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ÉCOLE, INTRODUCTION

Aujourd’hui, on fait la rentrée en même temps que les élèves !
Trouver une école et des enseignants disponibles pour pouvoir échanger pendant les vacances scolaires, pour organiser et nous accueillir dans leur classe… c’était assez incertain !
Heureusement, Pascaline et Nathalie ont répondu présentes, se sont démenées, ont envoyé les infos et appelé les parents pour prévenir de la venue de la compagnie HVDZ.

On débarque à 8h30 à l’école Denis Papin, elles nous donnent les autorisations de droit à l’image pour chaque élève et nous présentent leurs classes : les CP/CE1 pour Pascaline, qui est aussi la directrice de l’école, et les moyennes et grandes sections de maternelle pour Nathalie.

On a plein de jeux à proposer aux enfants. Toute la matinée, ils deviennent comédiens et comédiennes, danseurs et danseuses.
Même pendant la récré, on ne s’arrête pas. Mourad offre une danse aux élèves de primaire, Dorothée aux élèves de maternelle.

Rencontre en visio avec Antoine Demailly de l’association Les sens du goût

D’habitude, on rencontre les gens pour de vrai, mais là, le « Portrait » a pour thème l’alimentation, alors, même si le territoire est grand, « Les sens du Goût » on ne pouvait pas les rater. Mais on n’était pas au même endroit au même moment. C’est en visio qu’on rencontre Antoine Demailly, coordinateur pédagogique de l’association Les sens du Goût. L’équipe s’adapte à de nouveaux protocoles.

Antoine Demailly travaille depuis plus de 20 ans sur l’éducation alimentaire auprès des enfants et des adultes. Il nous raconte :

« Les sens du goût est une association qui milite pour le plaisir de manger. Un plaisir qui est central pour notre santé et notre bien-être. On trouve que venir les voir en leur parlant de plaisir, c’est un super outil pour aller à la rencontre des gens et mettre les personnes en mouvement.

« On fait des ateliers avec des habitants de tout âge, des formations autour de l’éducation au goût et de l’accompagnement de projet pour créer du lien entre différents acteurs d’un territoire. L’alimentation sur un territoire implique de créer du lien, car c’est un sujet très transversal qui implique beaucoup de gens. L’idée est de créer la rencontre, de créer un contexte joyeux, décontracté et convivial pour aider à la coopération.

« Ce qui nous importe le plus est que les gens repartent de nos ateliers avec de jolis souvenirs sur ce qu’ils ont gouté, sur les personnes qu’ils ont rencontré et sur ce qu’ils ont fait ensemble. Pour nous, intervenants de l’éducation à l’alimentation, c’est la meilleure façon de faire découvrir d’autres aliments, d’élargir sa culture alimentaire et de la partager avec d’autres.

« Par exemple, si on découvre la bouillabaisse chez des amis lors d’un repas super sympa, on aura beaucoup plus envie de la refaire à la maison que si notre médecin nous dit il faut que tu manges de la bouillabaisse, c’est important pour ta santé.

« On n’aborde pas les gens avec un message frontal nutritionnel. Cette méthode, on n’y croit pas. Il faut apprendre à s’effacer. Notre envie principale est de créer auprès des gens des moments où ils se sentent bien au sein d’un groupe, où ils découvrent des recettes, les nôtres ou celles des autres participants. Notre vigilance principale est de ne pas être normatifs et de ne pas dire ce qui est bon à manger ou ce qui ne l’est pas. Finalement notre avis compte très peu, car il n’y a pas de raisons que moi, en tant qu’animateur, j’ai de meilleures solutions que les autres.

« Concrètement, on fait un mixte entre des ateliers cuisine, parfois avec de fiches recettes et d’autre fois pas. Ils peuvent décider de cuisiner autrement que ce qu’on propose. On propose des ateliers sensoriels pendant lesquels on essaie d’être attentifs aux couleurs, aux odeurs, aux textures, aux saveurs des aliments… Puis, on prend un temps pour décrypter les sensibilités de chacun. Ce qui est chouette est qu’on a tous des sensations différentes, des évocations de souvenirs différents autours des couleurs et des saveurs. Ce partage crée des moments conviviaux où chacun se sent écouté et respecté autant que les autres.

