On se demande où sont passés les syndicalistes, les discours enflammés et les actes militants qui allaient de pair avec les mines ? On entend beaucoup parler des mines. La mémoire des mines est là, bien présente, mais on entend si peu de ce discours militant qui allait avec. Un discours militant mis au présent. On se rappelle de notre veillée à Saint Nazaire, sur les chantiers navals, où ce discours était à chaque porte, dans chaque bistrot, dans la bouche des ouvriers autant que des chômeurs, des profs autant que des commerçants.
On s’attriste un peu. On ne jette pas la pierre, on n’accuse personne de cet oubli, mais on se demande. On se demande ce qui l’a provoqué, comment y remédier. Comment crier qu’on peut changer les choses, qu’on a des droits à défendre, des causes pour lesquelles on peut se battre.
Jorge Amado, dans Bahia de tous les saints raconte comment un noir de Bahia découvre, en même temps que la grève et le militantisme, l’amour de ses frères et le respect de tous. Ne plus jamais courber l’échine, une nouvelle dignité.
Dans les films du groupe Medvedkine, on voit des ouvriers et ouvrières changer radicalement de vie au cours de grèves des usines de Besançon. Se découvrir, se libérer dans le militantisme. Retrouver un espoir et des objectifs dans la défense des ouvriers.
On s’est dit que quelque chose de fondamental est en train de disparaître. Que ça laisse de la place au fatalisme et à la résignation et que ça, il ne faut pas que ça arrive, il ne faut pas que ça revienne.
Veillée # 11/19
Visite au QG
nous avons l'art pour ne pas mourir de la vérité
l'art c'est ce qui rend la vie plus belle que l'art
petit robert : l’art c’est l’ ensemble de moyens, de procédés réglés, qui tendent à une fin.
on se demande
on parle des claques de veillées. On rencontre beaucoup de misère et de détresse, on voit souvent comment cette misère se mue en haine, en racisme, en alcoolisme, en violence. On a pas de veillées sans claque.
On parle beaucoup de ça. De la nécessite, pour continuer à y croire, de ne jamais se blinder pour ne jamais être blasé. Rester ouvert à entendre cette violence et continuer à avoir besoin de « changer le monde » comme dirait Marx et « changer la vie » comme dirait Rimbaud. On se repose à chaque fois la question de à quoi on sert. On se répond en se disant qu’il faut donner une image positive de chacun, de la noblesse de chacun. Ouvrir une petite brèche vers l’amour propre et le respect de soi et des autres. Rester positif. Mais il y a de ces claques dans les veillées. On se demande si on ne tombe pas dans l’angélisme. Face à la misère, dans ces moments de veillées là, on se demande…
Mon Louvre à moi
On est allé au marché de Liévin. On est allé faire les portraits avec citations. On y est allé à plusieurs voitures. Le marché de Liévin est très grand et bien sûr on a eu du mal à se retrouver. Jérémie s’était installé au coin de la rue Défernez et de la rue Victor Hugo un peu après la boulangerie et un peu avant la pharmacie. On y était vers 10h30. On a démarré un peu difficilement. Et puis petit à petit les gens se sont prêtés au jeu. En fait on a remarqué que c’était plus tranquille quand les gens avaient fait leur marché. Ils sont plus disponibles. L’action consiste à discuter avec les gens, à parler de Culture Commune, à parler d’art, à parler des Veillées, du 11/19, un ancien puits de mines reconverti en écopôle et centre d’art. Ensuite on propose aux gens de choisir entre une vingtaine de citations et de poser devant la caméra avec la citation. Dans le cadre des Veillées, d’un film comme une installation vidéo dont la projection aura lieu jeudi et vendredi, la semaine prochaine. Martine et Caroline ont interviewé des gens aux quatre coins du marché. Caroline et Manu ont distribué des invitations et parlé avec les gens.
Hier soir on est allé au Colisée à Lens voir un film, un documentaire qui s’appelle mon Louvre à moi. Un documentaire où il est question d’artistes locaux et du Louvre qui va s’installer à Lens d’ici deux ou trois ans. On a passé un bon moment. Mais on s’est dit que ça ne parlait pas de la situation économique et sociale du territoire et des difficultés qu’éprouvent les gens au jour le jour pour s’en sortir. On s’est dit, à voir la crise économique, la défaite actuelle du capitalisme et tout ce que ça va entraîner pour les uns et les autres de difficultés supplémentaires quand déjà beaucoup d’entr’eux sont dans la survie, c’est difficile de parler d’art, du Louvre et tout… sans parler de politique.
les fleurs
Rue Montesquieu, mardi midi, deuxième semaine de Veillée
On est parti ce matin distribuer des invitations pour la Veillée du 16 et 17 octobre au 9. Ecole primaire et maternelle Pierre et Marie Curie, puis la rue Montesquieu et la Rue Molière. C’était la sortie de l’école et on a rencontré beaucoup de mamans qui avaient déjà pas mal entendu parler de nous, à l’époque de la Tournée des Grands Ducs en 2003 et 2004 avec KomplexKapharnaüm qui avaient installé leur bus au 9 sur la Place de l’Eglise.
En faisant du porte à porte on a rencontré un monsieur à qui on a présenté le principe de la Veillée et qu’on a invité à venir jeudi ou vendredi à la Fabrique. Mais il se sentait pas trop concerné alors il a appelé sa petite fille, ça c’est pour elle, elle aime bien tout ça, elle fait de la danse, il nous dit. D’ailleurs elle a été filmée par Jérémie à l’Amicale du 11/19 pendant le cours de danse de Charlotte et Maggie. Et puis on continue à expliquer à la petite fille la démarche de Culture Commune, la relation entre Art et Société, le rapport à l’histoire à la mémoire du lieu, ici. Là le monsieur réapparaît dans l’entrebâillement de la porte, il nous dit ah bin là c’est moi que ça concerne ! Alors il nous dit qu’il a été mineur depuis l’âge de 14 ans, il nous montre au loin une médaille, il dit que la médaille et un vin d’honneur ça a été sa seule récompense. Merci pour la France il dit en souriant. Il nous confie qu’il ne reste plus beaucoup de copains de la mine. En ce moment d’ailleurs il lit un livre sur le coup de grisou de Courrières, il dit qu’il voudrait bien nous en parler plus. Il dit que personne n’avait été jugé et que les ingénieurs avaient décidé de cesser les recherches alors qu’il restait encore des hommes dans le fond. On passera peut-être discuter avec lui dans les jours qui viennent. On espère qu’il viendra à la Veillée.
errance
On s’est promené au 9.
Didier est resté à culture commune pour faire jouer aux employés une scène de quai des brumes. Les femmes sont Michèle Morgan, les homme sont Jean Gabin.
Jérémie a déjà filmé beaucoup de paysages ici, pendant la veillée à la salle Louis Albert, pendant la veillée 9/9bis et pendant la veillée de Loos-en-Gohelle centre et 5.
Il a vu la même scène avec trois ans d’écart, des gens qui jouaient à la belote au stade Carpentier, aujourd’hui comme il y a trois ans.
Martine est allé au Shopi pour interviewer les trois femmes qui le gèrent. Didier à interviewé un couple de la place Lorraine. Ils sont revenus tous les deux avec un grand sourire.
Ce soir, on va au Colisée de Lens pour voir le film sur le Louvre.