Trosième jour du deuxième temps de résidence

Le 1er mai à Loos en Gohelle ,il y a une dame qui dit quand j’étais petite dans les corons je ne me suis jamais rendue compte que mes parents avaient des problèmes d’argent parce qu’on était tous logés à la même enseigne. Il y a des gens qui vendent du muguet et du lilas, des brassées de muguet. Le premier mai à Loos en Gohelle tout le monde se souhaite bonne fête. Il y a des musiciens qui remplissent le café de la mairie jusqu’à des heures tardives. Il y a l’harmonie municipale qui joue l’Internationale et Le Chiffon Rouge. Il y un jeune couple qui ballade un chien. Il  y  a des chevaux dans les rues. Il y a des jeunes qui font du vélo.  A la cité Belgique il  y a plein de gens dehors sur leur pas de porte. Il y a la fête à la cité 5, au stade. Il y a un homme qui nous dit bonne fête du travail, je ne sais pas… mais bonne fête des travailleurs.

La Providence

Flora et Didier sont allés interviewer un cultivateur et conseiller municipal. Martine est au montage. Jérémie dévisage le paysage.

On a tourné dans la ville avec l’harmonie une bonne partie de la journée. On est arrivé au café de La Providence vers neuf heures et on a vu le camion de la fanfare filer vers la Base 11/19. Jérémie s’est propulsé dans la Ford Mondéo et on a suivi le convoi de l’harmonie. Un peu avant le pont de l’autoroute tous les musiciens sont descendus du camion, se sont alignés devant la maison d’un des adjoints de la ville et ils ont joué de la musique. Puis ils sont rentrés dans la maison et nous aussi. Il était neuf heures dix et tout le monde a dansé la farandole autour de la table du salon de nos hôtes. On a pris le temps de quelques musiques polonaise et de chansons chantées à tue tête. Des musiciens ont dansé la valse avec la maîtresse de maison. On a bu un verre et tout le monde est remonté dans le camion et nous dans la voiture direction La Providence. A peine débarqués à La Providence la musique reprenait à fond.  Il a fallu attendre pour entrer dans le café tellement il y avait du monde. Didier était arrivé entre temps et nous regardait de l’intérieur, accoudé au bar de l’autre côté de la vitrine. Martine garait sa twingo le long du trottoir.

Ensuite les musiciens ont marqué une pause pour prendre un copieux petit déjeuner (café, petits pains au chocolat, pâté, jambon, fromage, cornichons, bière, jus de fruits ) qu’ils nous ont invités partager.  Ils étaient dans les rues de Loos depuis cinq heures du matin. Ce sont les nouveaux élus qu’ils ont d’abord révéillé en fanfare. On s’est ensuite rendu à la Cité 5 où l’harmonie a défilé au grand complet. On en a profité pour distribuer nos invitations pour la Veillée, filmer et faire dire des citations à la caméra.

café de la mairie

Ben tiens. A propos de convivialité. Je me suis faite piéger dans un traquenard de fanfare. Un petit coup. Puis un autre. Bistrot de la mairie avec la clique. On faisait juste des photos du camion. Puis ils ont proposé une photo de groupe devant le camion, puis hop au bistrot. Je me dis que si les filles du Fanal de Saint Nazaire lisent ça, elles vont se marrer. Elles avaient suivi de près nos prospections de café.

Ils m’ont expliqué. Quand on est jeune ici, y’a soit le foot, soit la musique. Il y a la Clique, et puis l’Harmonie. Petite formation pour la Clique et grande pour l’Harmonie, avec des répétitions communes et des séparées. Il y a une médaille tous les dix ans de fanfare. Il y en a un qui a trente neuf ans et trois médailles – et encore, c’est sans compter les années de solfège – et un autre qui a quatre médailles… il y en a qui ont encore plus de médailles, mais qui ne suivent plus au bistrot.

Ils disent y’a pas deux premier mai pareils… mais l’année dernière, c’était pas mal non plus.

