Moi je voudrais manger à la cantine, avec mes copains et mes copines…

Il est bientôt l’heure pour la compagnie d’aller déjeuner.
Tous les midis, nous avons mangé à la cantine du lycée Saint-Exupéry. C’est notre dernier repas là-bas. Profitons-en. La cuisine est bonne (ce qui n’est pas le cas dans tous les lycées) et l’ambiance à table est souvent détendue.
On blablate tantôt avec un professeur d’E.P.S. tantôt avec un professeur de mathématiques, tantôt avec l’infirmière du lycée.
Et puis, à l’école, on parle d’école alors chacun se remémore ses souvenirs, ses petites anecdotes plus ou moins drôles.
On espère ne pas trop saouler les professeurs parce qu’il est vrai qu’à la compagnie, on a la langue bien pendue…

“C’est l’hiver, les arbres sont en bois.” – Hommage à mon grand-père

On sent l’hiver arriver à Terrasson. On espère fort qu’il fera plus chaud dans la salle demain.
A 17h et 20H30, un beau moment attend l’équipe et les habitants de Terrasson.
Comme disait mon grand-père, ce sage homme trop incompris de son vivant: « L’hiver, il fait moins froid que dehors ». Un poète de l’absurde…
Il disait aussi, pour rester dans le thème de la chaleur (généralement à l’heure de l’apéro): « Faites chauffer les glaçons, j’arrive ». En fait, c’était un peu le Jules Renard du Pas de Calais. Mais cela, personne ne l’a compris.
Je tiens donc, ici, à réparer cette injustice. Peu importe ce qu’on en pense ou ce qu’on en dit.

-2°C dans la nuit du Périgord noir

On aborde les deux derniers jours de notre voyage terrassonnais. On a encore pas mal de travail. Répétition cet après-midi. Ce matin Didier prépare les textes qu’on lira sur scène, Pierre et Jérémie installent le plateau. On attend beaucoup de monde à 17h. A 20h 30, on fait face à une sévère concurrence, le match de rugby, France-Nouvelle Zélande. Et comme on est au pays du rugby, on va avoir de la difficulté à rivaliser. Mais nous attendrons le spectateur de pied ferme jusqu’au bout de la nuit s’il le faut. Ce matin on continue nos pérégrinations dans la ville. On retourne dans la ville, distribuer des invitations, prolonger les échanges avec les gens de Terrasson. On va retourner à la friperie s’acheter des vêtements de théâtre, pour nous, pour le théâtre. Quelle différence y a t il entre ce que nous sommes et les rôles qu’on nous fait jouer ? Le plus important, comme dirait Sartre (ou Bourdieu, je ne sais plus) n’est pas ce qu’on fait de nous mais ce qu’on fait de ce qu’on a fait de nous. Pierre, notre technicien-magicien, est arrivé en début de soirée, Didier et Guy sont allés le chercher à a gare de Brives. Il est logé à la Chambauderie, à la Maison de Léopold, une maison d’hôtes où Guy est hébergé depuis le début du Portrait, tandis que nos autres camarades sont dans des chalets.

ce matin, dans la voiture, dans le froid matinal, on a lu ceci…

« On ne loupe rien quand on a le populaire dans la peau ». JEAN VILAR

« L’Art, expression de la Société, exprime, dans son essor le plus élevé, les tendances sociales les plus avancées ; il est précurseur et révélateur. Or, pour savoir si l’art remplit dignement son rôle d’initiateur si l’artiste est bien à l’avant-garde, il est nécessaire de savoir où va l’humanité ».

Gabriel-Désiré Laversant.

Portrait sensible – Dominique Sampiero

Peut-on imaginer le visage d’un arbre, d’un nuage ou d’une flaque?
Oui, en fermant les yeux,
Pour connaître celui des hommes, c’est pareil, il faut fermer les yeux et écouter la voix de celui qui parle, avec ses lianes, ses fougères, ses orages et ses averses.
Derrière le portrait des apparences se cache le portrait sensible, là où l’orgueil résiste, puis se moque des apparences, du pouvoir et de la réussite et fléchit vers les eaux tantôt sombres tantôt claires de la présence.
Rivière ou lac gelé, le silence est l’hiver de nos mensonges.
Derrière chaque mot, la lumière est précieuse, rare ou déferlante.
Derrière chaque mot, la vit nourrit la sève de notre parole et lorsqu’on l’écoute, rien, rien d ‘autre que la violence d’être ici, au bord du rire, au bord des larmes.
Derrière chaque mot, la faim, la pauvreté, la guerre, comme si de rien n’était.