Tristan, veilleur du quartier, au marché Louis XIV

« Je suis Tristan, élève de 4ème 3, du collège Lucie Aubrac. Je participe à HVDZ, car cela nous montre notre quartier. J’ai suivi les rencontres avec les personnes de 10h30 à 11h45.​ ​Ce matin, on est allé au marché place Louis XIV puis nous avons proposé à des personnes du quartier de choisir une citation et de se présenter avec leur « mots ». On a dansé la valse… Ce moment était un moment convivial et joyeux, en plein cœur du marché. »

Portrait de Familles !

Le Portrait du Quartier du Banc Vert de Dunkerque, est intitulé :
« Portrait de Familles ».
D’habitude, quand on va quelque part, c’est le « Portrait » de cet endroit. Le Portrait du Quartier du Canal, le Portrait de Fives, le Portrait de Salé, le Portrait de Faux-la-Montagne.
Mais ici, ça ne s’appelle pas le « Portrait du Quartier du Banc Vert de Dunkerque », ça s’appelle « Portrait de Familles » et ce n’est pas pour rien, et ce n’est pas anodin, et ça raconte beaucoup.
Alors, parce que ce qu’on fabrique avec les habitants du quartier du Banc Vert c’est un « Portrait de Familles », on a eu envie de poser – à un moment donné – dans chaque interview – les trois mêmes questions :
• Qu’est ce qui fait famille, qu’est-ce qui fait lien dans la famille ?
• Qu’est ce qui fait qu’on se sent bien dans la famille ?
• Comment la famille s’est transformée ces dernières années ?
On nous a parlé de solidarité, de soin, d’attention, d’amour. On nous a parlé de beaucoup de choses. Et on nous a aussi dit, par rapport aux « transformations de la famille ces dernières années », que ces transformations sont positives ! On aurait pu nous dire « c’était mieux avant », on aurait pu nous dire « le téléphone, les réseaux ça cassent tout. »
On aurait pu nous dire ça.
Mais on nous a dit :
« Ces transformations sont positives. Il y a moins le poids de la morale, il y a moins le poids de la société, alors, oui, dans les familles d’aujourd’hui, on peut assumer des schémas qu’on auraient dit marginaux « avant ».  Dans les familles d’aujourd’hui,  on peut fait preuve de créativité pour inventer son propre modèle, chacun a le droit de choisir sa place, chacun a la liberté de choisir sa place. »

Familles de sang, familles recomposées, familles de voisins, familles monoparentales, familles homoparentales, familles élargies, familles choisies, familles de cœur.

Faire, faire faire, laisser faire et un millefeuille.

« Faire, faire faire et laisser faire ». Ça peut paraître obscure, mais on comprend vite pourquoi « Faire, faire faire et laisser faire est le leitmotiv de Mehdi Guirous, le directeur de l’Afad.  (*aide familiale à domicile).  Oui, la transmission est au cœur de son métier : on reçoit et quand on a reçu, à un moment on est en capacité d’aussi aider les autres. Ce portrait est intitulé « Portrait de Familles ». Aussi, il y a des questions particulières que l’on a eu envie de poser à chacune des « conversations filmées », et notamment : « Pour vous, qu’est-ce qui fait famille ? Qu’est-ce qui fait lien dans la famille ? » À l’Afad, Mehdi nous répond : « C’est l’amour. Même si c’est compliqué (même si le matériel est compliqué, même s’il y a disputes) c’est le lien d’attachement, c’est l’amour qui fait famille. »
Avant de commencer l’interview, Mehdi nous fait visiter l’Afad, rue de Petite-Synthe, avec son grand jardin caché derrière, et Mehdi nous explique que c’est le jardin de toutes les personnes qui viennent ici. Et là – ce n’était pas prévu – on rencontre Jean-Paul qui jardine « parce que le jardin ça aide certains enfants à s’exprimer, alors je viens pour entretenir, préparer des choses pour eux… » Jean-Paul a été aidé par l’Afad il y a 3 ans, et ça semble aller de soi pour lui de continuer à passer des heures dans cet maison, mais pour aider les autres maintenant. On lui demandera : « Et si l’Afad était un plat, ce serait quoi ? » Jean-Paul répond : « Un mille-feuille, parce que c’est disposé de plusieurs couches et comme il y a plusieurs personnes, chacun apporte sa couche au mille-feuille »

