Dernier après midi de V.P de novembre 2008

Dernier après midi de Veillée Permanente. Première série. On prépare la suite. La suite, c’est les Chantiers Nomades. On termine nos petits livres. Plus compliqués à imprimer qu’on ne pensait. Ce sera prêt pour le mois de décembre. On a vu une dame ce matin qui nous a dit: vous ne m’oublierez pas, n’est ce pas? -je veux mes petits livres. Elle est venue à la veillée du mois d’octobre. Elle nous a fait rentrer chez elle. Ma cour est enclavée nous dit elle et vous comprenez, regardez, tous ces arbres sur le chemin le long de ma maison (c’est Loos en Gohelle de côté là). Toutes ces plantes qui envahissent mon jardin. Ces arbres qui couvrent ma cour. Et ce lierre sur mon toit. Il faudrait élaguer. Ils sont venus il y a quelques années et  depuis plus rien. Elle dit: novembre c’est le moment d’élaguer. J’ai une belle petite maison des mines dit-elle, j’aimerais beaucoup y être bien. Elle dit, je sais bien , vous n’y êtes pour rien mais si vous pouviez en parler,  vous connaissez beaucoup de gens. Ensuite nous sommes allés un peu plus loin. On nous a demandé à quoi correspondaient tous ces travaux sur le site du 11/19. Nous avons dit qu’il y aurait bientôt une belle place avec des pavés, des petits ruisseaux, des plantes.  L’information n’est pas passée auprès des habitants sur ce qui se fait dans leur quartier. Martine du côté de la Place Lorraine a été prise à partie par des gens qui lui ont fait part de leur inquiétude, parce que chaque fois qu’ il y a des travaux près de chez eux, on leur prend un bout de jardin sans les prévenir. Sous prétexte que… tout le monde a des grands jardins.  Sous prétexte que dans le temps les mines faisaient bien ce qu’elles voulaient. On a évolué depuis le temps dit cette dame, on a changé d’époque. On devrait se parler. Croyez pas? Nous sommes des veilleurs, médiateurs, passeurs et tout.

Me et Mr SITA –discussion après veillée

Nous avons parlé de la passion de Mr Sita « prendre des photos des monuments religieux, à cause de la pierre, parce que la pierre raconte l’histoire, comment les hommes ont-ils pu construire ces monuments, leur force de travail. C’est passionnant de chercher à connaître le comment… »
Nous avons parlé des terrils, de cette richesse qu’a donnée l’accumulation de la poussière et tout ce qui pousse sur les terrils, des plantes incroyables et les pommiers.  Les mineurs mangeaient des pommes et jetaient les trognons. Avec le charbon et les scories, les trognons de pommes étaient remontés au jour et c’est comme ça que les premiers pommiers sont arrivés sur les terrils !
Nous avons parlé de la veillée :
Monsieur Sita nous a dit : « Pour moi c’était très intéressant, dans le sens où ça a permis de réunir pas mal de monde, j’étais étonné qu’il y ait autant de monde. Au niveau du contenu,  j’ai regretté que ce soit trop court. Je m’attendais à plus. C’était concentré sur le quartier, je m’attendais à avoir plusieurs chapitres. En parlant des habitants vous auriez pu développer plus la famille, la vie en profondeur, par exemple à l’époque des mineurs, détailler le sujet sur 2 ou 3 générations.
Je suis arrivé en France j’avais 22 ans, mais je vis depuis 10 ans dans le nord. Le raisonnement, la constitution de la famille, comment les gens se débrouillent pour vivre, je trouve des ressemblances avec l’Afrique. J’ai peut-être trop focalisé là dessus. L’idée est là il faut continuer. »
« Je connaissais Culture Commune parce que je travaillais dans l’informatique et je livrais à l’ECM tout ce qui est consommable. Je n’ai jamais eu la curiosité de  m’informer de ce qui se passait là à culture commune. Maintenant je sais pour les activités, les spectacles. »
« Quand je suis sorti j’ai pris une affiche de « ELF la pompe Afrique » je ne pouvais pas m’imaginer qu’on pouvait faire un spectacle là-dessus, ça m’a touché, je viens du Congo Brazzaville, j’ai vécu avec ma femme les événements et cette affiche me rappelle tout ça. »
« C’est très important ce que vous faites, ça eu un impact, c’est du boulot, répéter tourner et retourner dans les rues pour informer les gens, ça a eu de l’impact. En fait il faut bouster les gens. »
« Ce serait bien de réunir tous les gens autour d’une table, je parle de ça parce que je pense à la mixité de population dans le quartier, des cultures différentes et enrichissantes, pour mieux se connaître, pour apprendre, ça pourrait  se faire  sur la Place Lorraine, sur l’herbe ! »
« Comme un « atelier de paroles », que les gens parlent de leur vie, de là d’où ils viennent, de leur culture. »
« J’ai vraiment apprécié la rencontre avant le spectacle, tu croises les gens que tu connais, tu vois le spectacle et après tu revois les gens pour donner tes impressions. C’est important, tu ne viens pas pour consommer et repartir tout de suite. Cet échange là est rare et précieux, c’est la convivialité. »
« J’ai vraiment discuté avec les gens du quartier. »
Madame Sita nous a dit : « J’ai trouvé ça génial, la projection ça m’a fait … ça nous montrait nous, qui on était dans le quartier. »
« On a vu monsieur tout le monde madame tout le monde, on a vu les enfants. C’était pour moi la vision réelle du Pas de Calais, j’ai vu mon quartier, les gens que je fréquentais, le naturel des gens tel qu’ils sont, tel qu’on peut les voir, on leur a pas fait prendre des attitudes qui n’étaient pas eux. Là c’était du concret du réel du spontané du naturel, les gens parlaient comme ils avaient envie de parler. »

