On se demande où sont passés les syndicalistes, les discours enflammés et les actes militants qui allaient de pair avec les mines ? On entend beaucoup parler des mines. La mémoire des mines est là, bien présente, mais on entend si peu de ce discours militant qui allait avec. Un discours militant mis au présent. On se rappelle de notre veillée à Saint Nazaire, sur les chantiers navals, où ce discours était à chaque porte, dans chaque bistrot, dans la bouche des ouvriers autant que des chômeurs, des profs autant que des commerçants.
On s’attriste un peu. On ne jette pas la pierre, on n’accuse personne de cet oubli, mais on se demande. On se demande ce qui l’a provoqué, comment y remédier. Comment crier qu’on peut changer les choses, qu’on a des droits à défendre, des causes pour lesquelles on peut se battre.
Jorge Amado, dans Bahia de tous les saints raconte comment un noir de Bahia découvre, en même temps que la grève et le militantisme, l’amour de ses frères et le respect de tous. Ne plus jamais courber l’échine, une nouvelle dignité.
Dans les films du groupe Medvedkine, on voit des ouvriers et ouvrières changer radicalement de vie au cours de grèves des usines de Besançon. Se découvrir, se libérer dans le militantisme. Retrouver un espoir et des objectifs dans la défense des ouvriers.
On s’est dit que quelque chose de fondamental est en train de disparaître. Que ça laisse de la place au fatalisme et à la résignation et que ça, il ne faut pas que ça arrive, il ne faut pas que ça revienne.