Marcel Duhoo, le père de Florian Duhoo a donné son nom au stade de Fives

503 licenciés // des shorts // un club house // un stade vert // l’équipe de Fives V.S. l’équipe de Beauvin // Fives a gagné (pan dans ton nez) // le plus jeune président de club de foot (26 ans) // une équipe en noir // une équipe en bleue // du café // la télé du club house qui diffuse un match de foot (du foot sur le stade, du foot dans la petite lucarne) // le dimanche, c’est les séniors // 450 enfants qui jouent dans le club // 450 enfants qui rendent Florian heureux, fier et plein d’espoir // on se souvient de la phrase de Louise du café des enfants: « pour éduquer un enfant, il faut tout un village » // un monsieur qui répond à toutes les questions mais ne veut pas être filmé alors il souffle les réponses dans les oreilles de ses camarades // un quartier vivant mais complexe // une dame en colère car son équipe a perdu (Fives a gagné, pan dans ton nez)…

un dimanche après midi à Fives

Commencer à 14 heures passer un bon bout de temps avec trois personnes sympathiques à discuter du quartier , de leurs impressions du quartier , de leur vie en colocation , de leur engagements . Prendre du temps , prendre son temps avec les gens , ne pas céder a la pression de l’efficacité . La démarche compte autant que le résultat , ne pas l’oublier . Partir à l’aventure dans les rues pour faire le portrait chinois. Aujourd’hui beaucoup de gens ne sont pas chez eux . Ne pas se décourager . Rencontrer l’épicière du coin qui nous parle du quartier . Repartir , passer devant le terrain de foot et se rendre compte que c’est une association très dynamique . Rentrer au théâtre Massenet entre chien et loup remplis d’impressions et de sensations parce que c’est ça aussi un quartier des impressions et des sensations.

Du bas mais surtout Duhoo (titre provisoire)

Retour dans la rue Bourjembois, passage par la rue de Noirs, rue Francisco Ferrer, la rue du Long Pot pour finalement atteindre la rue du Pont Noyelles où l’un.e de nous habite, secrètement. Cette dernière veut en effet nous présenter sa voisine d’en face : la mamie aux chats. Malheureusement celle-ci semble absente, peut-être en famille dans une autre rue ou une autre ville. C’est d’ailleurs le cas de la quasi totalité des voisin.e.s, les volets sont fermés, les lumières éteintes. On aperçoit un seul visage à travers un rideau, une porte s’entrouvre, nous distribuons un tract à un adolescent, mais ne le filmons pas, droit à l’image oblige.

Rue du Long Pot à nouveau, on pousse la porte du Pain Gourmand, où se côtoient viennoiseries, baguettes et produits alimentaires. Celle qui nous accueille nous l’annonce : elle n’est pas la patronne alors pas sûre de pouvoir répondre à nos questions. Mais notre collecte de portraits-chinois ne demande aucune responsabilité hiérarchique alors on se lance. Elle nous parle de l’image que les médias donnent de son quartier, qui est trop loin de la réalité. Et comme les gens préféreraient regarder une page internet que sortir dans leur quartier, cela n’aide pas beaucoup l’estime que l’on a de son lieu d’habitation.

Il y a aussi de la lumière au Comptoir 126, Salon Marocain et d’Ameublement Design sur Mesure ; on rentre. La porte grince, alors tou.te.s les client.e.s et employé.e.s du magasin se retournent sur nous quand on la pousse. Il y a de l’achat dans l’air alors ce n’est pas vraiment le moment de sortir la caméra. La gérante nous affirme qu’alors qu’elle a ouvert il y a trois ans, elle n’a toujours pas vu la mairie dans son magasin. Comme si la rue du Long Pot était laissée de côté. Elle aime beaucoup sa voisine, Mélanie, qui anime les ateliers de danse à Korzéam, et ça tombe bien, nous allons lui rendre visite demain.

Un peu plus loin, dans cette rue, on fait un petit tour dans le club House du club de foot de Fives où l’on rencontre Florian Duhoo, mais ma collègue est déjà en train de vous écrire un petit mot là-dessus.

Au retour, Marie sauve une dame de 86 ans en desserrant, comme elle lui a demandé dans la rue, le frein à main de sa Twingo noire.

A force de courir, tu vas finir par perdre ton poncho -proverbe philosophique

En porte à porte cette après-midi, nous avons rencontré Elisa, Léa et Joackim qui ont ouvert une petite entreprise de fabrication de poncho made in Fives…

Bon, ce n’est pas vrai. Ce sont trois colocataires et Joackim a offert à tou.te.s ses collocs en revenant d’un voyage au Népal un poncho très coloré et on a trouvé sympathique de les prendre en photo dans cet apparat aussi haut en couleur que ce trio de jeunes personnes accueillantes, humanistes, écologistes, flexi-végétariennes, un peu timides, diverses, ouvertes, bref, nous avons passé un agréable moment avec elles.

Ils ont organisé un repas entre voisin.e.s pour la rue des noirs et la rue bourjembois pour essayer de connaitre les gens de leur quartier et créer du lien social…Ils ont fait une petite affiche pour inviter tout le monde, ils ont fait du porte à porte et organiser un repas. La démarche est belle, c’est sûr mais ils étaient un peu déçus du manque de monde. On leur a dit que ce genre de démarche, ça prend du temps et qu’il ne faut pas céder à la pression de l’efficacité.

