Carnets de route

Ce sera difficile mais je le ferai. Le plus vite possible. J’y pense depuis si longtemps. Ce dernier spectacle. Sur l’état du monde, sur les migrants. J’en ai parlé pour la première fois, il y a fort longtemps. Plus de dix années.

Demain, tous les camarades-veilleur-e-s ont rendez-vous à Loos en Gohelle pour une nouvelle veillée. Bravant les intempéries, dans le vent, le froid et sous la pluie, aller de porte en porte, recueillir les paroles. Discuter, dialoguer, échanger. Chargé-e-s d’espoir, avec la soif de d’en savoir plus, de mieux connaître les gens pour s’élever ensemble. Tôt dans la matinée, la cité Ouest de Loos en Gohelle va danser sur des airs de musique partagés.

A Châlons en Champagne, rendez-vous, ce soir, à 19h30, pour la première des deux représentations de la reprise des Sublimes.

Générale. Hier c’était la couturière. Tout s’est plutôt bien passé. La répétition générale a lieu à 18h00 au cirque de Châlons en Champagne. Reprise de répertoire, les Sublimes. On n’aurait jamais imaginé qu’on reprenne ce spectacle, s’il n’y avait eu cette proposition du CNAC, centre national des Arts de Cirque. Le prochain metteur en scène-chorégraphe du spectacle de sortie de l’école est Mathurin Bolze, formé lui-même, en partie au CNAC, au milieu des années 90. A l’époque nous avions créé, avec cette même école, C’est pour toi que je fais ça ! spectacle de sortie de la onzième promotion. Pour les Sublimes, nous travaillons avec la trentième promotion.

Dès samedi nous entamons une autre Veillée-Portrait à Loos en Gohelle, cité Ouest (dont la cité 5). Tout a été minutieusement préparé par Marie S., Gilbert P. et Anne B.

C’est le temps de la bascule. Sur la piste couverte de tourbe. Le temps de la répétition. Ernan est revenu ; il porte une attelle à l’annuaire gauche. Hier, au travail, il s’est déchiré le tendon de la phalange supérieure.

Hier après-midi, on a fait la représentation dans les conditions du spectacle. C’est vraiment encourageant. Marie S. nous rejoint cet après-midi pour assister à la répétition car elle part en fin de semaine au bout du monde. Gilbert P. vient voir le spectacle vendredi.

Demain, à 18h, aura lieu la répétition générale. Tout le personnel de l’école de cirque est invité.

A la bascule, les acrobates tentent de nouvelles figures. Ils sont quatre, Baptiste, Rémi, Ernan et Tanguy. Ces pratiques nécessitent qu’on y travaille tous les jours. Comme toutes les pratiques de cirque.
Sandra et Johannes ont pris place à un autre endroit de la piste et travaillent un moment d’équilibre à deux sur une table haute et lourde qu’ils manipulent dans tous les sens.
Marie G. (qui nous accompagne depuis la reprise), professeur au CNAC, fait répéter Noémie à la corde lisse et c’est de mieux en mieux. Mathilde fait danser les acrobates. Martine rectifie des petits défauts de son sur la bande musicale du spectacle, les voix off tirées du Petit Soldat de Jean-Luc Godard.  Quand je regarde mon visage de face, j’ai l’impression qu’il ne correspond pas à l’image que je m’en fais de l’intérieur…

A l’intention de Thomas Piasecki : nous sommes allés au Secours Populaire de Châlons en Champagne, derrière le centre des impôts. Nous y étions vers 14h15, il y avait foule. On peut y acheter beaucoup de choses (selon arrivage) pour quasi rien du tout. L’accueil est très sympathique. Des bénévoles au grand coeur s’occupent de récupérer toutes sortes de vêtements, de les nettoyer et de les offrir au public. On a trouvé tout ce qu’on cherchait, et en particulier des vestes d’hommes pour trois euros, la veste. Avec quinze euros, on a habillé trois ou quatre acrobates, pour le spectacle. En tous cas, Thomas, n’hésite pas, le secours populaire de Châlons en Champagne est une bonne adresse, pour qui cherche des fringues pour rien. Et pour les compagnies de théâtre comme les nôtres, pour qui un sou est un sou, c’est une aubaine.