Rien ne finit Tout commence

Le 14 et 15 octobre 08 nous avons diffusé le film de la Veillée à la Base 11/19. Le travail continue. Nous inventons de nouvelles actions. Nous écrivons des petits livres sur chacune de nos actions que nous distribuerons gratuitement. Nous demandons aux gens qui ont vu les Veillées de nous en parler. Pour approfondir. Pour aller plus loin. Pour que chacun donne son avis. L’histoire de la Veillée, c’est l’histoire du quartier. Le personnage principal de nos actions c’est le quartier.  Donc nos travaux sont basés sur la rencontre. Aller à la rencontre. Par tous les moyens, photo, vidéo, écritures… Déambuler, errer, marcher. Prendre le temps de la rencontre et du dialogue. L’œuvre est dans la démarche. Ces quelques jours de Veillée permanente précèdent trois semaines de Veillée Formation qui auront lieu début décembre. Au plaisir de vous rencontrer… Les Veillées sont réalisées par la compagnie H.V.D.Z et Culture Commune.

Martine a rencontré  Mme et Mr Depré qui ont assisté au spectacle de la Veillée

Ils nous ont dit:

Nous sommes venus à la dernière séance, j’en ai eu les larmes aux yeux de voir tout ces gens qui passaient. On a vécu avec tous les gens du coron qui travaillaient encore à la fosse. Ma femme a travaillé 20ans comme aide à domicile pour les personnes âgées, elle faisait tout à vélo, elle a entendu toutes les histoires du passé. Sa mère était lampiste au 14, et son père travaillait aux mines.
Avant ici y’avait le train qui passait, le triage, tôt le matin. Tout ça a été démonté en quelques jours, la nuit, par les belges. Ça m’a fait un coup. Plus de voies, plus de traverses, plus rien. Avant on était au 14 et là ça tournait plein pot.
On habitait route de la Bassée dans un coron, on vivait à 13  dans la maison des mines, les parents dormaient dans la cuisine, les 7 filles dans une chambre et les garçons dans l’autre. Sans salle de bain, les toilettes dehors, la cour, la buanderie. Mon père se lavait dans un chaudron, ma mère elle lavait ses cheveux avec son béguin, elle le lavait jusqu’au torse et après on devait sortir. Ils ne voulaient pas se laver à la mine.
Quand mon père rentrait on prenait dans son sac le pain d’alouette.
On allait chercher le flou avec une brouette et des seaux. On a connu les grèves. Mon père s ‘appelait Victor dit « Toto ». Quand il a été très malade, à la mine ils faisaient des quêtes quand on allait chercher la paie tous les 15 jours, y’avait une boîte marquée « Toto ». A la mine y’avait une belle solidarité.
Ici dans le quartier je sais pas si vous avez remarqué mais y’a pas beaucoup d’hommes, y’a beaucoup de veuves. J’aime bien notre cité plutôt que les longs corons comme dans la rue jules Guesde. Ici c’est tranquille. On est bien.
Pour la veillée, c’est la première fois qu’on allait à Culture commune, on recevait des prospectus mais bon. C’est ma fille qui a réservé 6 places. Elle est institutrice à Pasteur. Les danses c’étaient bien, pendant que les gens étaient sur le pas de leurs portes, on les reconnaissait, les dialogues aussi c’était bien.
On est bien là dans le quartier, on est tranquille. Bon c’est vrai il ya beaucoup de chômage et les jeunes n’ont plus de repères, plus de but. On « descend », le travail, l’argent, tout ça, c’est dur maintenant, pour tout le monde.

