Portraits # Courcouronnes (Essonne)
La boxe…
Astan Keita et sa fille au Comptoir Africain, place de l’Orme à Martin
Place de l’Orme à Martin. Rendez vous à 10 h au magasin du comptoir de l’Afrique. Lorsqu’on est arrivé, le rideau de fer était baissé. Une jeune dame nous demande ce qu’on veut, on dit qu’on vient pour un entretien filmé. – On vous attendait la semaine dernière ! nous dit la femme. – Je vais appeler ma mère, c’est elle que vous devez rencontrer. Elle sera là d’ici une vingtaine de minutes. On décide d’aller boire un café au bistrot du coin de la place. Car contrairement à ce que nous a dit M.Laghman, le pharmacien, il y a un café à Courcouronnes. Au coin de la place de l’orme à Martin et de la rue du Marquis de Raies. On (Didier et Guy) y parle de la pluie et du beau temps, du quartier et des gens. De la compagnie, son fonctionnement. Du collectif qui disparaît avec les jours qui fuient. Du temps où on faisait des stages avec la scop le pave.org, militante du vrai collectif engagé, pour une société où la parole circule et les décisions discutées et prises en commun. Le Pavé a disparu, explosé. Pour Hvdz, c’est l’éternel retour. Didier se fait appeler Replay. Il y a des moment où on voudrait que le temps se distende, des instants de grâce. Être dans l’éternité du moment. On dit qu’à son retour à Itaque, quand Ulysse retrouve Pénélope, les Dieux ont ralenti la course des heures, afin qu’ Ulyssse et Pénélope s’abreuvent pour longtemps du bonheur de se retrouver. On est resté longtemps au comptoir de l’Afrique. On a longuement parlé, écouté tout ce que Astan Keita avait à nous dire. Le bonheur de vivre à Courcouronnes, la générosité, l’ entr’aide. Son engagement citoyen (elle est conseillère municipale). Le travail colossal des femmes dans la vie (à la maison et en dehors). Elle dit, Manuel Valls, c’est nous qui l’avons fait, les Africains, tout comme le maire actuel de Courcouronnes. S’il est tant aimé par les Courcouronnais, nous dit elle, c’est parce que (entr’autre) il joue au foot avec les jeunes. Et puis on a pris des photos du magasin, du dehors et du dedans, photographiait les magnifiques tissus, très colorés, en exposition. Ensuite Mme Astan Keita nous a invités à manger un thieb au poulet. On est passé dans l’arrière boutique, on a dégusté le thieb et bu du jus de gingembre et du Dr Pepper. Mme Astan Keita venait régulièrement prendre de nos nouvelles. Moment surprise délicieux, véritable pépite de Portrait.
M. Alain Assilaméouh
Ce matin, nous avons rencontré Monsieur Alain Assilaméouh.
Jeune « pensionné », comme il dit, de l’administration hospitalière. Cela fait 30 ans qu’il habite Courcouronnes, autant dire qu’il a vu la naissance du quartier du Canal. Il aime habiter ici. Monsieur Assilaméouh est aussi élu à la municipalité au niveau des personnes âgées…C’est d’ailleurs pour cela qu’il nous a parlé beaucoup… des enfants…
Nous avons remarqué qu’à Courcouronnes, tout le monde se préoccupe de la jeunesse.
Cela ne nous a donc pas beaucoup étonné que Monsieur Assilaméouh nous en reparle. Il a entrainé longtemps les jeunes au basket. D’abord, les garçons puis les filles…
« Les filles, c’est plus fidèle » nous dit-il.
Ainsi, grâce à la persévérance des jeunes filles, il a réussi à mener l’équipe en nationale…Son équipe, c’était la terreur des basketteuses…Quand les filles de Courcouronnes débarquaient, les autres équipes n’en menaient pas large…
Monsieur Assilaméouh aime aussi jardiner. Il nous dit, en riant, qu’il jardine mais ne récolte rien. A part, un jour, 10 salades. Ce qu’il cultive dans son jardin familial, c’est pour les autres. Lui, ce qu’il aime c’est faire. Il adore aussi construire des meubles…enfin, plus exactement, comprendre comment sont construits les meubles.
Monsieur Assilaméouh aime aussi les livres, lire. Il est d’origine africaine et la culture là-bas est orale. Il nous dit que, quand il était petit en Afrique, ils n’avaient pas beaucoup de livres. Alors tous les matins, tous les enfants se ruaient sur le dictionnaire et apprenaient un ou deux mots par jour. Et sa définition exacte. C’est pour cela que les africains de sa génération parle un français soutenu et exact.
En riant, il nous dit: »aujourd’hui, les gens ne savent plus lire…Mais il faut garder espoir… »
De l’espoir, Monsieur Assilaméouh, il en a. Il nous dit qu’il a confiance en la jeunesse. Mais qu’à la jeunesse, il faut lui dire la vérité. Quand c’est blanc, c’est blanc. Quand c’est noir, c’est noir…Mais il y a toujours de l’espoir.
Grillé
Alain nous raconte : « Le quartier, il est positif quand on y habite. C’est quand on n’y habite pas qu’on croit qu’il est négatif. Une amie venait me voir chez moi, et m’a dit : Ah, tu habites là. On peut aller au Canal, on peut aller dans le quartier du Canal ? – On y est, c’est ici. – Non, pas là, elle est où la zone chaude ? – C’est ici. – Non, celle dont on parle, celle qu’on voit à la télé, le « coupe-gorge ». On s’est promené dans tout le quartier du Canal, dans tous les recoins. Elle n’a rien vu de ce qu’elle attendait.