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La médiathèque

La médiathèque de Loos est répertoriée par la B.N.F parce qu’elle possède un fonds d’oeuvres de littérature contemporaine très important aussi important que les plus grandes médiathèques régionales. Madame Chaumorcel qui dirige la bibliothèque a eu l’idée un jour de demander à des auteurs vivants et des personnalités du monde intellectuel, sportif, politique et culturel de participer à la constitution d’un stock de documents, d’oeuvres qui serait mis à la disposition du public loosois, au coeur du bassin minier, dans cette ancienne ville minière où pour beaucoup de gens l’accès aux livres n’était  pas monnaie courante. Les patrons des mines ayant préféré maintenir les ouvriers loin de la connaissance et des savoirs de peur qu’ils (elles) ne se mettent en tête des idées par trop syndicalistes ou révolutionnaires. Aujourd’hui la télé se charge de manipuler les esprits et de les formater à l’hyper-consommation. Les livres ne font plus peur. Toujours est il que Madame Chaumorcel a reçu des encouragements de toutes parts pour pour son envie de créer une grande médiathèque à Loos. Elle raconte qu’un certain 24 décembre elle a reçu un message d’encouragement et de soutien de la Duchesse et du Grand Duc du Luxembourg. Que Paul Lou Sulitzer l’a appelé au téléphone et lui a envoyé des cartons pleins d ‘oeuvres contemporaines. Que Z. Zidane lui a envoyé des photos et dédicacé le fabuleux film de Douglas Gordon. Elle a reçu des lettres de soutien du premier ministre espagnol Aznar,  du chancelier allemand Schröder. Claude Michelet a fait don de centaines de livres d’écrivains contemporains.  … Cette initiative a été relayée par les auteurs vers d’autres auteurs.  La médiathèque  possède ainsi aujourd’hui un fonds documentaire absolument hors norme.

harmonie au petit matin

la Concordia, Harmonie de Loos-en-Gohelle, s’est levée au petit matin pour réveiller le Maire, les Adjoints, les élus, et puis pour visiter les cafés, les uns après les autres. On les a rejoint à 9 heures, au café de la Providence. Il y a un roulement, un ordre bien précis, qui tourne chaque année. Qui sera révéillé le premier ? Quel bistrot d’abord ? Il y a plein de gens qui suivent. C’est chaleureux et bon enfant. On se laisse porter. Ils se déplacent dans le camion d’un marchand de bière, tout en jouant.

printemps

Il y a des fleurs partout. Des envies partout. Des choses qui se passent. Ca sent le printemps. Pas un week-end sans une manifestation ou quelque chose à faire. Ca fourmille, ça fait plaisir à voir et à vivre.

Il y avait Cécile avec nous aujourd’hui, qui est là pour un stage. Elle nous a accompagné pour faire du porte à porte, pour demander aux gens s’ils acceptaient de poser devant leur porte. Entre deux averses, à la première porte où nous avons sonné, un monsieur nous a ouvert et a accepté de participer, sans hésitation, généreux. Cécile semblait toute surprise : les gens accèptent si facilement ? demande-t-elle. Non, bien sûr que non, mais on doit dire qu’à Loos, on a eu un bel accueil.

Ce qu’il y a de beau, quand on fait les pas de porte, c’est que les gens nous font un cadeau. Il acceptent pour nous. pour nous rendre service. Chaque pas de porte est un cadeau. On le ressent, et ça se voit sur les prises de vues. Il y a une telle beauté dans ces portraits, parce qu’il y a tellement de modestie et de générosité.

le soir

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Il est 20h30. Martine monte les films. Didier regarde Pierrot le fou, pour préparer la journée de demain. Guy écoute l’entretien que Didier a fait avec Mme Chaumorcel, la directrice de la médiathèque, où elle raconte son étonnant parcours pour créer un fond hors du commun.

Y aura-t-il des courageux parmis nous pour venir demain à 5 heures du matin écouter les trompettes du 1er mai ?