C’est pas parce que…

C’est pas parce qu’on a mal au genoux que l’on peut pas danser,

C’est pas parce que j’ai peur du regard des autres que je ne me lance pas à « donf » dans le projet artistique,

C’est pas parce que j’aime pas les chipos que je ne les ai pas toutes mangées ce midi,

c’est pas parce que je n’ai pas écrit des textes ce que je n’ai pas trouvé ça beau,

c’est pas parce que je ne sais pas lire que je ne sais pas écrire,

c’est pas parce que j’ai une tenue blanche que je ne peux pas danser,

C’est pas parce que je suis D.R.H. que je ne m’éclate pas avec ma flûte,

C’est pas parce que je ne suis pas jardinier que je n’aime pas les fleurs,

C’est pas parce que je suis mécano, je ne sais pas jouer du violoncelle,

C’est pas parce qu’on est plongeur à la cantine qu’on ne sait pas écrire de la poésie,

c’est pas parce qu’on ait dans le bâtiment des primevères que les toilettes sentent la rose,

c’est pas parce qu’on est dans un établissement de santé mentale qu’on ne passe pas des journées de ouf,

c’est pas parce qu’aujourd’hui, c’était le spectacle de Noél qu’on a eu des cadeaux,

c’est pas parce qu’on est mercredi qu’on a mangé des raviolis,

c’est pas parce qu’on a les pieds mouillés qu’on arrête de marcher,

c’est pas parce qu’on travaille au service reprographie qu’on est pas à la page,

c’est pas parce que le parc est grand qu’on a le temps de se promener,

c’est pas parce qu’il y a des ânes ici, qu’on mange des carottes.

 

Les lycéen.ne.s font le bilan

On a dérushé une interview de Lise, l’architecte en chef qui a fabriqué une maquette du bâtiment dans l’optique de le réaménager. Nous avons découvert la vie des artistes et leur travail. On a pu assister à une répétition de danse des patients de Barthélémy Durand.

Margaux et Raphaël

La compagnie HVDZ nous a permi aujourd’hui des les assister durant leur belle journée. Ils ont laissé 6 petits boulets participer à cette journée enrichissante, nous avons été ballottés d’ateliers en ateliers nous faisant découvrir tant de choses. Pour ma part j’ai assisté à une interview d’une gestionnaire en économie nous apprenant l’intérêt de son métier. Stressée, elle nous a fait le plaisir de répondre à nos questions. Après cette escapade nous sommes retournés au QG des idées là où ils font germer leurs idées. Me voilà maintenant entourée de mes cinq autres amis boulets en train d’écrire ces mots avec en bruit de fond des voix faisant naître des idées.

Justine

C’était une expérience enrichissante au niveau humain. Nous avons observé une séance de filmage muet/statique. Puis nous avons participé à une séance d’happening dans laquelle nous avons dansé et écouté des textes écrits par les patients. C’était bien.

Lune et Léo

Nous débarquons à Barthélémy Durand à 14h. On a un rendez-vous avec HVDZ qui va réaliser un film-événement des lieux. L’hôpital psychiatrique nous était méconnu. Après avoir traversé le portail, on observe un lieu magnifique recouvert de verdure. On note même la présence d’animaux. Je fais la connaissance de Lucien un jeune homme qui s’occupe du dérushage. Il nous a parlé de son travail que j’ai trouvé très intéressant : « raccourcir les interviews trop longues afin d’en extraire l’essentiel en 2 minutes max ». Dans la cafétaria, je discute avec un patient. J’ai adoré notre conversation. J’ai appris beaucoup sur lui et levé les préjugés sur les personnes malades psychologiquement.

En somme je peux dire que j’ai beaucoup appris d’un lieu d’Etampes qui renferme des personnes comme nous et qui ne demandent qu’à aller de l’avant malgré leur difficultés. Merci beaucoup à HVDZ pour votre action qui nous permettent d’apprendre plus sur les lieux qui nous entoure.

