Jean Paul Belmondo

On a décidé d’une nouvelle action sur Loos en Gohelle. On s’est dit qu’on demanderait aux gens de Loos en Gohelle de donner la réplique à Jean Paul Belmondo dans Pierrot Le Fou. On a hésité on voulait prendre Titanic parce qu’on voulait un film célèbre et puis on a pensé que Pierrot Le Fou ce serait mieux. On  s’est procuré le DVD et Didier sélectionne la partie du scénario qu’on va mettre en jeu. Flora et Jérémie font du porte à porte pour filmer les pas de porte dans Loos Village. C’est comme dans beaucoup d’endroits du bassin minier il y a le centre et les cités. Pour cette deuxième partie de résidence nous sommes dans le centre ou le village. On est retourné cet après midi à la cité 5 (où nous étions installés en première partie de veillée à Loos en février dernier) distribuer des tracts-invitations-informations. On aurait du emmener nos pancartes, celles des manifestations poïélitiques. En début d’après midi nous étions au club de la bonne humeur. Pour une action portrait citations où on invite les gens à poser devant la caméra avec une citation de leur choix. Le monde social m’est supportable parce que je peux m’indigner. Demain est un grand jour à Loos en Gohelle. C’est le premier mai et la tradition veut que la fanfare municipale réveille le peuple loosois dès cinq heures du matin pour un rassemblement militant au coeur de la ville. Et durant toute la journée auront lieu diverses manifestations politiques, syndicales et culturelles. On y sera avec nos slogans, nos citations, nos scénarios, nos Pierrot Le Fou, nos caméras… La mesure de l’amour est d’aimer sans mesure comme nous disait ce type rencontré au café des Gohéliades au bout du bar.

Les deux maisons

On est allé manger au foyer des personnes âgées ce midi. Ce matin on a fait une opération citations à l’hôtel de ville et à la bibliothèque de Loos en Gohelle. On s’est perdu dans les rues de Loos . On a croisé plusieurs fois la même dame qui nous a dit la troisième fois vous payez un verre. Puis elle nous a montré ses maisons. En fait elle a deux maisons dont une qui s’écroule et l’autre qui est flambant neuve. Elle dit je voudrais détruire la maison qui s’écroule, qui tombe en ruine mais je n’en ai pas la force, je suis toute seule.

La directrice de la bibliothèque de Loos vivait dans les Flandres. Au pays de Marguerite Yourcenar et de Didier Cousin. Plus du côté de Merville. Ils ont fréquenté les mêmes cafés dont sûrement l’Abattoir à Lillers. Connaissent pas chez Ninine à Méan Penhoët mais aurait pu au gré du hasard se retrouver là bas Didier Cousin, Marguerite Yourcenar et la directrice de la bibliothèque de Loos.

des vraies maisons

M. Grard nous a fait remarquer que le passé de Loos, c’est pas seulement la mine ou la grande guerre. Il souligne l’importance de l’agriculture, Il n’y a pas si longtemps. Il s’intéresse à l’histoire. Il nous décrit les fermes d’autrefois, en torchis, et les ouvriers agricoles qui dormaient dans les écuries, avec les chevaux. Il raconte que c’est comme ça que la mine à attiré les gens du pays : en leur proposant des vraies maison en dur.

jusqu'où ?

Hier, on a parlé aprés avoir regardé « l’île aux fleurs ». On a reparlé de l’ouvrier grec des chantiers de Saint Nazaire. On se demande jusqu’où on va, qu’est-ce qu’on tolère. Comment on peut accepter d’écraser, ou d’être écrasé à ce point. On se demande où est la limite de tolérance à l’oppression, cette limite qui fait qu’on n’ accepte plus. On se demande avec autant d’incompréhension comment on devient bourreau, jusqu’où on accepte d’être victime.

On parle encore de Primo Levi. On se demande comment on peut détruire toute source de rébellion. Le pire étant que la destruction est volontaire : on affame, on attriste, on sape l’assurance des individus en cassant le lien social.

A la tv, hier soir, il y avait un documentaire sur les conditions de travail, partout dans le monde: mine ukrainienne, abattoir nigérian, mine de soufre indonésienne, chantier de destruction pakistanais, aciérie chinoise, etc. La même histoire partout, au final: celle de la survie. Et tout de suite, devant ces images, on se repose la question: où est la limite de la tolérance à l’oppressin? elle est loin.

Mais au Pakistan comme en Ukraine, comme au Nigéria ou partout, ce qui permet de résister au pire, c’est d’être ensemble, la solidarité.