deux pans pour une même histoire

Ce matin, expériences. Dire des textes en mangeant, en montant sur la table, brandir le pied de caméra comme une arme. Ce matin, on a pris une petite lampe de chevet, et puis la caméra, et on a fait un jonglage complexe. Lire en regardant la caméra, être en grand sur l’écran, avec un papier sur le front, par exemple.
Expériences. On s’est dit qu’il faudrait deux pans pour un même spectacle, un qui s’articule autour du texte et qui laisse une place au corps, et un autour du corps, avec de la place pour les textes. Ne pas laisser de côté le récit, et ne pas non plus laisser le corps. Jouer les deux, en deux pans. Par exemple. On s’imagine des choses comme ça. Faire rentrer en résonance deux angles d’attaques, de points de vues, mais c’est la même histoire, et les deux sont justes, bien que différents. On ne pourrait pas mettre les deux en un, ça fausserait. On se dit qu’il faudra essayer. Expérimenter encore. Continuer d’essayer, et y prendre encore et toujours le même plaisir qu’on y prend.

retour sur Loos en promenade # 2

Au croisement, il y a un autre panneau qui indique, derrière, les Castors. Monsieur Zandecki. Tiens, on pense aussi à Jo-Anna – dont les parents habitent dans le quartier des Castors, et puis, du coup, dans la foulée, à Yann, dont les parents habitent un peu plus loin, derrière les Castors. Et penser à Yann nous fait penser à la colombophilie, parce que son père est colombophile. Du coup on pense à ce gros camion de concours de colombophilie qui stationnait souvent là-bas, vers les Castors.
Donc après le croisement, sur la gauche, il y a l’allée d’arbre qui va vers le collège, et à la médiathèque, avec cette bibliothécaire qui était si enthousiaste. C’est elle qui avait écrit aux écrivains pour avoir des ouvrages et constituer un fond. Le long de cette rue qui remonte des Castors à la place de la mairie, on avait accroché des citations partout. Alex et Fred se mettaient en colonne pour accrocher en haut. La première manifestation poïélitique, c’était là.
Il y avait Cécile, de Roubaix, qui était venue faire un stage sur cette veillée, et qui nous avait avoué qu’elle était étonnée de notre dilettantisme, de notre légèreté, et encore plus étonnée, après le spectacle, de voir le résultat, de comprendre que, en fait, c’était pas du dilettantisme.

regarder la caméra

Regarder la caméra avec adresse caméra pour dire son texte, et le reste du temps, ne pas être en jeu, être en travail. Travailler à faire ce qu’il y a à faire.

On a eu une longue discussion ce matin, fructueuse, sur ce que pourrait devenir la forme de tout ça. Des doutes, des propositions et des idées.

retour sur Loos en promenade # 1

Se promener dans Loos-en-Gohelle village, aller du gîte à la place de la mairie, à la supérette, pour acheter de des bricoles, c’était anodin et ben non, quel étrange sentiment, en remontant la rue et en regardant autour de soi.
Le sentiment d’y avoir vécu, comme dans tous les endroits où on a fait des veillées.
La maison de monsieur Grar, l’ancien responsable du service technique qu’on avait rencontré la bibliothèque, qui disait qu’il collectionnait les accents de la région. Et puis plus haut le garage dont on se souvient comme d’une visite au musée, pleine de grandes surprises esthétiques. Des couleurs pastels, des bleus, des blancs, de la poussière. Au croisement, les panneaux qui indiquent le collège où les danseurs avaient dansé. On était en haut, sur une sorte de coursive qui surplombe la grande entrée. On y a mangé à la cantine. C’est là que les profs avaient fui au moment de faire les citations, parce que c’était vendredi après midi, et qu’ils étaient pressés de partir. A droite, au croisement, il y a le foyer des personnes âgées qui est indiqué. Une pensée pour Bertha. Le petit oiseau sur la branche. On va tous vers la mort, moi j’y vais à petit pas. C’est ce qu’elle a dit la première fois qu’on l’a rencontrée à la cantine. On mangeait là-bas le mercredi, quand il n’y avait pas la cantine du collège. On se souvient aussi qu’au foyer des personnes âgées, il y avait une exposition, et puis aussi un cours de restauration de meubles. Et le jeudi, jeux de cartes.

mesurer la structure qui mesure

A la question
quel est le rôle de l’artiste aujourd’hui ?
Cabelo répond :
Tel le ver, l’artiste transforme les excréments immatériels en humus
Olafur Eliason répond :
Mesurer la structure qui mesure la structure qui mesure la structure qui…
David Gilmour répond :
Croyez vous que je n’ai rien d’autre à faire ?
Yukiko Harada répond :
Nous apprendre à marcher sous la pluie. Quelqu’un vient encore d’être trempé.
Isabelle Waternaux répond :
Résister.

Sebastien Bouchard répond :
Bien faire, mal faire, ne rien faire.