La vie,en vrai, c’est pas un film de Jacques Demy-quoique-

J’ai toujours dû me persuader que la vie, en vrai ,c’était pas un film de Jacques Demy. Que jamais je ne sortirai de chez moi en dansant et en enchaînant un pas de deux avec mes voisins, que je ne rencontrerai pas mon idéal masculin sur du Michel Legrand, que la boulangère ne me rendra pas ma monnaie en chantant. J’aimerais bien, souvent, que dans les grandes scènes de ma vie le temps s’arrête et qu’il y ai d’un coup  plein de couleurs, de cuivres et des chorégraphies grandioses. Cette semaine, à Lorgies, la vie ressemblait un peu à du Jacques Demy, ou au film d’Alain Resnais, « on connaît la chanson », il y a eu une pause, un moment suspendu dans la vie des gens qu’on a croisés et dans la nôtre, une pause enchantée. J’aimerais qu’il y ai une chanson pour tout, pour tout ce qu’on ne peut pas dire, pour tout ce qu’on ne peut pas faire, quand l’émotion est trop forte, le moment trop beau ou trop triste : que la musique démarre. J’aimerais que, comme vendredi, on vienne sonner à ma porte pour m’offrir une chanson et même si c’est pas dans la liste, je voudrais qu’on chante pour  moi, pour nous les hvdziens de près ou de loin, les permanents de la rencontre, les veilleurs, les troubadours, les dealers de bonheur…je voudrais qu’on chante du Jacques Demy bien sûr :

Nous voyageons de ville en ville
On nous désigne de la main
On nous appelle les forains
En vérité on est poètes
Un jour ici, un jour ailleurs
Notre vie joue en alternance
La tragédie de l’existence
Et la comédie du bonheur

Et si je rêve tant pis

Hier, à 16 heures, puis à 20 heures, on a eu la joie de retrouver beaucoup de personnes qu’on avait croisé durant notre semaine à Lorgies et Richebourg. L’après-midi, Paulette était là, de très bonne humeur, et pleine d’entrain, réagissant au film-spectacle malgré la chaleur de la SMOB. Le soir, son fils était là, on l’a vu très très ému à l’apparition de sa mère à l’écran, et quand, à la fin, Paulette chante c’est nous qui n’avons pu contenir notre émotion, et des larmes ont coulé. Des larmes aussi, tout au bord des yeux quand il a fallu dire au revoir…Au revoir à Jean-Marc du petit Lorginois, à Nicole, notre précieux guide, à Gaëlle, aux Bavière, à M.Singez, au fabuleux Jean-Pierre, à Nadège, à Mélanie… Se dire au revoir les uns les autres aussi, on ne va pas tous se revoir tout de suite. On a dit au revoir, mais on ne dira jamais assez merci, merci de nous avoir ouvert la porte, merci d’avoir chanté avec nous, merci pour la joie, merci pour les larmes, merci pour tout Lorgies. Merci pour tout Richebourg. Avant de partir, Xavier est venu nous remercier lui aussi. Xavier est l’époux de Marie, qui apparaît dans le film avec l’association « grandir en bas-pays ». Xavier a vu « les Atomics » l’année passée à Béthune, et six mois avant ça dit-il, il avait découvert Franck Lepage: « Alors d’un coup voir tout ça appliqué à notre village…Merci d’avoir fait ça ici. L’éducation populaire, il n’en ont pas voulu…Je suis prof de musique dans un collège et ça me parle directement! Merci de cette piqure de rappel, merci pour ce moment, en espérant qu’il nous fasse tous réagir. » Merci Xavier, merci à tous. À Lorgies, À Richebourg, durant cette si belle semaine on a attrapé un coup de soleil, un coup d’amour…