Au Banc Vert, il y a

Il y a la Dordogne, le Limousin, le Languedoc, les Landes, les Cévennes, la Gascogne, la Creuse, la Guyenne, le Béarn, le Périgord
Il y a des tout petits chiens et un chien avec une énorme tête qui s’appelle Boras
Il y a un tunnel pour sortir du quartier
Il y a un cabinet de kiné, mais pas de café
Il y a des plantes dans les classes
Il y a une sonnerie de collège qui ne ressemble pas à une sonnerie de collège
Il y a des gens qui vivent là depuis plus de 45 ans
Il y a RDM, RDF et aussi des BBC
Il y a un cours de neuro-fitness
Il y a une infirmière au Top
Il y a une rue Gro Harlem
Il y a des dealeurs de mots
Il y a des bancs qui ne sont pas verts mais il y a de la verdure
Il y a des poupées russes dans la balance
Il y a un petit garçon qui adore Godzilla VS King-Kong et qui pense que c’est logique que Godzilla gagne à la fin puisque un dieu est plus fort qu’un roi
Il y a Nathalie et Rania que tout le monde connait
Il y a le City Park
Il y a des citations dans des poches
Il y a un rappeur-médiateur
Il y a un clown au CPM : Coucou aux Quatre Cents Coups
Il y a des barbecues entre voisins
Il y a Raymond et Lucie Aubrac
Il y a un Redacteur en chef
Il y a de l’entraide
Il y a des topinambours dans la cour du collège et des framboisiers dans les écoles
Il y a des escaliers qui montent et qui descendent
Il y a la Ferme qui rejoint le Marais
Il y a un chantier où on peut danser même en chaussures de ville
Il y a Gambetta mais on lui a piqué ses fenêtres
Il y a des euphorbes
Il y a des fans de Johnny
Il y a beaucoup de géraniums très rouge
Il y a un château d’eau d’un côté et une église de l’autre
Il y a un peu de méfiance mais surtout beaucoup de bienveillance

Nadia et Nathalie et Coucou

CMP – Les Quatre Cents Coups. Rencontre avec Nadia et Nathalie. La discussion avec Nadia était particulièrement éclairante et éclairée. Nathalie est arrivée après-coup et nous a offert la lecture d’un texte-poème sur le métier de thérapeute familiale qu’elle a écrit dernièrement. Nathalie est écrivaine, elle est passionnée par les mots comme par son travail. Ses mots traduisent ce qu’elle vit au travail. Ses mots travaillent ce qu’elle vit. Ses mots viennent la travailler tous les jours. Et prendre du sens avec sa vie et son travail. Elle est attachée aux mots. Des mots pour dire. Nathalie précise « des mots à dire ». Nathalie est clown. Son clown s’appelle Coucou. Il est là. Quand l’occasion se présente, il prend la parole quand la personne ne suffit plus. Nadia nous a expliqué la situation des jeunes adolescents par ces temps d’incertitude et de covid. Nadia a toujours su qu’elle voulait faire un métier de soin. Quand elle a eu la possibilité de travailler à l’EPSM des Flandres, elle s’est porté candidate. Elle a été engagée parce qu’elle a fait comprendre au concours que l’EPSM ne pouvait pas se passer d’elle. Depuis toutes ces années, elle est en harmonie avec ce qu’elle fait. Aujourd’hui, elle est thérapeute familiale mais n’en finit pas d’apprendre dans ce domaine et de rester à l’écoute utile des familles et des jeunes gens qui la consultent. C’est un échange. Et dans cet échange, les gens ont la possibilité de retrouver le bien-être et l’envie.