Troisième jour de la première série de V.P

On s’est mis du travail par dessus la tête. C’est déjà le dernier jour de le première série de Veillées Permanentes. Ce soir on devrait avoir nos quatre ou cinq petits livres qu’on va pouvoir distribuer sur le quartier sur nos différentes actions. On voudrait faire un tirage couleur pour l’un d’entre eux. ll faut que ça parte à l’imprimerie ce matin. On va distribuer ces petits livres en fin de journée et on en laissera quelques uns  à l’accueil de Culture que les gens pourront emmener en passant. Il y a plein de gens du quartier qui viennent à la base pour nous dire bonjour et prendre la photo avec Jérémie.  Cette Veillée permanente a aussi été l’occasion de penser à la Veillée du mois de décembre dans le cadre des rencontres avec les Chantiers Nomades. On a préparé un planning serré pour tous les stagiaires qui participeront à cette rencontre, stage, formation, recherche, où il est question d’imaginer comment à partir d’ action artistique et culturelle sur les quartiers,  de récoltes de paroles vraies, on peut faire et une veillée et un film de cinéma. Avec toute l’équipe HVDZ, Philippe Piazzo et Daniel Corman. Toute l’équipe est à pied d’oeuvre et les gens du quartier depuis la Veillée d’octobre sont très ouverts à nos propositions. Et nous aux leurs.

Deuxième à droite, troisième à gauche…

A 12H25 A partir de la base je prends la deuxième à droite Puis la rue du Béarn à gauche Obligé, parce que je suis au bout de la rue de Provence Et j’avance dans la rue de Béarn Au niveau de la rue du St Esprit, la chapelle St Pierre fait l’angle de la rue St Esprit. Je croise des jeunes gens à qui je raconte ce que nous faisons sur le quartier, une Veillée permanente. Je continue rue de Béarn. Gros vent. Rue totalement déserte. Affiches qui annoncent un cirque le 8 mai à 18H. Des affiches délavées. J’ai mis un tract au numéro 9 de la rue de Béarn. J’ai croisé un homme avec une trompette qui m’a dit qu’il était venu à la Veillée et qu’il vient souvent à Culture Commune.
A 12H 29 Je longe un jardin, une haie très haute d’au moins trois mètres. Gros vent. Une voiture est garée devant une maison. Une dame est montée dans la voiture. Je lui donne un programme de Culture Commune par la fenêtre de la voiture. Elle me dit que son mari a travaillé là bas, au 11/19.  Je descends la rue du Bearn.  Derrière moi je vois un terril, dans la perspective de la rue. J’arrive au bout de la rue de Béarn Je prends la rue du Limousin. Deux panneaux, rue du Limousin et rue Jules Verne. Je prends la rue du Limousin à droite. Des nouvelles maisons se construisent.
12H32 Maison grillagée qu’on rénove Quartier en pleine reconstruction Maison en bois en parpaings et en brique. J’arrive rue du Poitou. Je continue. Je descends la rue du Poitou et j’arrive le long de la ligne de chemin de fer.  Je tourne vers la gauche. J’arrive au passage à niveau en bas de la rue de la fosse, au bar le phénix où a eu lieu la  première interview des Veillées avec Kader. Passage à niveau.
12H36 Rue Léon Blum à droite. Je suis allé à droite sur le quai de la voie de chemin de fer. Arrêt Loos en Gohelle. J’ai marché le long du quai.  Je suis au bout du quai. Gros vent. Je distribue des programmes à deux personnes qui attendent le train de Lille. Des jeunes gens du collège Pierre et Marie Curie. Ils me disent, vous travaillez le 11 novembre, vous, sous la pluie et dans le vent ? Champ de mais tout au bout du quai, clocher d’une église de Liévin au loin, des nuages à toute vitesse.
12H41 Le long de la voie de chemin de fer. Des détritus. Gros vent. Beaucoup de sacs poubelle. Des fleurs en plastic.
12H45 Le long de la voie ferrée. Beaucoup de verre. Des bouts de bois cloutés.  Des abat-jour en forme de boule. Je pourrais me prendre pour un train .Je pars sur le droite et je remonte  vers le 11/19.
12H50 Je prends la direction de Loos en Gohelle je remonte vers le 11/19 sur la rue principale je croise la résidence René Dumon. Je suis à l’arrêt de bus Alsace. Je donne un programme à une dame à qui j’explique que nous faisons des Veillées . Me regarde, incrédule. Il pleut averse. Je continue cette route Je vais distribuer des programmes de Culture Commune dans les boîtes aux lettres. Un jeune homme appelle un ami en criant son prénom devant chez lui.
12H57 Rue Emilienne Moreau à gauche. On a fait la veillée ici il y a cinq ans à peu près. Les mêmes tourments. Toute petite boîte aux lettres. J’arrive à peine à glisser le programme de Culture Commune. J’arrive devant une maison où des gens on construit un arc de triomphe en arbuste devant chez eux. Je pars à droite rue St Pierre. Je continue dans cette rue et je rattrappe la rue de Le Fosse. Retour au 11/19.