Comment faire la différence entre « je dois » et « je veux » ?

Trois journées de fous. On est allé mardi à Evry, mardi, en voiture. A l’Agora, scène nationale, que dirige notre ami Christophe Blandin Estournet. Réunion à 16h avec une partie de son équipe dont Lois, l’administrateur et Marianne, responsable des relations publiques. Réunion de plusieurs heures pour mettre au point notre journée de mercredi à la maison d’arrêt de Fleury Mérogis. On a dormi à Evry au Résid Home. C’est toujours là qu’on va quand on vient à Evry. On aurait aimé dîner au restaurant népalais près de la cathédrale d’Evry mais toute une série d’alertes à la bombe nous ont obligés à rebrousser chemin et à retourner au vaste centre commercial d’Evry, pour y manger dans une Pizzéria. On a revu une fois de plus ce qu’on allait dire aux représentants de la prison mercredi sur le projet qu’on va mener avec les personnes détenues. Puis on a laissé naviguer la conversation sur le flots de nos paroles. On a évoqué ce que dit Kant à propos des de l’être non inhumain quand il parle de son insociable sociabilité. Nous sommes retrouvés au petit matin pour nous rendre à Fleury Mérogis. Cécilia et Marion du SPIP, organisme culturel qui dépend de Léo Lagrange et qui a en charge la coordination d’activités artistiques au sein des établissements pénitentiaires, nous y attendaient, pour nous faire visiter le bâtiment D1 de l’établissement où sont détenus des hommes. Nous avons parcouru des longs couloirs, passé de nombreuses grilles, croisé beaucoup de surveillants. Nous avons vu la salle d’activités où nous allons travailler avec les personnes détenus et la salle (dite la Chapelle) où nous jouerons le film-spectacle réalisé sur place. En début d’après-midi, nous avions rendez-vous avec des responsables de la maison d’ arrêt (en présence de Marion et Cécilia du Spip) dont le directeur de l’établissement. Nous avons agi comme nous avions prévu, dans l’ordre (prévu) de nos interventions en étant toujours le plus précis et le plus clair possible. Comme nous l’avions répété la veille. Le directeur s’est dit très intéressé par notre proposition et qu’il nous donnait son plein accord pour intervenir dans l’établissement, à l’exception de tout ce que nous voulions filmer dehors (dans la cour de promenade ou sur le terrain de foot ou la piste d’athlétisme). Nous avons repris la route vers 16h pour rentrer chez nous vers 20h ou 21h à cause des embouteillages dans le… Nord Pas de Calais. Ce jeudi était consacré à un important travail de bureau à Loos en Gohelle et aussi Guy a passé sa journée au Louvre-Lens avec les militants d’ATD Quart-Monde pour faire un travail dense et intense sur le pèlerinage à Cythère de Watteau. La matinée fut consacrée aux présentations, au café et à la visite commentée par les médiatrices et médiateurs (Ludovic et Marion) du musée. On s’est longuement arrêté sur les toiles de Watteau et Boucher qui reproduisaient dans leurs oeuvres, la volonté de la régence au début du XVIII ème siècle de célébrer en France, à la cour et à ailleurs ce qu’on appelait les Fêtes Galantes. Vers 14h on s’est tous retrouvés dans un atelier du musée et on a travaillé avec les masques de Comédia d’elle Arte qu’on avait vus le matin dans les oeuvres exposées dans le musée dans le cadre le l’expo sur les fêtes galantes. Les militants d’ATD Quart monde ont d’ailleurs participé ces dernières semaines à des stages de confection de masques de comédia. Chacun a mis son masque et on a exploré les personnages que représentaient les masques en fonction des personnes qui les portaient. On a créé pendant tout l’après midi des tableaux parlants, en s’ inspirant de ce qu’on avait vu le matin pendant la visite. Un magnifique soleil couchant à travers les vastes baies vitrées du musée a clos cette journée. Tout le monde a emmené son masque à la maison. Un petit tour au bureau pour saluer les camarades et décompresser et la nuit était tombée sur le bassin minier.

juste un petit mot

On a reçu, les unEs et les autre du spectacle Aimer si fort, des mails de tous les participants au spectacle. Une belle gang. Un beau groupe. Une sacrée équipe. Des mots intitulés, juste une petit mot. L’initiative en revient à Marion H. et tout le monde y est allé de sa plume pour dire son attachement au groupe et au spectacle. Ça n’est jamais arrivé, pas que je me souvienne, et c’est magnifique.