GEM, c’est atout Cœur

« Le GEM, c’est le meilleur médicament. »
Dans cette maison  On partage  On est heureux  On papote  On rêve  On joue  On fait des erreurs  On se pardonne  On s’écoute  On est une famille  On aime recevoir   On cuisine On dit merci  On s’aime  On se détend  On se chamaille  On boit du café  On rit  On profite de chaque instant.
« L’amour, ça m’a guéri. »

* GEM : Groupe d’Entraide Mutuelle !

Lundi au collège Lucie Aubrac et sur le Banc Vert

Une chaude journée d’été à Dunkerque. A la maison de quartier du Banc Vert, on multiplie les rendez-vous. De la vice-présidente et élue au conseil des parents d’élèves du collège à Géraldine Vanmeenen, assistante sociale ou encore Alexis Leclercq, directeur de l’école élémentaire. On a revu Abdel au city-park qui jouait au basket-ball. On fait le tour des questions avec les un.e.s et les autres, sur la famille. Qu’est-ce qui fait lien ? La relation des parents aux écoles. Comment se construisent les collaborations ? Qu’est-ce qui a changé dans les familles des temps modernes ?  Comment vit-on au Banc Vert ? Tout le monde nous parle de l’entraide et de la solidarité des habitants. La vice-présidente de la maison de quartier explique qu’une bénévole du quartier tient une permanence pour les dons. Les gens apportent ce dont ils et elles n’ont plus besoin qui est transmis à celui ou celle qui en fait la demande à la permanente des donations.

Au Banc Vert, On nous a montré. Objets #1

Au Banc Vert, on propose aux habitants du quartier, pour une séquence du film-spectacle, de nous montrer un objet qui leur tient à cœur. On nous a montré :

. Une main dessinée. (Lors du porte-à-porte, dimanche, dans l’immeuble Dordogne.) « C’est la main d’mon petit, il a 4 ans. On a fait le contour de ses mains sur une feuille et il a colorié. On est séparé depuis 2 ou 3 ans avec sa maman. Elle est un peu abîmée la main, parce que j’ai un chat, il est jeune, il joue avec tout ce qu’il trouve. Il a joué avec les mains, elles se sont déchirées. Ce chat, il a même fait tomber les rideaux… »

. Une boite à bijoux. « C’est une boite qui me vient de ma maman. C’est une boîte qu’elle avait et que je voyais déjà quand j’étais petite. C’est un souvenir de ma maman, décédée du covid en même temps que mon papa en février dernier. »

. Un agenda et un téléphone. (Lundi, dans l’immeuble Limousin, c’est Béatrice, retraitée – et très active -, qui nous montre ça.) « L’agenda, important, en tant que présidente de la maison de quartier du Banc Vert, j’ai plein de réunions, je me dois de me tenir à jour ! J’anime l’atelier neuro-fitness, on a des réunions « Choudoudou », il faut que je sache tout. Et mon téléphone – ne riez pas les jeunes  !- il est devenu très précieux pour moi. J’ai tout dessus : mon alarme, toutes mes photos, c’était la cata. Je l’avais perdu, mais la générosité et l’honnêteté existe, on me l’a ramené, merci monsieur encore ! Puis y’a messenger et whatsapp pour envoyer des photos à mes filles. »

. Une tablette. (Lundi, dans l’immeuble Limousin également, Christine, retraitée aussi.)  » Moi c’est ma tablette, parce que j’adore le scrabble, et comme ça j’apprends des mots. Pour le neuro-fitness ou alors quand on joue au scrabble, à la maison de quartier : grâce à ma tablette, j’ai tous les mots dans ma tête ! On n’est jamais trop vieux pour apprendre. Tous les jours on apprend des nouveaux mots. »