Larry

Atmosphère bon enfant garantie

Nous nous sommes rendus à la MAS (Maison d’Accueil Spécialisé) où nous avons eu la chance de rencontrer et de partager une danse improvisée. N. s’est dirigée vers nous pour nous saluer et nous proposer une chansonnette. Elle était contente et un peu excitée de voir la troupe. N. s’est mise à danser spontanément en répétant : « Boogie, boogie, booga ».

Du coup tout le monde, personnel soignant et résidents, se sont mis à danser à leutr tour avec nous. La danse leur a procuré un moment de détente, de relâchement, de grosses déconnades.

Trois autres poèmes de Serge Szczepanski

Géraldine,

Pourquoi a-t-il fallu

Que ton regard me foudroie

Moi qui était là dans le brouillard

Ta façon d’être si belle

J’aurais bien voulu croire que tu étais un mirage, une apparition de mes rêves

Mais non, tu es bien réelle

Et tes yeux si profonds et clairs

Ta taille fine et élancée

Ton visage souriant, illuminant ceux qui prenaient le temps d’effleurer ton sourire magique

Toi qui est splendide

Rien que de penser à ton allure

Je me brûle de mille feux

Tu es mon arc-en-ciel

Qui m’aide à franchir sur ce pont, les directions à prendre……

Toi si tendre

Tu es toujours là

Tout prêt de moi

Paralysé de toi

J’ose dans un dernier effort

Te déposer à l’infini

Une éternité de baisers langoureux et enflammés

Pour toi sublime, divine, jolie, délicieuse, gentille, et joliment belle

Ton amoureux transit qui a eu la chance de plonger par tes yeux dans ton cœur

Tu as tout de moi, toi mon coup de foudre

Scintillante comme un trésor, je t’adore et t’aime, toi, toi, toi, toi, toi, toi, toi…

 

 

Soleil,

Enfin tu te décides, tu arrives,

et a décidé de nous réchauffer,

De tes rayons flamboyants,

Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest des rives,

Vraiment du matin au soir tu nous aura enflammé,

D’un énorme et chaud soleil brûlant,

Nous apportant ton splendide sourire,

Chassant les idées tristes et malheureuses,

Les envoyant loin de nous jusqu’au néant,

Et nous t’offrons nos mercis par de grands éclats de rire,

Et espérons que les jours futurs seront comme cette journée exquise et chaleureuse,

Toi qui a été cette journée, pour nous, tel un ami, immensément rayonnant.

 

 

Rêveries,

Voici que ma plume s’envole vers toi,

Pour te dire ces tendres mots là,

Qui espèrent entendre toujours et encore que le son de ta douce voix,

Ne jamais me lasser de regarder d’admirer ta silhouette de haut en bas

Et quand ton cœur aura froid

Le mien bouillant pour toi

Fera voler en mille éclats

La glace qui te paralysera

En te serrant tout contre moi,

Dans mes puissants bras

Qui ne sont faits que pour toi

Et dans un ultime émoi

Mes baisers par millier se poseront sur toi

Sans commencer le débat

Et prolonger nos ébats

Autant de fois que tu le désireras.

 

 

Carline

Etudiante infirmière,

Qui me piquait sans jamais mal me faire,

Sans oublier cette prise de sang,

Que vous m’avez faite avec talent,

Vous qui hésitiez,

Me demandant si j’vais des veines,

Eh bien vous avez assuré,

Et mes veines ont eu de la veine,

De se laisser piquer,

Car du premier coup,

Vous avez assuré,

Bravo à vous,

Que la suite de votre parcours,

Soit semé de réussite,

Et que jour après jour,

Vous atteigniez, car vous le méritez : l’Elite !

Alors on danse…tin tin lin, tin tin tin lin…

Même si notre flash mob est parfois interprétée de manière « libre » par tous les participants, on peut dire qu’elle connait un certain succès. On l’a quand même fait cinq fois aujourd’hui et on ne s’en sort pas si mal. Ce matin, tous les patients de la MAS tapaient dans leurs mains, chantaient à leur manière notre morceau. Même les personnes en fauteuil roulant ont participé à leur manière à notre envolée lyrique.

