Il y a…

Il y a un chemin de fer
Il y a des hommes sensibles dans les jardins partagés
Il y a des choux de Bruxelles squatteurs
Il y a Joackim qui fait un jogging à 22H dans les rues de Fives
Il y a des chiens en platre
Il y a une mémoire ouvrière forte
Il y a des initiatives locales
Il y a des transitions, des nécessaires, des plus commerciales
Il y a des chats en nombre
Il y a le quartier des peupliers et le petit Maroc
Il y a une dame de 89 ans qui ne sait pas défaire toute seule son frein à main
Il y a des jeunes, des vieux, des familles, des étudiants, des chiens qui s’appellent Clochette
Il y a peu d’espaces verts
Il y a des immeubles jaunes où des artistes vivent dedans
Il y a des lieux réservés aux hommes et un lieu réservé aux femmes
Il y a Julien qui joue de la guitare mais qui est timide devant la caméra, c’est pour ça qu’il joue de la guitare
Il y a les repas participatifs d’EPHATA
Il y a plusieurs bornes V-Lille
Il y a les papillons blancs qui écrivent de la poésie à la médiathèque
Il y a le club de foot Marcel Duhoo : Fivois un jour, Fivois toujours!
Il y a des gens qui achètent encore des ponchos
Il y a de la musique, de la joie et des chants à KORZEAM
Il y a le marché de Fives le mercredi après-midi
Il y a des vieux monsieurs avec des histoires incroyables à l’EPHAD Les Camanettes
Il y a Vishnou qui veille sur nous
Il y a des voisins qui se prêtent des objets, des voisins qui réparent des objets
Il y a Richard qui a une bebar de Guedin
Il y a une forêt jardin, des artichauts, des chou-fleurs, des brocolis, des framboises, des groseilles…et des scoubidousbidous
Il y a plein de Kebabs rue Pierre Legrand
Il y a des cuivres, des tambours, des serpents et un oud le dimanche matin à l’Harmonie
Il y a de la poésie locale et des problèmes de stationnement
Il y a un couple de voisins du théâtre Massenet qui a 62 ans de mariage
Il y a Fives Cail
Il n’y a pas de cailles ou alors on ne les a pas vus
Il y a plusieurs écoles
Il y a de la vie

 

Violaine et Louison frappent à notre porte

Violaine, la coloc’ du trio au poncho, vient de frapper à la porte. Ces cohabitants nous ont dit qu’elle danse vachement bien, alors on se dit qu’on aimerait bien la voir faire une petite intervention dans le spectacle de samedi. Elle « a un passif de classique » et fait maintenant de la danse contemporaine. Comme Camille n’est pas au QG, on donne son numéro à Violaine pour qu’elles en discutent directement.

Et puis, ça frappe encore. Cette fois c’est Louison, la dernière de la colocation. Ça y est on aura rencontré tout le monde. C’est agréable quand ce QG devient un lieu de passage, on aime bien avoir de la visite.

Louison est orthophoniste et fait de l’accordéon. Elle nous demande si on connait le Halte aux Postes, le bar à côté, parce que pour elle c’est ce qui représente le mieux son quartier. C’est grâce à cet endroit qu’elle a rencontré le plus de monde, des personnes avec qui elle n’aurait pas échangé si elle n’avait pas fréquenté le lieu. Le balai qu’elle emprunte à son voisin, elle lui emprunte parce que c’est dans ce bar qu’elle l’a croisé. Elle nous redit aussi ce qu’on a déjà entendu : la pizzeria d’en face qui fait aussi des plats iraniens est une super adresse !! Violaine travaille aux Rencontres Audiovisuelles. Elles n’ont pas mis leur poncho.

Au marché, tu peux, tu peux tout acheter

Deuxième marché du Portrait, celui de la place de Fives a lieu le mardi après-midi. On sort nos grandes affiches avec les citations pour proposer aux passant.e.s de poser devant la caméra avec la phrase qui les touche le plus. Trop facile, les volontaires se suivent et ne se ressemblent pas à une vitesse infernale.

Et puis vient notre autre rituel, celui de la valse, et nous voici à aller à la recherche de partenaires d’un court instant de corps à corps. La foule est un peu moins dense mais les sourires sont là !

Aux Peupliers

Ce mardi matin, Béné, Camille et Lucien se rendent dans le quartier loin loin des Peupliers.

Ce sont trois immeubles de briques beiges qui se succèdent du plus grand au plus petit, dans l’ordre d’arrivée. La symétrie est jolie, Béné installe la caméra, et Camille danse, bien au milieu.

Nous rencontrons des promeneurs de chien, on tracte, on propose des pas-de-porte, mais personne n’est d’ici, c’est le papa, le frère, la belle-mère, alors tant pis. Et puis au moment où nous croyons partir, on apreçoit deux jeune hommes en train d’étendre leur linge sur le balcon, Camille les hèle, on leur dit que l’on souhaite faire des images et avant que l’on ait le temps de finir l’un des deux nous répond : « montez, mon ami travaille dans le cinéma ».

Au deuxième étage, on entre ainsi chez David et Mustapha. Ce dernier nous prépare du café pendant que David nous dévoile peu à peu sa carrière cinématographique ainsi que toutes les cartes et certificats qui attestent de son statut d’auteur.

David est kabyle, il vient d’Algérie. Il est auteur, doubleur de voix et a déjà réalisé quatre films documentaires. Actuellement il cherche à faire traduire un livre qu’il a écrit sur le suicide. Son travail documentaire, sur la culture berbère et l’Afrique du Nord, l’a emmené en Egypte et en Italie pour rencontrer des écrivains qui s’intéressent à ce sujet. Le problème, c’est que si l’Algérie lui a donné l’argent nécessaire à une réalisation, elle s’octroie ensuite un droit de censure qui ne lui permet pas de dire ce qu’il veut (en tant que chrétien kabyle notamment). Il en est de même lorsqu’il effectue des doublages de films étrangers qu’il réalise,  beaucoup de scènes sont coupées par la censure (un dénuement, un baiser, …) ce qui fait que les films passent de 1h30 à 45 minutes et deviennent parfois incompréhensibles. Il parle de dictature algérienne.

Il a actuellement en tête un scénario d’une série de 30 épisodes, mais il veut pouvoir créer librement et c’est pour ça qu’il a décidé de changer de pays.

On lui laisse notre mail pour qu’il nous envoie bientôt des liens pour regarder des extraits de son travail. Et puis on lui donne des pistes : on aimerait bien qu’il rencontre Marie et Marion du Cinéma l’Univers à Lille qui sont un lieu de projection de documentaires par les associations actives et/ou militantes de la ville.

 

84 ans et tout fringants

Nous sommes accueilli.e.s comme des prince.sse.s ce matin chez Gisèle et Noël qui habitent la maison rose en face du théâtre Massenet. On a beaucoup ri, il y avait de la bonne humeur dans toute la pièce (et un bouquet de gui accroché à l’envers sous lequel on ne s’est pas embrassé). Le café était très bon, Béné et Camille étaient sur un nuage qu’on leur propose enfin du lait. Une belle interview à retrouver comme vous le savez déjà ce samedi à 16h30 à la salle des fêtes de Fives.

Gisèle nous montre l’aquarelle représentant l’Eglise Notre-Dame de Fives en affirmant : « Voilà où j’ai fait ma communion, où je me suis mariée, et où l’on fera mon enterrement ». Ce à quoi Noël répond : « Enfin s’ils veulent bien de nous ! ».