La technique nous dépasse

On galère avec la technique. On possède un nouveau logiciel, Milumin, qui ne semble pas adapté à la diffusion du son pendant les spectacles. Il s’agirait d’un logiciel de diffusion de vidéo perfectionné.  On a dû, hier, arrêter  le filage, à cause du son qui n’arrivait jamais au bon moment. C’est énervant. C’est du matériel qui coûte très cher, dont on n’arrive pas à se servir. Il faudrait qu’aujourd’hui ça fonctionne pour qu’on puisse faire un vrai travail sur les enchaînements des différentes séquences. Et que les interprètes puissent compter sur les bons repères musicaux. Tous ces problèmes nous retardent considérablement alors qu’il ne nous reste plus que huit jours avant la première.

le spectacle a lieu vendredi 10 et samedi 11

Troisième jour de reprise des Sublimes. Deuxième session. On est passé à la piste de cirque. Couverte de tourbe. On est retourné quatre fois à Jardiland, pour acheter des sacs de tourbe. Il en fallait toujours plus parce que nous ne réussissions pas à couvrir toute la piste.

Mathilde s’absente jeudi et vendredi, elle joue dans des lycées normands un spectacle chorégraphié par Cloé Moglia.

Châlons en Champagne, Les Sublimes.

Châlons en Champagne, où les répétitions pour la reprise des Sublimes ont repris hier. Dans le cirque en dur. Hier les acrobates ont principalement travaillé dans le gymnase tandis que sur la piste les techniciens-magiciens s’affairaient à monter le décor. Marie G. qui enseigne au CNAC collabore à ce travail passionnant. Christophe, notre technicien-magicien a guidé tout le montage des principaux éléments du dispositif technique. On a tous très hâte que la tourbe soit répandue sur le sol de la piste, ce qui permettra aux artistes de s’approprier pleinement ce nouvel espace de jeu. On a vécu hier, pour tout dire, une journée de remise en route. Nous nous sommes exercés dan le gymnase tandis que chacunE était appeléE, qui, à aider à monter du matériel sur la piste, qui, à déménager des agrès d’un endroit à un autre de la ville, qui, à tenter de rassembler tout le monde pour qu’on puisse faire au moins un filage dans le journée. Mais c’est comme ça, comme on dit en allemand : Aller Anfang ist schwer. Première tâche de ce deuxième jour, un voyage à Jardiland pour aller chercher les sacs de tourbe.

Par ailleurs, Brigitte qui travaille à la réception du CNAC depuis de très nombreuse années, prend sa retraite ce soir. C’est une autre page qui se tourne. Un livre ouvert de l’institution qui la quitte. Un grand jour.

Nietzsche, l’éternel retour

« Cessons de chercher des prétextes ou des subterfuges, comme celui du ciel, pour nous détourner de la vie, et célébrons-là telle qu’elle est » nous dit Nietzsche. « Cela étant, nous devons être disposés à repasser éternellement par l’existence, mais également à mourir, puisqu’il doit en être ainsi pour que la vie se répète à l’infini. »
Nietzsche propose « une transformation spirituelle résolument actuelle et accompagnée d’importantes implications éthiques : nous devons accepter notre vie et notre destin, et vouloir les vivre à nouveau dans leur intégralité. Nous devons également vivre notre vie comme s’il s’agissait d’une oeuvre d’art, puisqu’une répétition de l’existence devient alors acceptable, comme nous souhaitons contempler encore et encore une oeuvre d’art qui nous plait. Lorsque la foi et l’espoir dans d’autres vies nous a été abolis, il ne reste plus à l’homme que la force de son imagination. » Nietzsche affirme en somme que  » si nous concevons chaque instant, même terrible, comme digne de se répéter, nous aurons du moins trouvé une consolation dans cette répétition. »

