Moi, quand je serai vieille, j’aurai les cheveux bleus…

p1010486Etant donné qu’au Q.G, on se questionne beaucoup sur l’âge et qu’une grosse partie de l’équipe a passé la journée avec les enfants de classes primaires de l’école Butoz, dépassons nos doutes et allons piocher dans la sociologie. La vieillesse et la jeunesse sont-elles aussi des constructions sociales? Mon dos me dit que non, ma tête me dit que oui….

« Quand je dis jeunes/ vieux, je prends la relation dans sa forme la plus vide. On est toujours le vieux ou le jeune de quelqu’un. C’est pourquoi les coupures soit en classes d’âge, soit en générations, sont tout à fait variables et sont un enjeu de manipulations. Par exemple, Nancy Munn, une ethnologue, montre que dans certaines sociétés d’Australie, la magie de jouvence qu’emploient les vieilles femmes pour retrouver la jeunesse est considérée comme tout à fait diabolique, parce qu’elle bouleverse les limites entre les âges et qu’on ne sait plus qui est jeune, qui est vieux. Ce que je veux rappeler, c’est tout simplement que la jeunesse et la vieillesse ne sont pas des données mais sont construites socialement, dans la lutte entre les jeunes et les vieux. Les rapports entre l’âge social et l’âge biologique sont très complexes. Si l’on comparait les jeunes des différentes fractions de la classe dominante, par exemple tous les élèves qui entrent à l’École Normale, l’ENA, l’X, etc., la même année, on verrait que ces « jeunes gens » ont d’autant plus les attributs de l’adulte, du vieux, du noble, du notable, etc., qu’ils sont plus proches du pôle du pouvoir. Quand on va des intellectuels aux PDG, tout ce qui fait jeune, cheveux longs, jeans, etc., disparaît. »

Anne-Marie Métailié

Le temps présent : le QG à l’espace part’âges

Est-ce que c’est parce que le QG est installé à l’espace part’âges du centre social qu’on parle d’âge ? On se dit que, parfois, on s’étonne soi-même en réalisant que on en est déjà à cet âge-là (autant ?). Mais on se dit qu’on n’a pas non plus envie de revenir en arrière, ni hâte d’être plus tard. Alors, certains ne peuvent s’empêcher de citer Nietzsche : « Se débarrasser du poids du passé, se débarrasser des illusions de l’avenir pour être dans l’intensité, dans l’éternité du présent. »  (une des citations proposées ce matin au marché). À propos d’âges, Amély, qui travaille au service culturel de la mairie – à la programmation Cultures & Patrimoine – et qui nous accueille ici, s’est réveillée ce matin avec un an de plus. Joyeux anniversaire Amély.

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La culture, c’est rencontrer ?

« Conversation filmée » avec Aurélie, qui travaille au centre social de Saint-Julien-en-Genevois. On s’installe à ‘l’espace famille’ du centre social, juste après leur ‘ludothèque’. C’est quoi la culture ? Le sport, Aurélie sait ce que c’est, le social aussi. La culture, c’est, ah, c’est, peut-être, c’est rencontrer. Rencontrer des gens qui ne viennent pas du même endroit que moi, des gens d’origines différentes, des gens de générations différentes. À Saint-Julien, la culture, c’est découvrir d’une dame de 74 ans les vertus de 10 000 plantes médicinales, c’est apprendre d’une maman d’origine maghrébine comment dessiner au henné sur les mains, c’est rencontrer un homme texan venu faire ses études à Genève dès qu’il a pu quitter le Texas, où il était coincé pour des raisons familiales, c’est cuisiner avec une femme kosovarde pour apprendre à faire la pita.

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Les citations du marché de Saint-Julien

Pour l’une des séquences du film-spectacle (qui sera présenté à l’Arande vendredi prochain à 20h) on propose ce matin « les portraits-citations » sur le marché.
– Vous choisissez une citation, vous la mettez devant vous, vous ne bougez pas, Bénédicte vous filme 15 secondes, il n’y a pas besoin de parler dans la caméra.
– Oui, mais je ne sais pas laquelle prendre. Je ne sais pas bien lire en français, je ne suis pas d’ici.
– Je peux vous les lire, et vous me dites la citation que vous préférez.
– … Alors, celle-là :  « Le paradis est là où je suis », c’est possible  ?

