bientôt la nuit

Ça bosse fort. Depuis ce matin, ça court dans tous les sens. On se prépare pour la ludothèque et le club de boxe. Pour ne pas finir trop tard dès le premier jour, on a décidé de souper avant d’aller boxer. Notre secteur d’intervention est principalement situé du côté du centre-ville. Rien n’est vraiment loin. Jusque maintenant, on a tout fait à pied. Néanmoins Amély a ramené un vélo de la mairie, pour Bénédicte, qui voudrait prendre le temps de faire le tour des rues de Saint Julien, pour saisir des points de vue, qui touchent sa sensibilité et pourraient parler de la ville dans notre film-spectacle comme Nani Moretti parle de Rome (qu’il parcours à scooter) dans Journal intime. Après tout, on n’est pas si loin que ça de l’Italie.

On a remarqué que Saint Julien en Genevois est une ville très cosmopolite et de ce fait très agréable et très accueillante. Tout autour de la ville, des montagnes, là, le Jura et dans le prolongement ou l’autre sens, de l’autre côté, les Alpes. Quand le Jura se découpe, on aperçoit le Mont Blanc.

On est à dix kilomètres de Genève. Plein de gens vont travailler en Suisse. C’est plus facile de vivre à Saint Julien en Genevois, si on travaille en Suisse, parce qu’on gagne plus d’argent. Le salaire minimum suisse représente deux salaires minimum français.

1603, frontière-frontière, voyage-voyage

C’était en 1603 : signature du traité de Saint-Julien, entre Charles-Emmanuel 1er de Savoie et Genève. Le traité garantit notamment l’indépendance politique de Genève, le droit de travailler des deux côtés de la frontière et la liberté de circulation dans tous les états de Savoie tant pour les personnes que les marchandises. « Le droit de travailler des deux côtés de la frontière. » Saint-Julien est une ville frontalière. La Suisse est au bout de la rue. La douane est juste après la brasserie Sauvage. Et on nous explique ce que ça veut dire, une ville frontalière. Des mouvements tous les matins et tous les soirs. Ceux qui vivent à Saint Julien travaillent en Suisse, ceux qui travaillent à Saint-Julien habitent plus loin, côté français.

Le rêve Suisse

On nous raconte que c’est le rêve Suisse qui attire. Au départ, quand on vient de loin, voire de très loin, c’est pour réaliser son rêve Suisse, ce n’est pas pour Saint-Julien. Et puis ensuite, quand on s’installe à Saint-Julien, c’est parfois parce qu’on n’a pas réussi son rêve Suisse. Alors, au début, on se dit que Saint-Julien c’est petit, enfin, qu’il n’y a pas grand chose à y faire, qu’il y n’y a pas beaucoup de boutiques par rapport à la taille de la ville. Mais ensuite, quand on y regarde de plus près, on découvre un autre Saint-Julien avec des associations qui se créent tout le temps et des propositions de partout.

Est-ce qu’y a des pieds ? Est-ce qu’y a des mains ? Du torse ? Des Cuisses ?

On a passé l’après-midi sur les hauts de Saint Julien en Genevois, à l’école François Buloz (administrateur de la Comédie Française et écrivain de la fin du XIX ème siècle). Une grosse partie de l’équipe s’est rendue à l’école. On s’est séparé en deux groupes : Didier avec Léa, Marie et Mourad d’un côté et d’un autre, Bénédicte et Guy. Didier, Léa, Marie et Mourad étaient avec les petit-e-s des cours préparatoires, ils ont mené la recherche autour de la baguette magique. Les enfants ont imaginé posséder une baguette magique pouvant transformer le monde. Les désirs ont fusé de toutes parts. Bénédicte et Guy ont travaillé avec une classe de Ce2 et Cm1 autour de l’idée du portrait et des anecdotes drôlatiques de la vie à l’école et à l’extérieur de l’école. Pendant que Bénédicte filmait le portraits dans les couloirs de l’école, Guy récoltait les histoires qu’il notait au tableau. Au retour de Bénédicte dans la classe, tout le monde est allé dehors assister au tournage des anecdotes, dans la cour. On a été un peu pris par le temps mais on a tout de même pu regarder et filmer Mourad qui initiait les enfants au step.

Charlène, on l’aime…

dscf7878Ouuuuaiis ça fait du bien.

On a rencontré Charlène cette après-midi. Charlène est directrice de l’école où nous avons passé l’après-midi.

Quand j’étais petite, la directrice de mon école, elle n’était pas vraiment pareille. Elle ne souriait pas, elle ne venait pas nous voir sauf pour nous disputer et elle nous faisait peur. De toute façon, si on la voyait, c’était dans son bureau parce qu’on avait fait une bêtise ou quelque chose de considérer comme tel. Une vraie terreur.

Alors, je lance un appel: « Moi, si j’avais une baguette magique, je voudrais que toutes les directrices d’écoles du monde entier soit comme Charlène ».

Elle est comment Charlène? La photo parle d’elle-même.

La symbolique du papillon

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Ce matin au marché, nous avons rencontré cette dame qui voulait sauver un papillon jaune. Si vous regardez sur les prospectus qu’elle tient, vous le devinerez.

C’était touchant car ce papillon était condamné mais tant que son dernier souffle n’était pas encore là, cette dame le protégeait pour qu’il ne se fasse pas écraser. Qu’il s’éteigne gentiment sur son prospectus bleu et vert.

C’était touchant car si on divague un peu, on sait (en tout cas, on peut le savoir) que le papillon est le symbole de la métamorphose, du changement. Il nous enseigne qu’il faut laisser nos désirs se réaliser, créer de nouvelles situations pour améliorer notre quotidien.

Moi, quand j’imagine que tout cela était en train de mourir sur un prospectus vert et bleu, ça me laisse songeuse. Merci madame!