« Nous intervenons aussi auprès des enfants. C’est à cet endroit que je parlais d’éducation alimentaire. Pour moi, ce qui est important sur l’éducation alimentaire auprès des enfants, est de sortir du discours et de leur faire vivre des expériences. Simplement, être attentif aux regards sur une rondelle de carotte, le bruit que fait la pomme quand on la croque, la texture d’une mie de pain. Ensuite, vivre l’expérience de cuisiner, ou rencontrer des producteurs. Puis, partager un moment à écouter ce que chacun a vécu et ressenti. Ces échanges créent des moments apaisés autour de l’alimentation. C’est dix mille fois plus efficace d’avoir ces temps en faisant découvrir les aliments que de leur expliquer la nutrition. On éveille leur curiosité, on leur apprend à découvrir de façon très simple chaque aliment. J’espère que cela les outillera pour la vie. En tout cas ces moments créent de belles rencontres.

« L’essentiel pour nous est de bien comprendre que nos comportements alimentaires sont construits de manière complexe par notre histoire familiale, régionale, individuelle et reposent sur des questions économiques, de santé… Quelle est l’accessibilité de chacun à tel ou tel aliment. Face à cette complexité, plus on abordera l’alimentation avec des discours sur ce qu’il faut faire, des injonctions, des propositions normatives, plus on se confronte au risque d’avoir des personnes qui nous disent « je ne peux pas » ou « ce n’est pas ma culture » ou « je n’ai pas envie, moi ce que j’aime, c’est autre chose ». Donc, il faut sortir au maximum du discours et installer les conditions pour créer la rencontre, créer l’écoute, que ce soit pour les enfants et surtout les adultes, qu’ils puissent se sentir respectés et non jugés. »

Quel est ton plat rêvé ?

« Depuis longtemps, je rêve d’un repas, je ne sais pas de quoi il serait composé exactement, mais il serait composé de nombreux aliments qui nous entourent. Au préalable, les endroits où ils poussent seraient filmés en plan fixe. Tout en préparant le repas à plusieurs, sinon ce n’est pas marrant, et en le mangeant, nous serions entourés d’écran qui nous plongent dans les endroits où les aliments ont poussé. »

C’est pas parce que (en Douaisis)

C’est pas parce qu’on n’a pas de bottes qu’on ne peut pas aller au jardin et danser dans la boue.
C’est pas parce que les mines ont fermé il y a longtemps qu’on quitte la région.
C’est pas parce qu’on s’engage à fond qu’on a l’impression que c’est suffisant.
C’est pas parce qu’on est engagé depuis des d’années que la colère diminue.
C’est pas parce qu’on tient un blog qu’on est des ringards.
C’est pas parce qu’on est au chômage qu’on n’est pas très actifs.
C’est pas parce que tu ne parles pas fort que tu n’es pas entendu.
C’est pas parce qu’on ne veut pas être filmé qu’on n’a pas des choses à dire.
C’est pas parce que les gens sourient qu’ils vont accepter qu’on les filme.
C’est pas parce que les gens ne sourient pas qu’ils vont refuser qu’on les filme.
C’est pas parce que c’est le 1er mai qu’on ne travaille pas dans les champs toute la journée.
C’est pas parce qu’il a beaucoup plu que l’eau a pu descendre dans les nappes phréatiques.

Il y a (en Douaisis)

Il y a des vaches, des moutons, des grues, des immeubles, des cerisiers en fleur qui se mélangent dans le paysage.
Il y a des radis ronds incroyables au jardin de cocagne.
Il y a des jardins ouvriers, des jardins de cocagne, des jardins partagés, des jardins potagers, des jardins publics et des nains de jardin dans les jardins privés.
Il y a une géographie mouvante quand on ne connaît pas le terrain et des voies de bus qui sont parfois et d’un côté parfois de l’autre.
Il y a des stops partout, des doubles stops, des triples stops, et même il paraît qu’il y en a des quadruples, mais on ne les a pas vus.
Il y a des mines transformées en golfs.
Il y a des cieux contrastés parfaits pour la vidéo, mais ça ne dure pas forcément longtemps, faut pas les rater.
Il y a la grève des mineurs de 1963 qui nous est racontée parfois.
Il y a des cadrages pour les interviews qu’on croit parfaits, jusqu’à ce qu’on réalise qu’on voit le micro dans le miroir.
Il y a des champs tout jaunes qui font mal aux yeux tellement ça pétille au soleil.
Il y a des phares de voiture qui deviennent des projecteurs de cinéma la nuit.
Il y a des jeunes qui se prêtent si volontiers au jeu, pour danser à fond, à la maison pour tous de Guesnain, qu’on n’en revient pas.
Il y a une porte – rue du Bois des Retz – qui sert de passage vers le merveilleux, quand on sonne, personne n’ouvre pas mais quand on regarde à travers on voit des chats, des poules et des paons qui font la roue.
Il y a des épiceries solidaires avec des sourires accueillants et des pâtisseries maghrébines savoureuses.
Il y a des gens qui nous accueillent chaleureusement et qui nous raconte avec enthousiasme.
Il y a des 50 ans de mariage avec des fumigènes bleus.