De la carbonnade au couscous

En ce dimanche matin, nous nous rendons au marché de Caulier sur lequel se trouve le marché de Noël de Fives. Cette curiosité géographique ne surprend pas les personnes croisées, quand nous les interrogeons sur le quartier de Fives, on nous répond sans mettre en question notre terrain.

On commence dans le café Le Catalan (chez Manu) où Didier vient tous les dimanches boire un petit café (on allait dire « a ses habitudes » mais cela aurait peut-être transformé votre lecture de l’information). On y rencontre la présidente du Centre Social qui nous parle des transformations du quartier. Elle place historiquement le grand chambardement en 1995 lors de la Creusée du métro. Les commerçant.e.s divers.es et varié.e.s qui habitaient le long des travaux ont perdu leur clientèle et migré vers Hellemmes et Villeneuve d’Ascq, tournant le dos à Lille. La population a changé, les commerces aussi. Aujourd’hui c’est le retour des intellectuels, ça remixe les gens. Fives Cail ? Bof, c’est pas pour elle. Avant elles et ses amis s’y rendaient, au monument au mort qui était devant l’usine.

Quand on sort le tract, plusieurs personnes nous disent qu’elles nous attendaient, la Voix du Nord les a prévenu de notre arrivée. On croise d’ailleurs un homme qui nous dit travailler pour eux, en tant que photographe. Sa profession ne l’empêche pas de donner un avis sur notre micro, qu’il pense pas très adapté à nos portraits-chinois.

Deux fois on nous parle de Degeyter, une place est à son nom à quelques pas, c’est celui qui a écrit l’Internationale.
La fleuriste rêve de tuer une ou deux poules de sa mère dont elle s’occupe pour faire une poule au pot, avec plein de légumes, très bonne pour les oligo-éléments. Et puis elle rit aux éclats quand une autre passante nous dit qu’elle comparerait Fives à une soupe, « décidément on est très légumes ici ! ».

Dimanche matin, réveil en douceur au son du oud…

10H, on pousse la porte de la salle des fêtes de Fives attirées par une douce musique…l’harmonie de Fives est là pour un stage de jazz avec le renommé Michel Godart. Ils travaillent avec un oud et un serpent (un instrument, pas un animal). C’est beau et doux. On se dit que c’est parfait pour le dimanche matin.

L’harmonie est composée de 60 musiciens, cuivres, instruments à vent et percussions. Cette harmonie a été fondé du temps de l’usine Fives Cail pour les ouvriers qui y travaillaient, elle était composée uniquement d’hommes (pour pas qu’ils fassent de bêtises nous a t’on dit), ça nous fait penser aux mines bien évidemment. Depuis cela a beaucoup changé et les femmes sont là et bien là. D’ailleurs, nous voyons bien une cheffe d’orchestre qui mène ce matin avec une main ferme mais légère cet orchestre bien matinal.


Mont de Terre à Massenet

Cet après-midi, pendant que Martine, Bénédicte et Camille sont allées chez Djouheur rencontrer Ratiba, Lucien, Marie et Zelda ont accueilli l’association de quartier Mont de Terre à Massenet. Pierre, Chantal et Jacqueline ont bravé la pluie et la grisaille pour nous parler de leur quartier, leur association. Confortablement installés dans les fauteuils roses du théâtre, ils nous ont raconté la création de leur association il y a 25 ans, les débâcles avec la SNCF et les nuisances sonores dû à la proximité des voies ferrées, les valeurs qu’ils aiment défendre – l’environnement et le bien-être – , la chaleur de leur quartier, les bonjours aux voisins. Ils nous ont aussi dit l’évolution du quartier; du quartier qui vivait au rythme des ouvriers jusqu’au moment où ça s’est arrêté et où « on voyait les arbres pousser dans la friche ».

« Aujourd’hui, c’est bien qu’il reste quelque chose du passé ouvrier ». L’avenir de Fives, c’est aussi un enjeu pour eux, « parce qu’il ne faudrait pas faire un quartier neuf dans un quartier vieillissant », quid des enjeux de Fives-Cail?

Sur scène mais sans public

Notre QG est donc installé sur la scène du théâtre Massenet. Si des spectateurs et spectatrices étaient dans la salle, ils et elles s’ennuieraient sûrement. En ce moment par exemple, quasiment tou.te.s face à notre ordinateur nous écrivons, récupérons les rushes, commençons les montages, dans un silence presque total. Deux d’entre nous tournent le dos à ce public absent. Alors par contre, il y aurait des moments plus amusants, on partage des chansons d’enfants dont le sens caché nous fait bien rire, on regarde des Tutotal, cette courte émission en ligne d’Arte qui détourne des tutoriels pour parler de la sortie d’un film, on fait des grosses blagues. En fait il faudrait concentrer certains instants pour les résumer en un court spectacle. Bon d’accord on invente rien, cela a déjà été fait à Dunkerque il y a quelques temps : c’était La Veillée des veillées.