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On mange à la cantine de l’hôpital général

Didier et Isabelle sont en train d’interviewer Aurélie dans la bureau d’à côté. Notre quartier général (Q.G) est installé dans un magnifique bâtiment ouvert au public qui permet aux gens de mener des activités de tous ordres, informatique, ludothèque, réunions d’associations, accueil de compagnies en résidence… Cet après-mi nous irons dans les écoles pour faire des portraits d’enfants et mener des actions artistiques avec eux. Puis nous irons à la boxe avec Mourad. Des interviews sont aussi prévus ainsi qu’une scène d’ En attendant Godot avec des enfants de C.P.

Croire, et puis voir.

Saint-Julien-en-Genevois nous accueille, et nous, qui venons des Hauts-de-France, de Paris ou d’Avignon, arrivons avec nos bagages bien remplis et chargés d’imaginaires.

Nous avions imaginé des chalets de bois, Alpes obligent, et nous nous retrouvons face à des immeubles de 3 ou 4 étages.

Quand nous sommes allés au restaurant hier soir, nous pensions commander une fondue, mais comme il peut arriver que nous ne trouvions pas de frites dans le Nord, eh bien ici, pas de fondue au Savoie. (Mais les côtes d’agneau étaient délicieuses).

On vient écouter les accents, et il nous faut en fait patienter avant d’entendre des sonorités exotiques pour nos oreilles.

On croit être à Saint-Julien-en-Genévois, mais on a abusé de l’accent aigu, ici c’est le Genevois (lisez Geuneuvois, ou encore « Je ne vois »).

C’est ça qui nous plait bien : confronter nos a priori à la rue, aux gens, et se laisser séduire par le fait que l’on se soit trompé.

Le tout premier pas (le tout premier pas d’amour)

Premier jour de Portrait, à Saint Julien de Genevois. Première action. Distribution d’invitations et Portraits- Citations sur le marché (expositions au sol de citations imprimées sur des feuilles de format A3, on demande aux gens de bien vouloir choisir une citation et de poser une dizaine de secondes devant la caméra). Bénédicte remplace Jérémie qui n’a pas pu se rendre disponible car il travaille avec Julien Gosselin, Martine est remplacée par Lucien car elle fait la mise en scène d’un spectacle sur les migrants avec la compagnie Etat d’Urgence. Nous avons été accueillis comme des reines et des rois sur le marché de Saint Julien. Les gens venaient nombreux nous demander des renseignements sur le déroulement et les raisons de notre action. Mourad a dansé, Bénédicte à filmé, Marie a pris beaucoup de photos et nous avons parlé aux gens, expliqué, raconté ce qu’on faisait, qui on était. Nous avons expliqué que c’est une initiative de la mairie de Saint Julien en Genevois, impulsée par l’adjoint à la culture et le service culturel. Amélie qui travaille à la mairie, était, il y a quelques années, à l’Agora d’Evry et nous avions réalisé ensemble un portrait de la ville de Ris Orangis.

Farid et Vito et leur Barber shop

Ce matin, nous avons rencontré Farid et Vito, deux jeunes très souriants qui viennent de ré-ouvrir leur Barber Shop à Saint-Julien-en-Genevois, près de la place du marché. Ils ont tout nettoyé, tout est neuf et propre dans leur boutique. Ils étaient tellement accueillants que Mourad a fait une danse dans leur salon, ils nous ont gentiment invité à repasser quand on voulait pour prendre un thé ou un café.

Moi, si j’avais une barbe, je serais volontiers cliente du barber shop!p1010471p1010468

Demain sera le temps des retrouvailles…

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Demain, Guy, Didier, Lucien, Bénédicte, Mourad, Isabelle, Christophe et Marie partent à Saint-Julien-en-Genévois pour en faire le portrait.

C’est le premier portrait en 14 ans où Jérémie et Martine ne seront pas avec nous, on les emporte avec nous dans nos pensées. Ils vont nous manquer.

Mais nous faisons pleinement confiance en Bénédicte et Lucien qui prennent la relève sur ce portrait.

Chacun part de son point d’habitation pour se retrouver à 18H30 là-bas. Le planning des veilleurs est extrêmement chargé étant donné que la ville regorge d’initiatives en tout genre.

Ce soir, tous les veilleurs ont intérêt à se coucher tôt et manger des pâtes pour préparer leurs corps au marathon Saint-Julien. Ceci dit, à HVDZ, on adore ça rencontrer des gens, partager leurs cultures alors on a hâte de partir près de la Suisse durant cet été indien partager nos protocoles.

C’est la mairie par le biais d’Amély qui nous fait venir. La restitution du portrait aura lieu le 30 septembre à 20H à l’Arande. Ce sera l’ouverture de la saison culturelle de Saint-Julien.