POURRIEZ-VOUS NOUS MONTRER UN OBJET QUI VOUS TIENT À CŒUR ? (SUITE 2)

Un chevalet de puits de mine

C’était il y a 65 ans, je suis né à Frais-Marais, enfant de mineur, je suis né dans la cité. La mine c’était là dans le jardin, là-bas où il y a le golf, avant c’était une mine. Le chevalet était là, maintenant il est en Chine le chevalet, il est parti en Chine.

Une carte souvenir « Polska » avec des fleurs

Je suis Polonaise. Ça fait 10 ans que j’habite dans cette maison. J’ai 10 petits-enfants et deux arrière-petits-enfants. Et ces fleurs, c’est typique de la Pologne.

POURRIEZ-VOUS NOUS MONTRER UN OBJET QUI VOUS TIENT À CŒUR ? (SUITE)

Un trophée

J’ai pris ce symbole là, parce que voilà, je viens de fêter mes 50 ans. Et pour moi, ça représente toute la famille. Parce que ce sont mes filles, mes enfants qui me l‘ont offert, là pour mes 50 ans pour marquer le coup. Donc ça résume pour moi cet esprit de famille que j’ai toujours maintenu.

Une alliance

Oui, en fait il la mettait au début quand on s’est mariés, mais après, avec le travail il n’avait plus le droit parce qu’il travaillait avec des palettes, ça risque les blessures, donc il ne la mettait plus. Et aujourd’hui, c’est nos 50 ans de mariage, enfin, c’est passé déjà, mais on s’est arrangés avec la date pour que les enfants de Toulouse ils soient là. Normalement c’était le 10 février, mais on voulait avoir les enfants.

Un marteau

Je travaille dans le bâtiment. Ce matin je suis dans mon jardin et en fait c’est mon principal outil ce marteau, parce que là je sépare le métal avec l’alu, le cuivre, vous voyez ?

« C’est pas moi, c’est le printemps » – titre provisoire.

Ou bien :
« Comment intituler cet article ? »
« Attrape-moi si tu peux. »
« Histoires d’agriculteurs. »
« C’est pas parce qu’on nous dit quatre fois « ben désolée, c’est pas possible là », qu’on retente pas une cinquième fois, au cas où maintenant ça le serait (possible). »
Ou peut-être :
« C’est pas moi, c’est le printemps »

On appelle pour la troisième fois un agriculteur qu’on aurait dû rencontrer deux jours plus tôt, mais qui n’a pas pu nous recevoir, parce que, on l’a bien compris, c’est le rush. « Ça fait des semaines qu’on attend ça. » nous explique-t-il. Ça, c’est à dire, ce temps, la météo, le soleil quoi, le printemps. Et maintenant que ça arrive, on est dans le rush total, faut tout faire maintenant et ça ne peut plus attendre.

D’ailleurs, c’est vrai, quand on avait pris le rendez-vous, on avait bien noté « sans garantie totale » en gras et en rouge sur le planning, parce qu’il nous avait prévenus l’agriculteur, il nous avait prévenus, selon la météo, s’il faut travailler, on ne pourra pas s’arrêter. Mais nous, on n’est pas agriculteurs, alors quand on nous dit « ça dépendra de la météo », on le comprend bien-sûr, mais on garde l’idée, au fond de la tête, qu’on trouvera quand même une petite demi-heure pour se croiser, quoiqu’il arrive.

D’autant qu’on a des rendez-vous avec deux agriculteurs. On n’est pas inquiets.

Mais visiblement, on n’est pas réalistes, pas vraiment rationnels, on n’est pas des terriens quoi. Si c’est le printemps pour un agriculteur, forcément, c’est aussi le printemps pour l’autre. Alors bien-sûr les deux agriculteurs ont annulé les rendez-vous.

On appelle, on rappelle, on tente de dire que ce portrait du Douaisis est sur le thème de l’alimentation, l’alimentation durable, locale, ce n’est pas possible qu’on ne puisse par rencontrer un agriculteur qui est là, à quelques minutes de notre QG, d’où on est en train de lui téléphoner. On est sur le parking du centre social de Frais-Marais (sur le parking parce que à l’intérieur du centre, on ne capte pas).

« Vraiment, je ne peux pas vous voir. Si vous voulez, dans une semaine, sans problème, avec plaisir. »
(Ndlr : sauf que deux jours, on arrête de filmer pour finir les montages parce que le film-spectacle c’est jeudi.)