Alors, on danse?

Deux, trois petits balancements de fessiers, deux, trois sourires et la salle de cantine se transforment en dance floor.

Alors, on lit?

Suite à ce défoulement des corps, un petit temps calme était bienvenu. Les nouveaux veilleurs ont lu un texte de Sylvie sur la culture et la psychiatrie…

Applaudissement et un bis général arrive… On refait la flash mob!

Alors, on re-danse?

Comment nous sommes devenus fainéants…

Une journée bien remplie et, soyons honnête, fatigante pour notre nouvelle troupe.

ça y est, on peut dire que nous sommes désormais 16 veilleurs. Nos neufs nouveaux compagnons de route mouillent la chemise, ça c’est clair. Ils dansent, ils écrivent, ils posent des questions, ils prennent des initiatives, ils nous aident sur le planning, ils lisent des textes à haute voix…Bientôt nous, les veilleurs d’origine, ne serviront plus à rien.

D’autant plus que, notre environnement de la semaine n’est quand même pas évident. Un établissement de santé mentale, c’est « compliqué » comme dit notre Véronique. Aujourd’hui, nous avons eu aussi la compagnie de 6 lycéens. Cela fait du monde à gérer et à balader dans les bureaux, dans les espaces…

Christophe, Sylvie et Bouchra ont aussi commencé à répéter l’adage. Car nous, les veilleurs d’origine, on leur laissera toute la place sur scène vendredi. OUI! Nous sommes devenus feinéants!!!

Pendant la digestion

Au retour de la cantine, nous faisons un point (nécessaire) sur le planning bien chargé de l’après-midi. Il y a la visite à la loge des gardiens, des portraits du personnel administratif, une interview du service économie, des images de la préparation du spectacle de Noël, du montage, du montage, des lectures de textes, de poèmes, des improvisations dansées, etc.

Le soleil est très largement au rendez-vous, et il nous met en joie, on dit souvent : « c’est bien ce soleil ! ». La météo sera toujours un sujet de conversation qui fait consensus.

Six lycéens viennent en observation, on les réparti sur les différentes rencontres. On va notamment leur confier le montage de l’interview de Lise, architecte qui est ici pour réfléchir à l’avenir de notre actuel QG. L’idée : en faire un lieu culturel essentiel pour la région.

Il y a

Il y a un château d’eau dont je n’avais visité l’intérieur, faute d’en avoir la clef heureusement, le technicien l’avait.

Il y a un pool d’entretien dans les locaux duquel je n’étais jamais entré.                 Je n’en avais jamais essayé les balais nommé << Faubert>>.

Il y a une serre avec des bananiers que je n’ai jamais pu arroser en 31ans de maison.

Il y a un hangar à outils de jardin dont je n’ai jamais pu affuter les bêches et les serpes.

Il y a tout prés un enclos avec deux ânes que je n’ai jamais pu mener par la bride lors d’une promenade champêtre.

Il y a … mais je ne vais pas faire un inventaire complet style guide Michelin.

Il y a nécessité de faire chauffer le cuivre à une température de 1800° pour le faire fondre.

Il y a un parc de 220 voitures de service dans l’hôpital.

Il y a 1500 agents soignants, administratifs et techniques à Barthélémy – Durand répartis par les secteurs intra et extra hospitaliers.

Il y a deux ânes dans le parc

Il y a beaucoup de talent ici

Il y a de belles personnes

« Au revoir président »

Lucien, Serge et Xavier sont arrivés à 13h20 au service nettoyage. En retard. Nous étions attendu à midi et demi. Il y a parfois des informations qui se transforment d’interlocuteurs en interlocuteurs, qui se terminent par une duplication de ces informations. Sur notre planning il est écrit 13h30, sur le leur 12h30. C’est ainsi.

