Après son travail, mon père allait/ Souvent chez Augustin travailler/ Plusieurs années, cela a duré/ Jusqu’à ce qu’il soit décédé/ Lorsque mon père a été enterré/ Il avait toujours espéré/ Que le corbillard soit tiré/ Par Augustin et Bijou son cheval préféré/ Son souhait a été réalisé/ Car c’est ce qui s’est passé/ Un jour Geneviève est décédée/ Subitement, d’une crise cardiaque, elle a succombé/ Seul, Augustin s’est retrouvé/ Ses enfants étant mariés/ Mais la famille était très soudée/ Jamais, seul, Augustin n’est resté/ Un jour sur lui, le sort s’est acharné/ Sa santé s’est alors dégradée/ En quelque mois, cela s’est passé/ Dignement, il s’est alors résigné/ Que ce monde, il devait quitter (…)