« Il y a la météo qui nous a décalés les plannings de façon énorme là. Si vous voulez, vous pouvez m’interroger maintenant, par téléphone, si vous voulez savoir des choses. Là, je suis sur mon tracteur, je roule à 3 km à l’heure, ça fait un peu de bruit, mais je vous entends et là, je peux répondre. Ce soir, je ne sais pas à quelle heure j’aurai fini. »

Euh, non, on aimerait bien vous rencontrer en vrai. On rappelle vers quelle heure, pour savoir si on peut vous voir ce soir, au cas où vous auriez fini ?

«  Essayer à 18h, sans garantie. »…

… «  Ah, ben non, je n’ai pas fini, ce soir non ce ne sera pas possible. Je vous l’avais dit. C’est une année comme ça. L’année dernière à cette époque, on était déjà tranquilles. Mais là, c’est juste le moment où on ne peut pas s’arrêter. »

Et pendant votre pause déjeuner demain ?

« Je mange sur mon tracteur, à 3 km à l’heure ça va, je mange sur le tracteur en travaillant. »

Et si je viens dans votre tracteur demain ?

« D’accord. À demain, 10h, sur le tracteur. »

GÉNIAL !!!
Demain, à 10h, sur le tracteur pour l’interview d’Olivier Lefebvre à la Ferme du Petit Moulin à Dechy !!!

On verra, on verra. Comment on va faire avec la caméra, comment on va faire avec le son. On ne sait pas. On verra. On imagine où mettre le micro pour entendre Olivier plus que son tracteur, mais on ne sait pas. Et comment tenir la caméra pour que ça ne bouge pas trop. On verra. On ne sait rien. Sauf qu’on a rendez-vous avec Olivier, qui nous reçoit malgré ce printemps qui ne lui laisse pas une minute de répit.

À la ferme du Petit Moulin, à Dechy, c’est pommes de terre ! Des pommes de terre de différentes variétés. (Et c’est mon plat préféré les pommes de terre.)

Ça donne envie de crier plus souvent « merci, merci » aux agriculteurs qui font tout ça !

Hâte d’être demain !

Jardiniers, en Douaisis

Ce matin, dans des jardins ouvriers, on demande aux jardiniers de nous présenter leur jardin.

Bouchem nous montre ses échalotes, ses oignons, ses fèves, ses figuiers, ses salades et ses pouces de petits pois. Les pouces de petits pois, c’est sucré, les lapins et les oiseaux en sont friands. Alors pour ne pas se faire bouloter tous ses petits pois, Bouchem les couvre avec du grillage.
Les pommes de terres, il ne les a pas encore plantées, mais il a déjà préparé la terre.

Sur une autre parcelle, on croise Hocine. Chez lui, il y a aussi de la menthe, des fraises et des herbes aromatiques. Il a construit un abri pour ses outils sur le côté de sa maison de jardin. Dans la maison, il y a un de quoi se reposer et prendre un café, après avoir travaillé le jardin. Dans un petit filet vert, il y a de minuscules oignons qui attendent d’être plantés.

Dans les allées, sur d’autres parcelles, on croise d’autres jardiniers.
Sous un skydome reconverti en serre, on nous montre des pouces et de jeunes plans de piments, de tomates et de courgettes. À côté, on n’a pas encore planté, parce qu’on attend que les saints de glaces soient passés. Là, il y a des bacs avec du crottin de cheval, récolté au manège à chevaux à Douai et qui se transforme patiemment en fumier. À côté d’un rang d’ail, on trouve aussi du chiba, pour faire le thé.

Et il y a l’eau, qui manque de plus en plus ses dernières années.
On nous dit que même avec 4, 5, même 6 citernes, ça ne suffit plus pour tenir tout l’été. Dès avril, il faut arroser, arrivé en juillet, les réserves sont vides. Puis une citerne ça coute 40 euros, alors on ne peut pas en ajouter trop. Et arroser, ça ne marche pas aussi bien que la pluie.

Dans certains jardins, il y a parfois un accès à l’eau. Ici, on ne peut compter que sur la météo.
Alors certaines années, malgré le travail fourni, la récolte n’est pas toujours à la hauteur. Certains se découragent et laissent leur parcelle en friche.

Les jardiniers s’interrogent. Est-ce que c’est ça le changement climatique ? Ou peut-être que c’est le terrain qui fatigue ?

Bouchem, Hocine et les autres viennent tous les jours pour entretenir leur terrain. Ça prend du temps, mais ils aiment être là. Ils s’échangent des plans, des graines, se donnent des coups de mains. Viennent juste pour bavarder parfois.