Mais les personnes savent nous accueillir et on nous dit que ce n’est pas grave. Simplement l’interview destinée à un article dans ce blog sera un peu écourtée. La plupart ont commencé la journée à 6 heures du matin, nous finirons donc la rencontre à 14h pétantes. Le point horaire étant bien arrangé pour tout le monde nous commençons la discussion.

« C’est quoi le service nettoyage ? C’est différent des ASH ? – En fait c’est du ménage, c’est pareil. » nous répond-on en riant. Ce n’est en fait pas tout à fait vrai. Le service nettoyage se charge des locaux techniques (cuisines, gardien, maintenance, etc.), quand les ASH s’occupent des pavillons des patients. Mais on appelle aussi le service nettoyage pour les plus gros dégâts dans certaines chambres ou pour préparer l’arrivée d’un nouveau patient. Il y a des machines, certes, mais surtout de l’huile de coude.

Ils et elles ont unanimes pour dire qu’on ne choisit pas le service nettoyage par choix, mais parce qu’il faut travailler, et comme il n’y a pas beaucoup de travail aux alentours, ils se retrouvent ici. Il y a deux équipes : celle de 6h-14h et celle de 9h-17h. Ce n’est pas que les journées sont longues, mais parfois la fatigue ou la routine fait qu’on attend avec impatience l’heure de fin.

On reparle de l’immensité du site : nous arrivons à présent à une estimation de 92 hectares, 6 kilomètres de clôture, et 13 kilomètres de marche pour faire le tour complet. Ainsi, l’équipe nettoyage dispose de deux camions et une voiture attitrés pour les pavillons les plus éloignés. Cet espace est une bonne chose pour les patients. C’est un endroit chaleureux. Il y a des ânes (voisins du local du service nettoyage), des moutons, des chèvres. Les vaches, que l’on retrouvait parfois au milieu de la route (on en rit encore), sont parties. Depuis le site, on a une vue magnifique sur le paysage alentour. Surplombant la vallée, on peut voir le soleil de son lever à son coucher et en contrebas la Tour Guinguette, vestige du Château d’Estampes.

Pour ce qui est d’Estampes, le groupe se partage entre Estampois.e.s qui n’aiment pas cette ville (ville-dortoir, sans activité pour les jeunes et au RER pas très fiable) et Estampois.e.s qui s’y sentent très bien. Celle qui est en est parti pour le 26 sacrifierait bien un vœu pour y revenir. Les gens sont tellement moins racistes à Estampes.

Et puis on revient à des considérations plus pessimistes. Quelque chose ne va plus dans le travail : il y a un problème de mentalités qui s’est installé ici. Le plus ancien nous raconte qu’avant il y avait une plus grande convivialité (on se connaissait toujours au moins de vue, on se tutoyait, on partageait un repas de Noël et un repas de Réveillon, le jour de Noël on servait le petit-déjeuner des patients au lit, etc.) alors qu’aujourd’hui tout change trop vite, et pas dans le bon sens. Il y a plusieurs raisons mais la principale est peut être la « technicisation » du travail administratif. Avant, on commençait au bas de l’échelle et petit à petit, on avait de plus en plus de responsabilités tout en transmettant le métier et lorsque l’on dirigeait cela n’empechait pas de mettre encore la main à la pâte si nécessaire. Aujourd’hui, ce sont des personnes qui se forment directement à la logistique par exemple et qui sont des gestionnaires. Le lien se coupe et on ressent à l’équipe nettoyage une sorte de déshumanisation : des rapports, de la reconnaissance. Et puis le contexte politique effraye un peu : depuis le regroupement des hôpitaux les salaires ont baissé, les RTT qui représentent 4 semaines de congés sont remises en question (« Travailler plus pour gagner moins »), et ce débat sur les fonctionnaires sur qui tout le monde frappent rend ironique : « enlevez les fonctionnaires de notre équipe, et on verra bien qui se chargera du ménage ! ».

Avec une baguette magique alors ? On reviendrait vivre à Estampes pour l’une, on changerait la mentalité pour une autre ou on gagnerait à l’Euromillion pour être en costume de poussin jaune et chanter « Au revoir président ».