Monsieur Duhermel

 

Duhermel, en breton ça veut dire « fils d’Armel ». Mais le Monsieur Duhermel que nous avons rencontré n’est pas breton pour un sou. Il est descendant de flamand, à l’époque où des bretons se sont installés aux Pays-Bas pour l’expansion de leur commerce. Monsieur Duhermel est né dans le Vieux-Lille, a habité à Villeneuve d’Ascq avant de finalement arriver à Fives à la mort de sa femme. Et il a beaucoup de choses à nous raconter.

Il nous reçoit dans un appartement de la rue de la Gaité. Le couloir de l’entrée est recouvert d’assiettes décoratives en porcelaine, souvenir de divers évènements et villes françaises. Des tableaux d’Alexandre Desrousseaux (« Le p’tit quinquin », « L’canchon Dormoire »), des vieux gramophones et autres phonographes, des tableaux. Et surtout, il est « amoureux de sa ville ». Alors, quand il est arrivé à Fives, il est allé à la mairie pour demander ce qu’il pouvait faire, lui qui savait seulement lire et écrire (les activités manuelles, c’est pas trop son truc). On lui a dit que s’il le souhaitait, il pouvait s’intéresser à l’histoire de Fives. C’est comme ça qu’il a commencé sa longue immersion dans les entrailles de la mémoire fivoise. Aujourd’hui, 21 classeurs trônent dans une armoire vitrée. 21 classeurs qui retracent l’histoire de Fives de 1100 à aujourd’hui. 1104, c’est le moment de la construction du prieuré, autour duquel va se construire les premières habitations. Fives a la réputation d’avoir « une eau qui combattait les fièvres ». Pour ce qui est de l’origine du nom du quartier, apparemment les avis divergent. « Fives ça vient de l’anglais… Non mais… ça c’est une idée de maboule ». Pour Monsieur Duhermel, Fives ça vient de « fief », la donation qui appartient au seigneur.

(ça c’est une gravure de Fives y’a bien longtemps, dans les années 1100 et quelques)

Parmi les grands évènements qui ont marqué le quartier, il nous cite le grand développement industriel. Une catastrophe selon lui, « je maintiens ». En 1803, il y avait 956 habitants à Fives. 100 ans plus tard, il y en avait 35 000. Fives n’était plus l’endroit de verdure où il faisait bon venir se promener le dimanche après-midi 2/3 siècles auparavant. Beaucoup d’entreprises textiles avant que l’usine de Fives n’ouvre ses portes. A ce moment, Fives est redevenu un quartier annexé  à Lille, alors que quelques années plus tôt, après la révolution française, c’était devenu une ville à part entière. Et puis la première guerre mondiale, qui touche beaucoup d’usines et encore plus d’ouvriers. L’industrie fivoise a du mal à s’en remettre, elle se relève dans l’entre deux guerres et avant de prendre la seconde guerre mondiale de plein fouet.

Monsieur Duhermel nous dit que tout le monde n’est pas d’accord sur l’histoire de Fives, lui a sa propre version. Tout est recensé dans des classeurs qui condensent ces écrits, des archives, des photos d’époques et autres gravures. Il a même prévu de tout donner à la mairie de quartier à sa mort.

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