On devrait tout de même aller voir la mer

Troisième jour de boulot à Dunkerque. Jour férié, puisque c’est jour de Toussaint. Tous les magasins du centre de Dunkerque sont fermés. On passe nos journées enfermés alors ça ne change pas grand-chose pour nous. On a cherché cependant une pharmacie de garde ; c’est l’époque, on se sent mal, on fait de la fièvre, on est grippé. Mais pour accéder aux pharmacies de garde, il faut posséder une ordonnance et téléphoner à la police municipale. C’est la police qui délivre les adresses des pharmacies de garde. Marie a fait chou blanc alors elle se soigne avec ce que les uns et les autres ont pu lui donner, comme des huiles essentielles, de l’aspirine, du paracétamol, des vitamines. Et se coucher tôt. On a bien avancer dans le travail aujourd’hui. On a créé des danses et on a mélangé  le texte avec le reste. Forbon charge des musiques et des sons, improvise, se démène pour trouver l’accord parfait.

Dunkerque en plein travaux

Deuxième jour de séminaire à l’Avant-Scène de Dunkerque. La scène nationale de Dunkerque sera dirigée, dès le mois de janvier par Ludovic Rogeau, qui remplacera Hélène Cancel. Hélène C. change de métier. Elle change de branche. Elle va faire du coaching de management. C’est rarissime que quelqu’un, à ce niveau de direction, dans le milieu artistique, quitte ses fonctions. On se dit forcément, que dans ce monde dirigé par les hommes à toutes les postes de responsabilités politiques, institutionnels et administratifs, Hélène a dû bagarrer très dur contre le sexisme systémique de notre société. On connaît bien des cas, où les hommes ont tout fait pour empêcher les femmes de travailler normalement dès qu’elles accèdent à des situations de direction. Le monde culturel et artistique n’échappe pas à la violence des autres champs du travail, vis à vis des femmes. Tout comme ce monde n’échappe pas à la souffrance au travail pour les mêmes raisons qu’ailleurs, ce à quoi on peut ajouter le prétexte qu’ici on crée, et les créateurs ont tôt fait de se croire au delà des codes et des lois et de considérer les autres comme des larbins.

l’église dans les dunes

Premier jour de travail à Dunkerque, à l’avant-scène. On a été bien reçu. Du café tout frais. Hélène Cancel est passée nous dire bonjour dans la matinée et Céline qui travaille aux relations publiques du Bateau Feu, est venue nous rejoindre à l’heure du repas, elle a pris sur son temps de pause pour discuter un peu avec nous. On s’est rappelé la grande époque des actions artistiques sur Dunkerque et ses environs. Maxime nous fait à manger tous les midis. C’est de la très bonne cuisine.
On s’est installé dans la salle de répétition et on a lu No Border tous ensemble. Puis on a terminé le travail de la journée par des exercices physiques. Des abdos et des danses acrobatiques.

Dunkerque, quartier de la gare, hôtel B and B

Dunkerque nous ouvre les bras, pour une semaine. On travaille jusqu’à vendredi en fin d’après-midi. Pendant trois ou quatre ans au début des années 2O10, on  allait y travailler un mois sur deux. A l’époque où le théâtre était en reconstruction, l’équipe du théâtre avait décidé de décentraliser ses actions artistiques partout sur le territoire du dunkerquois jusque dans la Flandre profonde. Nous avions multiplié les interventions dans les écoles, les villages, les quartiers… Nous avions rencontré un monde fou, de Grand Fort Philippe à Rexpoade. Nous y revenons dès ce soir (on a eu bien du mal à trouver à se loger) pour cinq jours pour une résidence de recherche, accueillis par la scène nationale du Bateau Feu.  Avant le départ en fin d’année de sa directrice pour d’autres horizons puisqu’elle quitte le théâtre pour un autre travail, un autre monde. Sereinement.

Par ailleurs, on commence à manquer de moyens bien qu’on ait énormément travaillé ces dernières saisons. L’avenir proche se complexifie. Mais on ne lâche rien. L’avenir dure longtemps et on n’est jamais à l’abri d’une belle surprise.

I am not a terrorist, i escape because of them

En partance pour Dunkerque (après demain). Pour une semaine autour de No Border de Nadège Prugnard. On se rappelle qu’il y a deux semaines nous étions à Montluçon ; nous jouions dans les rues avec les étudiants de l’Esad. A la nuit tombante, dans la vieille ville, c’était mystérieux. On allait d’un café désert (ou presque) à une terrasse déserte (ou presque). Plus la nuit tombait, plus il faisait froid. Nous avons joué plus de deux heures. Simon dansait seul au milieu des chaussures qu’avaient installées Nadège dans les rues de Montluçon et que l’on avait dû enlever (du côté de la mairie) à cause de la venue du Préfet pour une veillée d’armes. Nadège a conçu une exposition de chaussures et de sable, avec (à chaque chaussure) un petit fanion où elle a retranscrit les paroles des réfugiés du monde entier à Calais.