Eloge de l’amour

Ce matin, réunion au bar de la Renaissance, rue de la Roquette avec Christophe Blandin-Estournet, directeur de l’Agora et Marie S. et Guy de Hvdz. Marie s’est levée dès pontron-minet pour être là à l’heure, puisqu’elle venait de Lille. Guy est sur Paris depuis deux jours et intervient à l’école de théâtre (Esad) situé dans les Halles. Malgré cela, Guy, le tebé, est arrivé en retard puisqu’il a pris le métro dans le mauvais sens, sur la ligne 5 et s’en est rendu compte à la station Pantin. La réunion eut bien lieu et s’est bien passé. On a évoqué le projet sur les migrants mais ce fut aussi l’occasion de faire le tour de toutes les actions artistiques, en lien avec les populations, que l’on mène avec le théâtre de l’Agora d’Evry. A midi, Christophe est rentré à moto, à Evry, tandis que Marie et Guy se sont rendus (en bus) au restaurant, le Mimosa pour déjeuner avec Nadège Prugnard, qui intervient aussi à l’Esad. Le Mimosa est devenu la cantine de Nadège et Guy, pour le temps de leur intervention à l’école. Marie S. s’en est allée à Bagnolet après avoir visité (un peu) l’école. L’après midi de travail avec les étudiants a été dense. Le thème abordé (l’émigration), les exercices d’écritures, les expérimentations physiques nous entraînent vers des sujets très variés, qui touchent tous à l’être humain. De façon artistique, mais aussi philosophique, psychologique et bien sûr politique. On a beaucoup évoqué Nietzsche et un peu Badiou.

Tous dehors pour la culture!

Aujourd’hui, nous sommes retournés dans la cité des provinces à Lens pour rencontrer des habitants, à la recherche de témoignages pour créer nos petites formes pour les parcours spectaculaires avec Culture commune en mars. Nous avons rencontré plein d’habitants, des femmes principalement, accueillantes, adorables qui nous ont raconté leurs vies dans la cité, la vie de leurs enfants, l’une d’entre elle nous a témoigné de l’importance du théâtre dans la vie et l’épanouissement de son jeune fils. Elle nous a parlé de Manu de Culture Commune et comment la médiation qu’il a menée a permis cela également.

Mais, nous avons eu un petit malaise en rentrant au bureau en découvrant une lettre anonyme adressée à la compagnie nous disant qu’à Loon-plage, on votait FN et que l’on ne voulait pas de nous, de la culture. Dehors la culture nous dit-on sous couvert d’anonymat. Prenons-le au mot, fort de notre journée dehors. Oui, dehors, tous! pour la culture, pour la rencontre, pour la discussion et pour ne pas laisser passer les menaces sans fondement.

Comme un lundi

Réunions au  bureau avec des représentants du Conseil départemental en charge des arts vivants dans la communauté d’agglomérations et au-delà. Puis pause-déjeuner, repas préparé par Marie du CD2E, le bâtiment en face du nôtre, un peu sur la droite. Et deuxième réunion avec l’association de la Brouette Bleue de Fauquembergues où il a été question d’expliciter notre démarche pour permettre à l’association de se rendre compte de ce qui se fait dans la région, au titre des créations participatives. On a évoqué le travail de Jean Maurice Boudeulle à Hem qui fut un pionnier dans ce domaine. Jean Maurice Boudeulle est un bâtisseur de théâtre, il a permis qu’à Hem (à côté de Roubaix) dans tout un quartier, dans toute une ville, dans chaque maison, on ait une ou plusieurs personnes qui pratiquent le théâtre. Cette réussite est totalement exemplaire et devrait être enseignée, analysée, comparée dans toutes les universités et reproduite dans toutes les communes du pays. Toutes populations confondues. Pour donner à voir ce qu’on fait, on a montré aux deux jeunes femmes de l’association la Brouette bleue, la vidéo-reportage de la Veillée que nous avons réalisée dans le quartier de Beauport, à Québec, la saison dernière,  en collaboration avec la compagnie Code Universel.

La situation s’est considérablement dégradée à La Redoute

Un dimanche après-midi hivernal à Wattrelos. Diffusion de la Veillée retravaillée qu’on avait présentée à la Condition Publique à Roubaix, l’année dernière à l’époque où Anne-Isabelle présidait encore aux destinées de l’établissement qui aura connu bien des déboires après ses premiers mois d’ouverture en grande pompe, il y a plus de dix ou vingt ans. Nous étions cet après-midi à la boîte à musique, rue Amédée Prouvost à Wattrelos (La BAM). On a revu beaucoup de monde qu’on commence à bien connaître de la Redoute et des gens nouveaux qui n’avaient pas pu voir le film-spectacle l’année dernière. Après la représentation, on a longuement discuté avec les gens qui ont assisté au spectacle. On a donc appris que la situation à l’usine s’est considérablement dégradée, et que les salariés qui, malgré tout, continueront à se battre jusqu’au bout pour défendre leurs droits, n’ont guère d’espoir dans l’avenir de l’entreprise. Elle est devenue, une machine inhumaine, qui ne laisse plus de place du tout à l’épanouissement de ses salariés. Si La Redoute devait continuer d’exister, elle n’aura plus rien à voir avec ce qu’elle a été. Tout est aujourd’hui mis en place pour que les ouvrières s’asservissent au travail sans plus y trouver une once de plaisir. Inhumain et indigne ! Après des années de chantage, de pris en otage et de licenciements  par la direction de ses ouvriers d’un côté et de souffrance, de lutte et de résistance de l’autre !