On ne lâche rien

Semaine chargée de rendez-vous multiples. On va passer deux jours à Evry et Fleury-Mérogis pour préparer nos interventions auprès des détenus. Lucien Fradin travaille cette semaine en résidence à Culture Commune dans le cadre du Pas à Pas avec Hvdz. On ira lui donner un coup de main. Jeudi on consacre la journée à ATD quart-monde pour un atelier avec les militants, au Louvre-Lens, autour de Watteau. Marie S. commence ses cours à l’université en fin de semaine. Samedi, on part tous à Loon-Plage, pour le portrait de Loon-Plage.

Un porte avion transformé en local d’éducation populaire itinérant

Une bonne journée de repos après tous ces journées très agitées. On aurait aimé se rendre à Calais pour la grande manifestation de soutien aux migrants mais nous n’en avions pas la possibilité. La manifestation s’est terminée en émeute. Des migrants ont réussi à s’introduire sur un ferry en partance pour l’ Angleterre et les CRS les ont pris en chasse dans les coursives du bateau. Pourquoi ne laisse-t-on pas tous ces gens aller où ils veulent. L’Europe est suffisamment puissante pour décider de tous les aider et d’aider en particulier l’Angleterre qui est la destination rêvée de la plupart d’entre les migrants.  Ça nous coûterait bien moins cher que d’envoyer des avions et des bombes sur la Syrie ou ailleurs et des portes-avions qui ne servent qu’à alimenter l’idée de vengeance et de destruction à un prix qui défie tout entendement. Pour un résultat catastrophique et contre-productif, on le sait bien, que ce soit en Irak (pourquoi a-t-on détruit l’Irak : pour un raison nulle et fausse ), en Syrie ou en Lybie (de quoi les Français se sont ils sentis investis pour anéantir la Lybie (sans penser une seul instant à ce qui arriverait ensuite ?), pays livré aujourd’hui aux mains des trafiquants et des mercenaires qui favorisent les guerres et participent du déplacement de populations. Nous sommes responsables de ces vastes flux migratoires. Au lieu de répondre par des bombardements, nous devrions assumer notre responsabilité en venant en aide à ceux qu’on a obligés à fuir de chez eux et qu’on traite comme des criminels. Un comble ! Un jour, on prendra peut-être conscience de ce qu’on a fait et on descendra de notre piédestal de mother fucker de dominants, d’occidentaux qui se croient supérieurs aux autres. Ce jour-là on assumera nos responsabilités et notre culpabilité, on verra le monde autrement et on arrêtera d’être hypocrites. Et Calais ne sera plus un problème.

une équipe enthousiaste

Dernier jour de cette session de janvier à l’école de théâtre, l’Esad, à Paris. On a fini vers 18 h après quatre heures d’intervention qu’on a réparties en deux temps. Travail sur des constructions de personnage et recherche physique (qui nous a menés dans les parages de Lars von Trears, quand il a réalisé le film les Idiots) d’un côté et d’un autre, constitution d’une assemblée politique qui regroupe des citoyens voulant trouver des solutions aux problèmes des migrants. Chaque étudiant, chaque act(eu)RICE a donné le maximum de lui,elle-même, est allé au bout de lui,elle-même. En tension maximum. L’improvisation nous a questionnés de mille manières. La justesse des prises de parole des personnages interprétés par les étudiants et leur force, leur énergie nous ont donné à voir des moments de théâtre très intenses, plus vrais que nature. Poétiques, justes et lourds de sens.

Ça bosse

Troisième jour d’intervention à l’école de théâtre (l’Esad) aux Halles de Paris, place Carrée. Déjà la fin de semaine. Le temps hémophile coule. Les journées passent vite. Si on veut prendre le temps de travailler les détails de chaque proposition, il nous faut fouiller, essayer, multiplier les tentatives, reprendre et reprendre encore. Nos journées d’intervention se déroulent en deux temps de recherche. Tous les jours nous faisons un échauffement physique et travaillons sur des constructions de personnages et de figures chorégraphiques. Puis, après une petite pause, le reste de l’intervention est consacré à l’écriture et aux textes qui concernent les migrants. On cherche. On construit des vies. On confond nos vies avec celle des émigrés. Nadège Prugnard, au cours de ses résidences dans la Jungle de Calais, s’est rendue compte, que lorsqu’on discute avec les migrants, il est quasi impossible de parler de leur enfance. Avec les étudiants de l’Esad, on a réfléchi et reconstruit des histoires (d’enfance) comme on fait théâtre, en pleine liberté d’imagination. Les vies des uns se fondant dans la vie des autres. Comme une tentative de faire cause commune. Nous sommes tous des migrants.