Encore quelques jours et on présentera cette nouvelle formule des Sublimes dans le cirque de Châlons en Champagne avant de la reprendre à la rentrée au festival de cirque de Auch. On a fait,  aujourd’hui, un grand pas en avant.

Allez ! Ch’est pas tout cha, mais faut y aller ! Y cor du traval. Deux journées de repos et on s’crot in vacances. Ch’dis cha, mi, mais ch’nai jamais travaillé d’em vie. Pourtant arrivé ichi à l’automne de m’vie, èch su dja bien matt. Ches gins y m’attintent, ch’va y aller. Ch’va pas rester dins m’chamb tout l’journée. Y crorotent que j’ai tourné maboule. Y a pu qu’un’ seminn’, ch’va y arriver. Ch’est pas parce que j’a eu frod tou l’nuit que j’dos pas aller travailler. Va t’in espliquer cha à ches gins, ti. Va t’in espliquer cha ach’ méd’cin. Y va m’dire, ichi cha va pu. O z’y êtes pu, ch’t’homme. O z allez print’ des vitamines D et C et cha va passer. Ch’est pas l’momint d’faire des jus. Allez, faut s’armuer ! O verrez, mettez y du vot’ et cha ira miux. Ch’est qu’un passache. Hu, Bijou !

Retour à Châlons, ce soir. Pour la dernière ligne droite. Dès la semaine prochaine, on enchaîne par un Portrait (cité ouest de Loos en Gohelle). Marie S. a tout bien préparé avant l’arrivée de l’équipe en fin de semaine à Loos en Gohelle.

On a rendez vous demain matin à 9h30, sur la piste du cirque. On passe la matinée à travailler individuellement ou par petits groupes. Dans l’après midi, on reprendra un filage arrêté. Les journées vont s’accélérer, car les représentations ont lieu en fin de semaine.

(il faut éviter que je parle trop, comme un chameau qui déblatère sans arrêt, un old fellow (un acteur vieillissant) qui profite d’accrocher n’importe quel cou pour enfiler des perles, des anecdotes)

Le spectacle a lieu vendredi et samedi à 19H30.

Encore cinq jours à faire et refaire, à aménager, peaufiner. Monter et démonter. Déconstruire et recomposer. Jusqu’au bout se donner la possibilité de changer. C’est pas fini.

On a sacrément avancé. Le logiciel est en marche. Il reste mystérieux. Plein de secrets bien cachés. Mais dans son immense bonté, l’automatum a bien voulu nous laisser travailler et apaiser les inquiétudes de Christophe. On a déroulé une nouvelle fois le spectacle et tout s’est bien passé. On a fait et refait certaines séquences pour être au plus juste au plus près de ce qu’on cherche (une sensation, comme une musique qui plaît), et on est maintenant (on le souhaite) sur la bonne voie. Proust avait définitivement raison, c’est le chemin qui compte, la découverte des paysages ; le but, c’est autre chose, c’est ce qui nous a mis en route. C’est une autre histoire. En ce qui nous concerne, ça n’est qu’un instant, un objet forcément inachevé, totalement éphémère. Un poisson qui nous file entre les mains.
Les répétitions, c’est infiniment troublant, difficile et jouissif. On est rémouleurSE, peintre en bâtiment, menuisierÈRE, plombiÉRE, couturière, marcheurSE, mineurE de fond. Un mélange d’intense concentration des artisans au travail et d’écoute, d’ouverture au monde.
Christophe n’a rien lâché, il communique aujourd’hui avec l’automatum.  Christophe s’est décarcassé pour que la machine (trop balaise) veuille bien collaborer.

On avance. On a pris l’après-midi pour faire un filage, filer le spectacle. Un filage arrêté. On a précisément revu la première partie. Ce matin, on décortique la fin. On a placé des enceintes en bas du gradin qui sont branchées directement sur le courant électrique et une interférence provoque un buzz permanent dans la diffusion du son. Il a fallu se passer des effets d’éclairage pendant tout le filage, ce qui a permis d’atténuer la puissance du buzz.
Cet après-midi, on refait un filage complet. On espère que tout ira bien.