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Pauline se souvient de l’inauguration de ce lieu comme d’un évènement qui a marqué sa vie.

Deuxième jour de recherche de l’équipe en immersion dans l’atelier média de Carvin. On a sorti le paper board. On récapitule les différentes taches de la journée. Trois colonnes. Une première qui concerne les groupes de gens qu’on va rencontrer. Une autre , pour les lieux. Et une troisième pour les actions. On n’a pas fini de remplir le planning qu’un groupe d’enfants vient d’arriver avec lesquels on va faire un cadavre exquis sur la médiathèque qui fête cette années ses dix ans. Pauline se souvient de l’inauguration de ce lieu comme d’un évènement qui a marqué sa vie.

163 marches

Hier, au détour d’une promenade curieuse dans les veines de Carvin, nous avons pris un chemin qui monte — pas celui des grands discours, mais celui des marches, des pas, de l’effort partagé, du souffle coupé. Sans nos bâtons de pèlerins mais avec l’envie d’aller voir plus haut, nous étions là : Alex, Camille, Dorine, Greg, Martin, Philippe, Béatrice… et moi, le cœur déjà un peu perché. Béatrice, gardienne de l’association, nous ouvre les portes de pierre comme on entrouvre un secret ancien. Et alors, c’est parti. 163 marches. Pas à pas, palier par palier, vingt mètres d’abord, l’intérieur de la tour comme un ventre de silence. Puis une première terrasse, et là… la charpente se déploie comme un vaisseau de bois, solide et fragile à la fois, souffle de siècles au-dessus de nos têtes. Et puis soudain, Camille. Camille qui danse. Là-haut, suspendue à une trentaine de mètres, dans le vent léger qui caresse les pierres, dans ce moment rare où le ciel se fait complice, elle danse, comme une prière sans mots, comme si le clocher battait au rythme de ses pas. Mais le périple ne s’arrête pas là. Ici, un pigeon qui couve dans son nid de paix. Là, le nid vide du faucon pèlerin, noble et farouche, qu’on salue du regard, sans troubler sa hauteur. Et puis encore plus haut — oui, plus haut — au-delà d’une échelle grinçante et d’une horloge asthmatique, essoufflée de temps, haletante, nous atteignons le dernier souffle : la chambre des cloches. Alors… redescendre. Comme on referme un rêve. Et soudain, 16 heures. Les cloches parlent. Le temps revient. Mais la journée ne s’éteint pas. Car voici Richard. Richard à l’orgue, de Bach au swing, de la nef au plafond, il fait danser les notes de nos têtes à nos pieds. Un instant d’éternité entre les tuyaux et les vibrations. Carvin, hier, nous a pris par la main. Et nous a montré que le ciel, parfois, commence à 163 marches.

Un accueil pour toutes et tous, et pas que !

Claudine est la première personne qu’on rencontre quand on entre dans la médiathèque de Carvin. Elle accueille. Son objectif : « Quand quelqu’un entre pour la première fois, il faut qu’il ait envie de revenir ». Les services de la bibliothèque ? Ils sont nombreux : emprunts de livres, des rendez-vous conférences de philosophie et spectacles, accès à des lieux de travail calmes avec internet, accès à des jeux vidéo, à une imprimante 3 D…
C’est gratuit et ouvert à toutes et tous et pas qu’aux habitants de Carvin. L’idée ici, c’est la culture pour tous !
Et pas que !
Claudine nous explique : « On accompagne aussi les personnes sans ordinateur à régler les problèmes administratifs ».
La médiathèque de Carvin, c’est tout ça !

Until the end of the world

Un après-midi dans la ville. Quand les un.e.s montent jusqu’au clocher de l’église, d’autres hantent le hall de la médiathèque. Avec perches, pieds et caméra. Il est question d’accueil, de simplicité, de bienveillance. D’entr’aide et de découverte. Et de vertige. Et de couture. De polyvalence des agents de la médiathèque. Claudine et Pauline nous disent l’histoire de la médiathèque et ses actualités. Pas un jour qui ne ressemble à un autre. « Y a des gens pour qui ça n’est pas facile de rentrer à la médiathèque. Mon but, c’est qu’ils y rentrent et y reviennent ». Travailler à la médiathèque, c’est  faire en sorte que les gens s’y sentent bien et ne se sentent jamais seules. C’est un lieu de convivialité. Les offres sont multiples : vidéo, musique, baby-foot, billard, conférences philosophiques, spectacles, concerts, lecture. La médiathèque travaille en collaboration avec d’autres établissements du même type de l’agglomération. Cela permet à chaque emprunteur de trouver son bonheur. « Les gens qui s’inscrivent pour la première fois sont tous très surpris quand on leur dit que tout est gratuit ».

