faire un tour à Richebourg avec M.Warein

Ce matin nous avons rendez-vous avec M.Warein, adjoint du maire pour une petite visite guidée de Richebourg. Il nous montre, pour commencer, un plan du village et nous en raconte l’histoire. On apprend que Richebourg était, en 1971, séparé en deux parties : Richebourg-l’Avoué et Richebourg-Saint-Vaast. On apprend l’origine des nombreux cimetières présents, dus à la guerre 14-18 ; guerre qui eut beaucoup de répercutions sur le village. On apprend aussi que Richebourg n’est pas un village mais une ville en raison de ses 2500 habitants.
Après ces nombreuses et passionnantes explications nous voilà parti à travers Richebourg, en compagnie du soleil. Il nous raconte qu’il est interdit, dans la commune, de construire à plus de 50 mètres de profondeur du bord de la route. On a vu des anciennes fermes réhabilitées, des chapelles abandonnées, des grands champs de pommes de terre. On a crosié M. Buisine  qui nous a parlé du haut de sa fenêtre. De retour à la mairie, M.Warein nous donne quelques calendriers 2013 décorés d’ anciennes photos de Richebourg…

Du sang, c’est pas de l’eau

Lundi on rencontre Monsieur Singez. Monsieur Singez  a un sourire communicatif. À  63 ans ,on ne le sent pas prêt à arrêter son activité. Monsieur Singez est agriculteur, comme ses parents et ses grands parents avant lui. Ses enfants ont suivi un tout autre parcours mais ses petits enfants, eux , s’intéressent de près à l’exploitation agricole. « Et oui quand même, du sang c’est pas de l’eau ! »Il semble heureux que la nouvelle génération veuille suivre ses traces. Passion, c’est le premier mot qui lui vient à l’esprit quand il parle de son métier. « C’est un métier dur, moins dur aujourd’hui que dans le temps. Un agriculteur, ça s’adapte. On subit le temps, on subit les prix. » Monsieur Singez cultive des betteraves, des pommes de terres mais plus d’endives. « Avant à Lorgies c’était beaucoup les endives, le chou-fleur, et le tabac aussi. » Lorgies a beaucoup changé, des lotissements se sont construits au fur et à mesure du temps.Il est arrivé qu’on lui fasse des remarques parce qu’il salissait la route avec son tracteur, mais « une route, c’est pas une salle à manger » dit-il. Il veille toujours à ne pas gêner. Il se souvient d’une matinée ensoleillée d’août, vers 11h, le temps parfait pour la moisson, une famille habitant le lotissement adjacent au champ l’a invité pour l’apéro, mais « il faisait 30 degrés et 10 de plus dans ma cabine, alors l’apéro pour mois c’était qu’un jus de fruit, j’aurais pas fini ma journée sinon. Au début, j’ai cru qu’ils m’arrêtaient pour me dire que je gênais mais non! Après, j’ai même fait faire un tour aux enfants dans la moissonneuse ». Les gens lui on dit « on voudrait que vous soyez toujours là Monsieur Singez, comme ça il y aura toujours des champs et on ne construira pas derrière chez nous ». « C’est gentil à vous mais vous venez d’arriver et vous ne voulez pas que les autres arrivent, imaginez si moi j’avais dit pareil ! »leur a-t-il répondu. Il est très favorable à l’évolution du village mais il faut bien sûr qu’il reste des parcelles cultivables et des exploitations parce que  » S’il n’y a pas d’agriculture, ce n’est plus un village, c’est une ville. »

Il y a

Il y a  Lorgies et il y a Richebourg. Il y a Neuve-Chapelle. Il y a un marchand de glace ambulant. Il y a des lotissements. Il y a les Lecomte. Il y a Nicole. Il y a l’abbé Bien-Aimé. Il y a le petit Lorginois. Il y a la rue du cul tout Nu. Il y a des chapelles. Il y a Didier qui rêve que des petites SMOB poussent tous les 100 mètres entre Richebourg et Lorgies. Il y a Gaëlle. Il y a le panier Sympa. Il y a la ferme des Caperies. Il y a des trampolines. Il y a la Galocherie Patoux. Il y a de très belles maisons. Il y a des boîtes aux lettres vaches. Il y a Claude. Il y a un mémorial Indien. Il y a Jean-Pierre. Il y a une délicieuse carbonnade flamande. Il y a des endives. Il y a le bourg de Lorgies qui n’est pas le centre, c’est un faux bourg. Il y a le sun qui est like a gun. Il y a le bout du bourg qui est bucolique. Il y a un bunker dans la forêt. Il y a un arbre qui pousse sur le bunker. Il y a une vache dans un jardin près de la SMOB. Il y a une dame qui vend des bijoux dans une roulotte rose. Il y a un travelling nuit américaine. Il a Sylvie. Il y a la tyrolienne. Il y a François Hollande au QG. Il y a this girl is on fire traduit en français. Il y a you can’t sit with us sur le tee-shirt de Lina. Il y a Guillaume qui raconte super bien les histoires à la SMOB. Il y a Jérémie qui fait des photos des plantes vertes devant la mairie. Il y a des pivoines qui essaient de se sauver. Il y a Monsieur Singez qui est content de ce qu’on a fait. Il y a les souvenirs qui sont les seuls paradis dont on ne peut être chassé.

Paulette

Lundi à 13h30, rendez-vous avec Paulette. Paulette s’appelle en réalité Paule, mais on l’appelle Paulette car, comme disait sa mère, Paule « ça faisait pas assez fille ». Paulette a passé toute sa vie à Lorgies. Après son certificat d’étude, elle a travaillé à la boucherie. Puis, elle a rencontré son mari lors d’un bal de village. Aujourd’hui, c’est entourée de ses deux fils qu’elle nous montre des photos de sa jeunesse. Elle nous raconte qu’elle a été élue Miss Lorgies, c’était en 1948, juste après la guerre. Ses deux fils sont avec nous dans la cuisine, ses « deux oiseaux » comme elle dit. Quand ils étaient enfants, ils allaient à la pêche en fin de journée, après la moisson, ils jouaient au foot sur la route pas encore goudronnée. Tous les dimanches ils allaient à la messe, elle en mettait un de chaque côté, et le curé la félicitait d’avoir des enfants aussi sages. On reste un moment à discuter, ça parle dans tous les sens, chacun a son mot à rajouter pour compléter l’histoire.

Paulette nous montre la couverture d’un magazine télé. « Vous savez qui c’est? ». Didier répond « Oui, c’est Laurent Boyer. »
« Non, c’est mon  père! ». Ça nous fait rire.
« Non ce n’est pas mon père mais c’est son portrait craché »

On quitte Paulette en lui donnant rendez-vous samedi pour le film-spectacle. Elle viendra s’assoir sous le chapiteau, un « oiseau » de chaque côté.  Avant de refermer la porte elle nous glisse « Il faut s’aimer les uns les autres, c’est ça le plus important! »