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caramels

Hassan a dansé sur un wagon, après avoir mangé à la cantine du pôle de formation.
Puis intervention au collège Langevin, puis devant la mairie, puis à la sortie de l’école maternelle et primaire Joliot-Curie.
On s’est dit qu’on pourrait faire comme à la gare RER de Saint Quentin en Yvelines, lire des textes alors que les gens passent.
Les collégiens nous posent beaucoup de questions. Beaucoup de mamans, à la sortie de l’école, sont déjà au courant de la veillée. Devant la mairie, c’est le désert. Il n’y a vraiment pas grand monde. Hassan rencontre quand même une dame qui l’emmène chez lui, et lui donne des caramels pour nous tous.

Montréal => Méricourt

Hier soir, Hassan est arrivé. Hassan fait des percussions corporelles. Il était au Québec hier matin, et, depuis hier soir, il est à Méricourt pour finir cette veillée avec nous. Pour l’instant, il digère le décalage horaire à la Résidence Henri Hotte, mais cet après midi, il sera avec nous pour intervenir au collège Paul Langevin de Sallaumines.
On s’est dit qu’au collège, après que Hassan ait dansé, on pourrait faire comme on avait fait à la gare RER de Saint-Quentin-en-Yvelines : lire une sélection de textes avec la petite sono portable.
Guy regarde les montages des interviews que Martine a fini cette nuit. Guy dit que c’est vraiment un plaisir. Avec son casque sur la tête, les yeux sur l’écran d’ordinateur, il rit, et Martine rit aussi. Il dit qu’il y a plein de témoignages frais, légers, amusants, émouvants. Qu’on ne s’en lasse pas. Il dit qu’il faudra faire un spectacle de deux heures. On s’était fixé comme limite une heure quinze, mais il y a tellement de matière, et le choix est bien trop difficile.

la question ouverte

Faire de l’art politique ou faire de l’art politiquement ?
Quelqu’un pose cette question au sujet de l’œuvre de Thomas Hirschhorn, à la Documenta de Kassel, en 2002.
On a envie de reprendre cette question là, et de la laisser ouverte :
Faire de l’art politique ou faire de l’art politiquement ?

des montagnes de question

Comment intervenir sur un territoire de vie pour l’esprit des lieux et des gens? La complexité du réel dévoilée, comment peut-il susciter des débats ? Comment sont-ils menés entre les habitants et les partenaires, politiques et aménageurs ? Comment les questions soulevées par l’intervention artistique doivent-elles être abordées ?De plus en plus de projets culturels s’intéressent au thème de la mémoire. Mémoire des quartiers, mémoire des villes, mémoire des habitants… Comment, dans ces projets mémoriels, produire un matériau qui ne s’enferme pas dans la nostalgie ? Comment construire la ville du futur avec ce qui existe déjà ? Comment ouvrir des passerelles entre le passé et l’avenir ?Les projets de renouvellement urbain impliquent un grand nombre d’acteurs venant d’univers très variés : artistes, opérateurs culturels, sociaux, architectes, urbanistes et bailleurs sociaux. Quelles formes de coopération sont développées entre ces acteurs dans les quartiers en renouvellement urbain ? Quels sont les modes opératoires possibles ?Le contexte actuel conduit le champ de la culture à penser de nouvelles organisations économiques. Les activités culturelles, et particulièrement les industries créatives, constituent un puissant levier du développement local, mettant l’inventivité au coeur de la cité. Pourquoi choisir ces nouvelles voies ? Quels sont les impacts sur les territoires en renouvellement urbain ?Que ce soit dans le domaine du renouvellement urbain ou dans le champ culturel, de nombreux opérateurs cherchent à faire exister les habitants dans leurs projets, en prenant en compte leurs compétences, leurs paroles, leurs envies…Quels sont les modes opératoires possibles pour développer des projets artistiques où les habitants reprennent leur rôle et leur place dans la vie de la cité ? Comment concilier ces projets aux exigences de démocratie locale ?

C’était à Dijon la semaine dernière.Un colloque auquel on aurait bien voulu participer. Organisé par Artfactories. Mais quoi, on ne pouvait pas être à Dijon et à Méricourt. On est pris corps et âme à Méricourt. Sans compter qu’on aimerait bien être à Hénin Beaumont aussi pour donner un coup de mains aux antifachistes. De Méricourt à Hénin Beaumont, on est vraiment pas loin. Et ce qui se passe là bas fait peur. Pourvu que la raison l’emporte sur la haine du Front National.C’est les dérives mafieuses du capitalisme qui poussent les gens à se réfugier dans la haine des autres alors qu’on fait tous partie des mêmes classes laborieuses.