Loon Plage, première étape, premières rencontres

Hier soir, comme convenu, réunion à la salle Coluche de Loon Plage avec les habitants (pour la plupart responsables d’associations et représentants des écoles et de la mairie), en présence de Mme l’adjointe à la Culture et de la directrice des services culturels. Un belle Veillée-Portrait en prévision. Nous y étions, Anne, Marie S. et Guy pour Hvdz et nous avons échangé avec les gens pendant un long moment et ce fut un temps fort agréable. On voudrait que ça démarre tout de suite. Dominique s’est proposé de nous faire visiter le village qu’il connaît bien et qu’il aime beaucoup. On fera la visite le plus tôt possible (ça nous permet de nous repérer très vite dans le village). On sait déjà que Loon Plage est très étendu donc on va bien marcher dans les rues, ce qui est la meilleure façon de découvrir un territoire nouveau. Ah oui, on démarre un samedi matin, et toute la nuit qui précède, aura lieu le bal du carnaval et on sait bien que, comme on dit, un bal de carnavaleux, au pays des carnavaleux, c’est à la fois unique et très très festif. Pour nos deux amis d’Hvdz qui viennent d’Avignon et Paris et qui seront là dès vendredi soir, on ne peut pas rêver accueil plus grandiose. A Loon Plage, il n’y a plus de plage puisque le port de Dunkerque y a installé un terminal méthanier. A la place il y a aujourd’hui la célèbre digue du Break.

Demain RDV dix heures au Bureau

Quelle journée ! Au fond, c’est tous les jours comme ça ! On court, on court, on court ! On a démarré par une conversation-conférence via Skype avec la Belgique sur le but de notre démarche et les objectifs de la compagnie dans l’idée que peut-être un jour on pourrait travailler ensemble…. Et puis on est allé saluer et prendre des nouvelles de Lucien et de son équipe qui cherchent, cherchent, cherchent. Ils sont là depuis le début de la semaine et ne ménage pas leur peine. On a hâte d’en savoir davantage et d’assister à un temps de répétition. S’en est suivi un temps de repas, tartiflette et salade de lentilles aux herbes du jardin de Gilbert. Damien est venu nous rendre visite, on a parlé du projet de l’association que Marie S. a créé, dernièrement, avec Marie. Dans une ancienne ferme de Steenvoorde. Magnifique initiative artistique et culturelle qui va voir le jour dans les prochains mois, les prochaines années. C’est plein de vie et d’espoir. Une main tendue vers l’autre. Et on a enchaîné par une visite du Louvre-Lens, dans le cadre d’un travail avec les militants d’ A.T.D Quart Monde. Demain soir on va Loon Plage pour la réunion des associations en prévision du prochain Portrait de village.

l’air était rouge comme s’il criait

Hier on a joué à Mondeville, dans le Calvados, près de Caen. On  a eu du monde. Guy a du prendre un paquet de cortisone pour retrouver un peu de voix pour le spectacle. Dès notre arrivée à Caen lundi soir, il est allé chez le médecin que les camarades d’Hvdz avaient promptement déniché dès qu’ils ont eu connaissance de l’état des cordes vocales de La Brique. On a apprécié de disposer d’un bon micro H.F pour le spectacle. La voix de La Brique n’était pas parfaite (loin de là) mais on entendait bien tout ce qui se disait. Et la soirée était particulièrement dense puisqu’ après le spectacle avait lieu un bord de scène (puisque que nous faisions parti d’un temps fort organisé par le théâtre de la Renaissance de Mondeville autour du rapport du théâtre avec le réel). La discussion était animée par un responsable des CEMEA (organisme d’éducation populaire très présent sur le champ du spectacle vivant). Le public est resté nombreux. La conversation a eu lieu entre, à la tribune, un ancien ouvrier mineur du Calvados, un ancien métallurgiste de la région, Guy qui venait d’interpréter la Brique et le public. Nous étions fiers de participer à ce débat auprès des ouvriers avec qui on a pu se rendre qu’on partageait une véritable culture commune et une vision commune de la société et des responsables patronaux et financiers qui ont décidé du sort de milliers de personnes dans les bassins de population ouvrière sans prendre en compte le devenir des gens, dans le seul but de faire de l’argent, de faire du profit et de spéculer. On a terminé sur une note optimiste quand une personne du public nous a, à tous, vivement recommandé d’aller voir le film Demain, un documentaire, qui propose d’autres manières de vivre possibles, une autre organisation économique, plus humaine, plus sociale, et plus respectueuse de humanité et l’environnement.

Caen, on reste sans voix

On écoutait Christian Scharietti sur France 3. Il disait, combien il était fier d’avoir réussi à maintenir une troupe permanente de plus de dix comédiens au T.N.P de Villeurbanne, alors que dans la plupart des théâtre les troupes de théâtre n’existent plus depuis fort longtemps. On engage les comédiens, danseurs, acrobates,  musiciens, techniciens-magiciens uniquement le temps d’un projet. Il existe par contre un grand nombre de compagnies qui sont fidèles à des personnes avec lesquelles le travail se prolonge au fur et à mesure des années, mais qui n’ont pas les moyens de créer une troupe permanente. C. Scharietti parlait de sa carrière comme d’un temps passé et il disait qu’il songeait surtout à réussir les quelques derniers spectacles qui lui tenaient à coeur. Qu’il aimerait changer. Etre ailleurs qu’au T.N.P. Puis en parlant de l’intermittence et du métier de comédien, il disait qu’il conseillait à ses enfants de ne surtout pas faire ce métier. Qu’ils avaient peu de chance d’y trouver leur bonheur et que tout valait mieux que cela. Parce que rien n’était pire que d’être soumis au total aléatoire.