COUTURE CULTURE

On a rencontré cet après-midi les dames couturières, crocheteuses et tricoteuses de l’association Créa’Fil dans leurs locaux de la rue Plachez, à quelques enjambées à peine de la médiathèque. Là Maryline, Lydie, Claudine, Muriel, Martine et bien d’autres crochettent, découpent, coupent et recoupent, tricotent pour toutes et tous, de façon et passionnée et désintéressée. Des pompons pour les Olympiades, des bonnets pour les personnes touchées par le cancer, des layettes pour les grands prématurés. Et un grand tapis d’éveil pour les bébés lecteurs lectrices de la médiathèque. Le samedi c’est directement dans les locaux de l’Atelier Relais que l’association se réunit.
Toutes ne sont pas férues de lectures, certaines manquent de temps ou d’un bus qui soulagerait leurs jambes, d’autres sont des incondionnelles du lieu, toutes salue la beauté du bâtiment et la douceur de l’accueil. L’une dit : « Mon petit fils qui n’habite pas Carvin, il me dit, c’est bien si je viens chez toi, comme ça je pourrai aller à la bibliothèque »
La culture aussi c’est coudre, tissu social, tissu de sens, idées, points de vue, beautés, laideurs, on suit des fils, on fait des noeuds, on en dénoue, on croise, raccomode, on étoffe, on patchwork…sans toujours bien savoir quoi, mais avec coeur.
Couture couture coups tu r’couds tu r’couds tu r’couds….

L’esprit Empreinte

Se rendre à un rendez-vous sans connaître l’adresse. Organiser en douce une installation de citations dans l’entrée de la médiathèque. Souhaiter entamer une discussion avec la personne qui nous indiquera l’endroit qu’on cherche. Occuper n’importe quel espace comme un plateau de danse. Faire danser une jeune dame qui révise son bac. Pour qu’elle souffle un peu. Tirer de grandes photos sur de la bâche et discuter de la nécessité (ou pas) d’un cartel. Prendre des images du haut de l’église, sous un clocher qu’on va surélever. Relancer un blog en veille depuis plus de deux ans. Saisir la balle au bond d’une idée d’action. Donner la parole et la redonner. Aller filmer Pauline. Envisager un polaroïd pour les selfies.

Carvin : Empreinte number one

On a rencontré un groupe de bénévoles qui se réunit toutes les semaines à la médiathèque de Carvin. Elles donnent un coup de main à la mise en place des livres qu’elles recouvrent et numérotent. Elles sont de Carvin et de villes environnantes. Elles viennent depuis plus de dix ans. Pour rien au monde, elles ne rateraient un rendez-vous. Elles ont bien voulu se plier à la discussion filmée. Elles nous ont parlé de leur préférence littéraire. Elles nous ont raconté ce que représente la médiathèque pour elles et pour les populations qui bénéficient gratuitement de tous les services de l’établissement. Nous avons terminé notre rencontre par une salve de citation dont, faut-il aimer quelqu’un pour le préférer à son abscence. 

C’est pas parce que – Lycée La Peupleraie à Sallaumines

C’est pas parce que tu prends le bus que tu marches pas droit
C’est pas parce que tu fais le cancre que t’es pas intelligent
C’est pas parce que y’a grève qu’on peut pas sécher
C’est pas parce que je suis nul en dessin que je peux pas dessiner
C’est pas parce qu’on est personne qu’on doit respecter ceux qui se prennent pour quelqu’un
C’est pas parce que je suis là que j’ai envie d’être là
C’est pas parce que je suis mineur que je peux pas voter
C’est pas parce que tu joues plus que le jeu s’arrête
C’est pas parce que les élèves ont des sacs qu’ils ont des cahiers
C’est pas parce que c’est pas toujours bon à la cantine qu’on peut pas y aller
C’est pas parce qu’on est en perm qu’on doit aller à la MDL
C’est pas parce que je snap ma journée que je suis Nasdas
C’est pas parce que je fais des virgules que je suis un joueur de foot
C’est pas parce qu’on va dans le coin fumeur qu’on fume
C’est pas parce que je suis en commerce que c’est l’orientation que je voulais
C’est pas parce qu’on est à Sallaumines qu’il y a des mauvaises personnes
C’est pas parce qu’on est à Sallaumines qu’on ne peut pas voyager
C’est pas parce qu’on est à Sallaumines qu’on n’a pas de projet
C’est pas parce que Sallaumines à une réputation qu’il faut l’écouter
C’est pas parce qu’on est à Sallaumines qu’on a pas choisi ce qu’on fait
C’est pas parce qu’on est à La Peupleraie qu’on ne choisit pas qui on est

Mots entendus après le film-spectacle

Maxime, un spectateur, qui est aussi dans le film-spectacle parce que nous l’avions rencontré à La Musette à Guesnain, et qu’il avait répondu devant la caméra à la question « si le Douaisis était une chanson, ce serait quoi »… Maxime, en sortant de la salle après le « Portrait », a dit :
« quand je vois tous ces gens qui s’impliquent pour aider les autres, je me sens égoïste. Je ne suis pas dans des associations mais à voir ces personnes qui s’engagent avec l’énergie et le sourire… je me dis que ça va changer ! »