Unique

On a fait une réunion, avec Olivier et Sandrine, du bureau d’HVDZ, concernant les projets de la compagnie pour l’année à venir. On va partir à Sao Paulo, à Belo Horizonte, à Loos en Gohelle, à Hazebrouck, à Lille, à Cavaillon, à Saint Nazaire, à Guyancourt.
On repense à la veillée de Guyancourt du mois de mars, parce qu’on est allé manger au Courtepaille ce midi. Et puis on repense à Renaud Cojo – metteur en scène et artiste associé au Carré des Jalles – et à Saint Médard en Jalles, parce qu’on conduit un mini-bus qui ressemble à celui qu’on avait là-bas, en janvier. On a beau faire des veillées souvent et un peu partout, chaque veillée est unique et, pour plein de raisons, nous manque, nous marque et nous transforme. On apprend tellement à chaque fois. Et chaque fois on essaie de réinventer, avec les gens, au fil des rencontres, ensemble, ces nouvelles formes d’art qui appartiendraient à tous et qui seraient les outils d’une culture égalitaire, non-exclusive, non-excluante. On renouvelle à chaque fois une expérience unique.
Chaque veillée est unique.

Pendant ce temps, pendant qu’on écrit cet article, depuis la salle Bobby Sands, on entend Didier qui rit et fait rire aux éclats l’atelier Scrabble, en leur faisant dire des citations à la caméra.

culture, rail et train

Martine cherchait des sons de loco. Pacific 231 / Honegger, lui a dit un ami musicien.
On s’est dit que le rail et le train, ont inspiré de très nombreuses créations culturelles de tous types, et de toutes époques, depuis que le rail et le train existent.
On essaie de faire une liste, comme ça, en vrac :
Le Mécano de la générale, avec Buster Keaton
La roue, d’Abel Gance.
The Navigators, de Ken Loach.
La bête humaine, de Zola, et puis de Jean Renoir, avec Jean Gabin.
Arrivée d’un train en gare de la Ciotat, des frères Lumière.
Le crime de l’orient express, de Sidney Lumet.
Dancer in the Dark, de Lars Von Trier
Le train sifflera trois fois, de Fred Zinnermann, avec Gary Cooper.
Stalker, de Tarkovski.
L’attaque du grand rapide, de Edwin S. Porter.
L’inconnu du Nord Express A. Hitchcock.
Dodescaden, de Kurosawa.
A bord du Darjeeling express, de Wes Anderson.
Mystery Train de Jarmuch.
et puis il y en a encore plein d’autres.

il faisotte, il disotte, il parlotte

Madame Philippoff a téléphoné pour qu’on repasse la voir : elle a écrit des choses sur la cité et on peut venir chercher le papier. Quatre pages d’histoires et d’Histoire.

– Je me souviens d’un manège de chevaux de bois tiré par un cheval. Le propriétaire l’installait le jeudi sur la place, ce qui faisait la joie des enfants .
– Nous assistions à des spectacles en plein air organisés par des théâtres ambulants – que de souvenirs…- c’est ainsi que les artistes interprétaient
La porteuse de pain ou Les deux orphelins…
– Adolescente, j’ai eu le grand plaisir de jouer dans le club amateur Art et Travail des pièces remarquables : Les frères Karamazov de Dostoïevski et Le Docteur Knock de Jules Romain et Feue la mère de Madame de Courteline.
– Nous vivions dans le bonheur !!!
– Dans la cité, on ne parlait qu’un patois léger. Mon père ne parlait pas patois et ma mère rajoutait des « ottes »
– il disotte, il faisotte, il parlotte – elle trouvait ça amusant.
– Hélas, le 21 avril 1944, nous avons subi un bombardement des forces militaires anglaises. Notre cité fut bien meurtrie : il y eut 240 morts, en comptant ceux de la cité 4 d’Avion.
Voilà une part de l’histoire de ma cité, avec ses joies, ses peines, sa mémoire : une petite ville où la culture résidait !

Et beaucoup d’autres anecdotes, de faits historiques, de souvenirs d’enfance. Ces quatre pages sont un vrai plaisir. Merci.