De la difficulté de gérer une compagnie, une très petite entreprise

Martine Cendre et toute son équipe (Etat d’Urgence) ont joué vendredi en huit un spectacle sur les migrants. Tout le monde dit que « c’est bien ». On leur souhaite de tourner beaucoup même si par les temps qui courent, c’est difficile de trouver des dates. Les programmateurs n’ont plus d’argent et le peu qu’il leur reste, il le consacre aux plus connus pour remplir leur salle. C’est de bonne guerre mais de très mauvaise augure pour les petites et les nouvelles compagnies (mis à part Julien Gosselin,qui a crevé l’écran dès sa première apparition à Avignon (pas n’importe où).
Pour donner la chance à un spectacle de tourner, il faut être sûr qu’il s’agit  d’un spectacle qui plait aux programmateurs et il faut le jouer à Avignon, au mieux bien sûr dans le in, mais encore faut il y être programmé, sinon dans le off. C’est ce qu’on fait cette année avec l’aide de la région et le spectacle de Lucien Fradin, Eperlecques, qui, n’en doutons pas, va faire un tabac. Tout cela demande de travailler avec peu d’acteur-e-s au plateau parce que ça diminue les coûts, sur les lignes comptables les plus onéreuses, les salaires, les repas, les déplacements et l’hébergement. C’est la raison pour laquelle, Gilbert P. administrateur de Hvdz insiste pour faire un prochain spectacle avec tout au plus, six personnes sur scène.

Pour brasser du monde dans les spectacles, il nous reste les écoles, le travail avec les étudiants, comme ce que nous faisons avec les étudiants de Châlons en Champagne, pour la reprise des Sublimes. Dix sept artistes sur la piste, c’est, pour un petite compagnie, en temps ordinaires, à proprement parler, comptablement, une difficulté insurmontable. Il faut savoir prendre des risques mais les conséquences peuvent s’avérer fatales.

À bien y repenser, deux fois (peut être davantage), nous avons risqué la faillite, tenté un coup de poker, pour nous sortir de l’ornière artistique dans laquelle nous nous étions embourbés à l’époque. L’inspiration nous manquait. Alors nous avons décidé de mener des expériences nouvelles (coûteuses) au risque de tout perdre. Cela a donné deux créations, que nous n’avions pas les moyens d’honorer financièrement (nous avons creusé le déficit de la compagnie à la limite du délit), Ivanov et On s’aimait trop pour se voir tous les jours, qui ,toutes deux ont fait le tour du monde, couvert les crédits et remplit les caisses de notre très petite entreprise. Elles ont permis de salarier une vingtaine de comédiens, pendant plusieurs années.

Par la suite, ce fut à l’époque des Sublimes. La compagnie stagnait et à nouveau se trouvait dans un cul de sac artistique, même si nous avions tout en main pour que ça change. Il nous a fallu tenter un nouveau coup de poker. On s’est dit alors qu’on se servirait de tout, danse, cirque, théâtre, arts plastiques pour créer un genre nouveau et politique. Néobrechtien, en somme. Nous avons engagé des artistes québécois, lancé une recherche expérimentale avec onze comédiens, danseurs et acrobates, plasticiens. Nous n’avions pas l’argent pour payer. Nous nous sommes gravement endettés.
Au résultat, les Sublimes ont tourné longtemps et nous avons remboursé nos dettes en quelques mois et mis de l’argent de côté pour les créations futures.

Aujourd’hui, tel que le dirait Woody Allen, il nous faut résolument nous tourner vers l’avenir, pour les quelques années qu’il nous reste à vivre.

hmmmm, d’accord !

Qu’est-ce qui fait qu’il est parfois difficile de déterminer dans quelle direction nous allons marcher ? Je crois qu’il y a un magnétisme subtil dans la nature qui, si nous y cédons inconsciemment, nous indique la bonne direction. Il n’est pas indifférent pour nous de savoir quel chemin nous empruntons. Il y a un bon chemin mais nous sommes très assujettis à l’insouciance et à la stupidité, et nous sommes enclins à emprunter le mauvais. Nous emprunterions volontiers ce chemin que nous n’avons encore jamais emprunté dans ce monde réel, qui est parfaitement symbolique du chemin que nous aimons suivre dans le monde intérieur et idéal ; et parfois, pas de doute que nous trouvions difficile de choisir notre direction, parce qu’il n’existe pas encore distinctement dans notre esprit.